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La BD du jour : Tokyo ghoul de Sui Ishida



Tokyo habitée par des êtres sordides, des goules, qui pullulent comme des rats dans les ruelles et bas d’immeubles sans âmes. C’est glauque et pourtant addictif. Tokyo ghoul impose sa pette dès le début et le lecteur attend la suite des aventures de Ken avec une curiosité à peine dissimulée…

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TGTokyo dans un futur proche à moins qu’il ne s’agisse d’un présent alternatif. Ken vivote entre la fac et sa passion des livres. Amoureux du verbe, il est moins à l’aise pour exprimer ses sentiments ou faire des approches auprès des filles qu’il dévore des yeux. Il partage ses journées avec un ami de longue date Hide qui, au contraire de lui, semble plutôt à l’aise dans tous les contextes. Peut-être un peu poussé par son ami et secrètement amoureux d’une jolie fille qui partage la passion des livres Ken va obtenir un rendez-vous galant auquel il se rendra un peu déboussolé. Alors que la soirée se déroule plutôt bien, à la nuit tombée, sans qu’il puisse répliquer, Ken est agressé par sa belle qui n’est autre qu’une goule affamée de chair fraiche. Mordu et affaibli par la perte de sang, le jeune homme arrive pourtant à se défendre et à tuer la chose qui voulait lui ôter la vie. Cependant, grièvement blessé, il doit subir une transplantation de toute urgence. Les médecins utiliseront les organes de la jeune fille dont le groupe sanguin est compatible avec Ken… L’étudiant timide va dès lors voir s’opérer en lui des transformations troublantes. Tout d’abord son aversion pour toute nourriture ou tout liquide qui faisait, il n’y a pas si longtemps, son bonheur, ensuite cet appétit suspect pour les gens de son espèce… A moins qu’il n’ait définitivement basculé de l’autre côté et qu’il soit devenu lui aussi une goule …

Tokyo ghoul s’est imposée comme une véritable bombe dans le milieu du manga au Japon. Succès qui dure depuis huit volumes maintenant et qui ne cesse d’aviver les passions. Son auteur, Sui Ishida, arrive à introduire une donne fantastique morbide dans le Tokyo contemporain en créant une série à l’atmosphère très sombre. La capitale nippone dépeinte ici peut être comparée au New York de Scorsese dans A tombeau ouvert. Une moiteur terrible qui suinte dans les moindres ruelles, les errances d’un héros habité par l’image de la mort qui le traverse sans fin et cette idée de culpabilité qui l’habite. Ken va essayer malgré lui de lutter pour ne pas devenir ce qu’il redoute être. Cela donne des pages au graphisme physique dynamisme et de traits déformés, de ruptures. Les corps se contorsionnent dans des positions impossibles agités par le goût de la chair. Dans ce contexte Ken, mi-homme mi-goule, devra apprendre à vivre avec ses congénères tout en gardant le contact avec ceux qui étaient ses amis et qui deviennent aujourd’hui des proies potentielles et facile à prendre. Le premier opus pose le contexte. L’écriture et le découpage parvient à maintenir un suspense qui croît crescendo. Les personnages fouillés, apportent un supplément d’âme à cette série qui devrait s’imposer en France !

Sui Ishida – Tokyo ghoul – Glénat – 2013 – 6, 90 euros