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La BD du jour : Maori de Caryl Férey et Giuseppe Camuncoli – Deux avis sinon rien !



Dans le cadre de notre focus BD et Littérature, nous vous proposons de découvrir le premier album d’un maitre de la littérature policière, dont le roman Zulu a obtenu le grand prix de la littérature policière en 2008. Dans cet album très sombre Caryl Férey s’immisce dans la société néo-zélandaise pour mieux en livrer les pans cachés.

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Jack Kenu est maori. Flic et maori. Sa vie personnelle est à l’image de l’économie de la Nouvelle Zélande, une véritable catastrophe. Sa fiancée l’a quitté, il n’est plus que l’ombre de lui-même et son pays ne va guère mieux. Les remous financiers internationaux ont créé des vagues bien trop puissantes pour l’économie du pays. L’emploi va mal, les sans-abris se multiplient, voilà un contexte idéal pour un affrontement sans pitié dans le cadre d’une élection nationale. Elle oppose Kirwan, le premier ministre conservateur, et Witkaire, député maori qui prône une révolution sociale et économique.

Un jour sombre, on découvre un cadavre sur la plage, la propre fille de Witkaire. En pleine rébellion, elle a commencé à fréquenter les quartiers chauds d’Auckland mais croire que son assassinat est lié à une affaire de mœurs semble être un raccourci trompeur.

Le contrat est rempli. L’auteur nous sert ici un tableau vivant, celui d’un pays en pleine déroute. Les personnages ne manquent pas de saveur : Witkaire est mystérieux à souhait, son adversaire inspire la plus grande des craintes et Jack semble toujours sur le fil du rasoir. On suit son enquête avec une vraie passion. Les indices sont distillés avec soin. Caryl nous propose d’imbriquer les pièces de puzzle, on y croit et puis, tout d’un coup, il mélange tout, histoire de nous montrer qu’il reste le maître du récit.

Le plaisir est complet. On explore ce pays, on découvre ses coutumes et on voudrait pouvoir panser ses plaies. Bien sûr les thèmes abordés sont ceux des vies brisées et des occasions manquées. On jette un œil inquiet aussi sur les batailles électorales, pleines de cynisme et d’égocentrisme.

Tout cela est servi par un dessin sans failles. Giuseppe Camuncoli nous livre ici une œuvre sombre à souhait, où les contrastes et les couleurs mènent la danse. Un bien bel album à découvrir de toute urgence.

Férey, Camuncoli – Maori Tome 1 La Voie Humaine – Ankama – 2013 – 13, 90 euros

 

L’avis de Seb

La couverture de Maori laisse pas mal d’indices sur ce que sera l’intrigue de cet album. Un homme tatoué à la manière justement des Maoris est entouré d’un ruban de police qui indique de ne pas franchir cette ligne. Il arbore un holster. Flic ou voyou peut-être les deux. Son visage caché en partie pourrait en tout cas nous le laissé penser. En toile de fond une plage sur laquelle tombe un coucher de soleil masqué par l’homme… Caryl Férey s’essaye pour la première fois au scénario de bande dessinée. L’exercice, bien différent de ce qu’il a l’habitude de créer, reste ici parfaitement exécuté. On sent le soin apporté aux dialogues et aux pavés narratifs même si le découpage reste somme toute classique. Au niveau du dessin Giuseppe Camuncoli fait le job, avec efficacité. Il arrive à faire de Maori en plus d’un polar, une véritable chronique sociale à la manière d’un Once were Warriors dont la BO pourrait sans peine accompagner cet album.