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La BD du jour : Silas Corey T1 : Le réseau Aquilla de Fabien Nury et Pierre Alary



En plein cœur du premier conflit mondial se joue, loin du front, à Paris, une sombre histoire d’espionnage dont les desseins sont de désarçonner le chef du gouvernement du moment, le turbulent Joseph Caillaux. Avec Silas Corey, Le réseau Aquila, Fabien Nury et Pierre Alary nous offrent un récit qui se démarque par sa touche sophistiquée sur laquelle se greffent des situations cocasses où l’humour n’est jamais loin. Une belle réussite !

 

Avril 1917. La Grande Guerre n’a pas encore achevé son travail de sape. Loin du front et de ses tranchées creusées en sillons mortuaires, se joue dans les plus hautes sphères de l’Etat un étrange jeu de pouvoir. Clemenceau, le vieux tigre à la moustache épaisse, tente, par le biais de son journal L’homme enchaîné, de faire chuter son ennemi du moment, le chef du gouvernement Joseph Caillaux qu’il considère être à la solde de l’ennemi. Pour essayer de démasquer le traitre, Clemenceau se sert d’un journaliste intrépide, un dénommé Casella, qui dérobe dans une boîte aux lettres publique une mystérieuse lettre sur laquelle il découvre, au dos du timbre ayant servi à son affranchissement, des éléments très compromettant pour Caillaux et son intermédiaire, la riche et vénale Mme Zarkoff, industrielle de l’armement. Mais au moment même où Casella rend compte par téléphone de sa découverte à Clemenceau, le journaliste se trouve surpris par deux agents allemands bien décidés à reprendre la fameuse lettre. Silence radio, Casella ne reparaîtra pas… Pour essayer de retrouver la trace de son journaliste et de la preuve qu’il a dénichée, le Tigre se verra contraint d’engager Corey, un homme fantasque qui se dit détective, seul capable de se mouvoir dans l’univers subtil de l’espionnage international. Celui-ci fera très vite une démonstration de marque en révélant au directeur de L’homme enchaîné que son bureau est placé sous écoutes téléphoniques. En remontant la piste Corey découvrira que cette écoute a été mise en place par les services de renseignements français. Il négociera avec eux un compromis plutôt lucratif, le plaçant dans un rôle d’agent double.

Avec Silas Corey Fabien Nury et Pierre Alary livrent un récit de haute facture qui mêle avec réussite une trame édifiée sur un registre d’espionnage politique avec des personnages haut en couleurs et une action permanente qui insuffle un rythme effréné parfaitement retranscrit par le découpage fluide et un dessin tout en adéquation avec son sujet. Si on ajoute à cela une bonne dose d’humour distingué on obtient un album qui marque son territoire. Les dialogues souvent savoureux donnent à cet album une touche raffinée portée par Corey, personnage tout aussi succulent que suffisant, doté d’une intelligence rare qui le fait naviguer en eaux troubles dans un rôle d’agent double (ou triple nous vous laissons le découvrir !) qui lui sied à ravir. Une série annoncée en diptyque qui pourrait bien imposer son empreinte sur le 9ème art au point de voir naitre des ramifications à l’histoire initiale qu’il nous est permis d’apprécier avec Le réseau Aquilla…  

Fabien Nury et Pierre Alary – Silas Corey T1 : Le réseau Aquilla – Glénat – 2013 – 14,95 euros