Après Le monde d’Arkadi et Scènes de la vie de banlieue, Les Humanos nous offrent une nouvelle intégrale de l’œuvre de Caza avec L’âge d’ombre. Des rééditions essentielles qui ne font pas qu’œuvre patrimoniale, mais démontrent toute la modernité et la liberté et la vision de son auteur.

C’est au début des années 70 que le nom de Caza apparait au sommaire du défunt journal Pilote. Il y signe, dès 1971, une histoire qui alimentera plusieurs numéros (Quand les costumes avaient des dents) et pour laquelle il signera la « Une » du n° 627 du journal. Puis les simples apparitions laissent progressivement place à des passages plus fréquents. Alors qu’il a publié un premier album en 1970 (Kris Kool – Éric Losfeld éditions chez qui étaient passés entre autres Forest et Druillet) ses histoires écrites et dessinées à partir de 1975 pour Pilote donnent ainsi lieu à des recueils publiés en 1977, 1978 et 1979 sous le titre Scènes de la vie de banlieue. Adepte des récits courts dans lesquels il excelle, le dessinateur enchaîne avec de nouvelles histoires allant de 4 pages pour les plus resserrées à 12 et même 14 pages pour les plus longues (respectivement Mandragore et Equinoxe). Ce sont ces derniers récits, publiés chez Dargaud en deux opus de 46 planches en 1982 et 1984 que nous proposent de redécouvrir Les Humanoïdes Associés. Cette réédition, faut-il le rappeler, s’inscrit dans le cadre d’une remise en avant de l’œuvre du dessinateur dont les albums, et notamment Le monde d’Arkadi, étaient devenus introuvables à des prix « raisonnables ».
Dans L’âge d’ombre il est question d’une Terre qui tourne de moins en moins vite dont les cités, qui ressemblent de plus en plus à des forteresses infranchissables, se coupent irrémédiablement du monde extérieur. Si elles s’isolent du monde du dehors, c’est que les dangers y pullulent toujours plus, et ce dans chaque parcelle de terre ou de pavé. Le monde semble ainsi épouser une trajectoire sombre marquée par une nature qui agonise chaque instant davantage. Les hommes ou Oms, devenus des bibendums aseptisés et interchangeables, ne survivent que pour perpétrer le souvenir d’un passé supposé plus illustre, en tout cas moins sombre. Si l’ambiance se fait délétère au possible, des incidents apparaissent parfois et viennent modifier en partie la donne, ou la percuter de plein fouet. Des hommes et des femmes, des enfants aussi qui apportent amour, haine, poésie ou candeur, autant d’émotions ou de visions qui brisent les lignes et peuvent aussi se voir comme porteuses d’espoirs…
Caza – L’âge d’ombre – Les Humanoïdes Associés