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La sélection « Rentrée littéraire-MaXoE » Septembre 2011



La rentrée littéraire sera plus ouverte que jamais. Entendez par-là qu’elle fourmille de romans singuliers et capables de nous transporter mais que, est-ce une coïncidence ou non, peu de titres peuvent s’enorgueillir à l’avance d’un destin tout tracé. Pas de Houellebecq cette année mais le retour d’auteurs phares dont les œuvres pourraient faire chauffer les présentoirs de nos libraires favoris. Dans ce flot de romans – même si la production est en baisse – nous avons essayé de mettre en avant quelques titres dont la lecture s’impose à nous comme plaisir réel. Voici le premier volet, qui sera suivi, fin août, d’une seconde livrée de notre sélection « Rentrée littéraire-Maxoe »…

Pour commencer cette sélection nous partirons de nos cinq premiers coups de cœur. Lydie Salvayre avec Hymne paru au Seuil, nous donne à lire un texte hommage au grand Jimi Hendrix et plus particulièrement à la version de l’hymne américain repris le matin du 18 août 1969 au festival de Woodstock. De cet évènement polémique s’il en est, Lydie Salvayre donne une version à la portée tout à la fois politique – la guerre du Vietnam fait rage – musicale et personnelle. Personnelle en ce sens que cet hymne repris sur 3 minutes 43 a sûrement changé nombre de perspectives pour chacun d’entre nous aussi bien aux Etats-Unis que dans le monde. Dans un texte à la portée lyrique affirmée, l’auteure de BW et de Portrait de l’écrivain en animal domestique, rend un poignant hommage à cet artiste trop tôt disparu…

Dans Mon traître, paru déjà chez Grasset en 2008, Sorj Chalandon livrait le portrait d’un homme, trahit par une légende du conflit armé entre l’IRA et les troupes britanniques. Avec Retour à Killybegs (Grasset), le prix Médicis 2006 nous présente cette fois la vision du traitre à savoir Tyrone Meehan. Dans ce roman où l’auteur décortique de manière quasi-chirurgicale le parcours et les pensées du soldat par qui le scandale est arrivé, Sorj Chalandon va peut-être plus loin en essayant non seulement de comprendre comment le lieutenant émérite a pu tomber dans cet engrenage de « trahison » mais aussi en livrant des pages sombres et émouvantes sur un conflit qui a échappé à beaucoup d’entre nous. Véronique Ovaldé nous surprend à chaque nouveau roman, tant est si bien que chacun de ces textes est attendu par un groupe de lecteurs de plus en plus étoffé. Dans Des vies d’oiseaux (Editions de l’Olivier), la romancière nous parle d’amour, de la liberté et du regard de l’autre. Elle nous parle aussi, dans une prose fine en perpétuelle recherche de sensualité, de la reconstruction de l’être et de la transmission au travers du parcours de Vida, la mère, de Paloma, la fille et de Taïbo, un flic célibataire dans un pays imaginaire d’Amérique du Sud. Un des romans les plus abouti de Véronique Ovaldé. Celine Minard avait déjà aiguisé notre curiosité dans ces opus précédents, elle nous offre avec So long, Luise, une œuvre qui fera incontestablement date. Au seuil de sa vie une romancière décide de rédiger ce qui restera comme son ultime texte, son testament. Dans celui-ci, la romancière à succès nous conte son amour pour une autre femme, Luise, artiste visuelle, sa virée à travers l’Europe et son monde imaginaire peuplé de fées et de personnages merveilleux. Elle dresse aussi pour nous le bilan d’une vie, d’une œuvre et d’un amour construits avec la patine du temps. Un texte d’une luxuriance lexicale teinté d’érotisme à parcourir d’une traite… Enfin dernier coup de cœur de cette première sélection, Elise Fontenaille, encore une femme !, nous offre avec Le palais de mémoire (Calmann Levy) un court roman qui nous transporte dans les plaines de Mandchourie en plein 18ème siècle. La vie du jésuite Artus de Leys et de son élève le prince de Jade, trop tôt disparu et dont les souvenirs n’existent plus que dans l’imaginaire, le fameux palais de mémoire, du prêtre.

Au-delà de ces cinq coups de cœur, quinze autres romans composent notre première sélection. Et commençons tout d’abord par les fameux premiers romans tant attendus : nous avons retenu Allée 7 – Rangée 38 (Léo Scheer) de Sophie Schulze, le parcours de Walter, bâtard chassé de chez lui et de quelques philosophes allemands dont Hannah Arendt dans un empire où la pensée nazi creuse progressivement son nid. William Memlouk nous livre lui aussi un premier roman remarquable avec Mingus Mood (Julliard), le parcours du contrebassiste Charles Mingus, l’un des plus grands musiciens de jazz des années 60 et sa virée sombre dans le Tijuana interdit où il composa sa musique la plus engagée et la plus personnelle issue, le saura-t-on vraiment ? d’un amour déçu… Dalibor Frioux sera l’une des grandes attractions de cette rentrée. Renforcé par une bonne mise en avant de son éditeur, Brut va en étonner plus d’un, ne serait-ce que par sa thématique et son involontaire actualité. Dans cette œuvre futuriste, le jeune romancier présente une démocratie exemplaire dominée par le bonheur, la Norvège. Mais l’apparence est bien trompeuse et peu à peu les signes d’une fissure réelle se révèlent aux yeux de tous…

Les autres romans de la sélection « Rentrée littéraire-Maxoe » :

– Sylvain Coher – Carénage (Actes sud)
– Charles Dantzig – Dans un avion pour Caracas (Grasset)
– Christian Oster – Rouler (Editions de l’Olivier)
– Metin Arditi – Le Turquetto (Actes Sud)
– Michel Quint – Les Amants de Francfort (Editions Héloïse d’Ormesson)
– Patricia Reznikov – La nuit n’éclaire pas tout (Albin Michel)
– Michel Schneider – Comme une ombre (Grasset)
– Yasmina Khadra – L’équation africaine (Julliard)
– Jorge Baron Biza – Le désert et sa semence (Attila)
– Bruno Gibert – Tragédie en kit (Léo Scheer)
– Fabrice Pataut – Reconquêtes (Pierre-Guillaume de Roux)

 

Tous les romans sélectionnés feront l’objet d’une chronique détaillée dans les jours et les semaines à venir. Mais vous pouvez déjà les acheter les yeux fermés !