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La BD du jour : Texas Cowboys de Bonhomme & Trondheim



Un western en BD, voilà de quoi rappeler de vieux souvenirs… On se laisse prendre par le récit mené tambour battant par le duo de choc Bonhomme/Trondheim. Et surtout on en redemande !

 

Construit à la manière des meilleurs westerns spaghettis, Texas Cowboys prend le temps de poser son cadre. Un jeune et honorable journaliste d’un quotidien de Boston est envoyé malgré lui dans l’un des lieux les plus dangereux des Etats-Unis : Hell’s Half Acre. Il devra donner aux lecteurs les images clichées du sud profond avec sa ribambelle de cowboys prêts à dégainer à la moindre occasion. Je veux des duels au colt entre cowboys, aventuriers de tout poil, chasseurs de bisons et escrocs à la petite semaine. Je veux des culs-terreux qui se flanquent des peignées pour une éclaboussure de jus de chique sur une botte, lui assène le responsable du quotidien dans lequel il travaille. Au départ on ne donne pas cher de la peau du jeune homme. Déjà son nom, Drinkwater, n’est pas pour le servir dans le pays des gosiers élevés au bourbon, ensuite son air « venu de la ville », en fait une proie facile pour ceux qui souhaiteraient gagner de l’argent facile en le dépouillant. Par chance, à peine arrivé dans la gare du bled en question, Ivy, un homme qui semble avoir roulé sa bosse dans ce pays, un cowboy d’un certain âge, va le prendre en main. Il lui expliquera le fonctionnement et les habitudes de cette contrée inhospitalière. Mieux il l’entrainera au maniement des armes pour en faire un vrai cowboy capable de se défendre et de rallonger ainsi son espérance de vie… Pourtant pour vivre dans ce pays il faut un but, quelque chose qui tienne l’homme et lui développe l’instinct de survie : l’argent, l’amour ou la vengeance, tout en sachant qu’il est impossible de suivre les trois lièvres à la fois…

Western qui débute un peu à la façon du Dead Man de Jarmüsch pour ensuite virer dans la plus pure tradition du genre, Texas Cowboys reprend les bases de la recette originale. On trouve en effet dans cet album, plus ou moins dans l’ordre, des cowboys à la gâchette facile, des mises à prix sur des têtes de truands de grands chemins, des trains à vapeur avançant dans le désert, des saloons enfumés dans lesquels le scotch coule à flot, des hommes se balançant à une corde, des cactus et des arbres secs, des attaques de banque, des serpents à sonnette pas très sympathiques, des parties de poker enfiévrées au cours desquelles rares sont ceux qui ne possèdent pas dans leur manche le reste d’un jeu de cartes, des indiens pacifiques et des sheriffs prêts à faire respecter la loi bafouée à maintes reprises par les autochtones ou les voyous de passages. Mais on y trouve aussi des destins tragiques et des hommes ou femmes, dont la belle Betsy, venus se reconstruire là à la façon d’un Charles Mingus à Tijuana. On y découvre aussi que la vie mérite d’être vécue pleinement car on s’aperçoit souvent bien trop tard qu’elle nous file entre les mains comme le sable qui jonchent les chemins alentours.

Texas Cowboys c’est tout cela et bien plus encore. Un récit qui s’enchaine à vive allure en faisant fi des raisons trop raisonnables. Un plaisir de lecture permanent qui gonfle cette envie de revoir les vieux classiques qui passaient jadis sur nos écrans… Quant à Texas Cowboys, nous espérons qu’il s’agira bien d’une longue série de volumes jouissifs à venir…

Bonhomme/Trondheim – Texas Cowboys – Dupuis – 2012 – 20,50 euros