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La BD du jour : Piège sur Zarkass de Yann & Cassegrain



Une planète sauvage mais plutôt hospitalière sur laquelle sont aperçus des vaisseaux volants inconnus. C’est sur cette base que les autorités en charge de notre belle planète bleue décide d’envoyer une expédition pour tenter de percer le secret de ses espions potentiels qui pourraient remettre en question cette colonie située à l’autre boit de notre univers connu. Une adaptation du roman éponyme de Stefan Wul à découvrir…

Après Niourk et OMS en série, Ankama poursuit son édition de l’œuvre de Stefan Wul avec l’adaptation de Piège sur Zarkass. Pour faire simple dans le déroulé de cette histoire, qui tient du planet opera, nous dirons que nous nous trouvons dans un futur plutôt éloigné dans les recoins encore peu explorés de notre univers. Deux agents sont envoyés sur la planète Zarkass, protectorat terrien aux forêts luxuriantes peuplé d’êtres plutôt pacifiques, pour enquêter sur un triangle volant qui se serait échoué en son cœur. Autant dire que ce comptoir éloigné ne représente pas l’eldorado pour notre ancienne Terre reprise en main, après des siècles d’une déchéance sans fin provoquée bien évidemment par le laxisme et la déraison typique de la masculinité, par la gente féminine qui redonne espoir en la vie et panse ses plaies : les arbres bourgeonnent, les oiseaux gazouillent, les rivières glougloutent et les papillons butinent dans une nature dépolluée. Les sommes pharaoniques précédemment dilapidées en armements exclusivement stériles sont à présent consacrées à l’épanouissement philosophique individuel, à l’agriculture éthique et à la recherche responsable, nous dit-on en préambule. Vous l’aurez donc compris ce sont les femmes qui ont pris le pouvoir et, comme toute personne qui détient le pouvoir, parfois les intentions et la nature profonde des gens s’en trouvent changées plus ou moins dans une acculturation qui glisse pas forcément dans le bon sens. Ici Louis et Marcel, les deux héroïnes de ce récit vont déambuler dans les forêts épaisses de Zarkass aidées par quelques représentants de la population locale entichés d’une tare pouvant s’avérer mortelle, une mue qui affaiblit leur derme que seul peut calmer le suc sécrété par leur chenille géante.

 Le premier volet de cette histoire pose un cadre et évoque en substance les enjeux développés par Wul dans son texte d’origine. Le triangle échoué représente la peur de l’inconnu, de l’autre, et le contrôle à avoir sur toute situation. Le tout bien entendu saupoudré d’une réflexion sur le colonialisme. Le parti pris de féminiser le texte original permet des glissements humoristiques entretenu par des dialogues féminins mais d’inspiration purement masculins comme j’en cite deux ou trois ici à la volée : Tu fais c’que tu veux, ma poule ! moi je vais aller me mettre les ovaires dans l’torchon ou Bon, assez de poésie, les filles ! pied à terre et on détend ses gambettes ! J’ai le vagin en compote ! Si les intentions sont-là, revisiter le récit original, Yann pose essentiellement le cadre dans ce premier volet, sacrifiant le rythme à la description de l’univers et des us et coutumes des autochtones. Cela laisse des perspectives réelles à la suite de ce récit qui devrait se dénouer avec la découverte de la vraie motivation de l’expédition…

Yann & Cassegrain – Piège sur Zarkass (d’après Stefan Wul) – Ankama – 2013 – 13,90 euros