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Le coin des vieilles feuilles : Les gants d’or de Pierre Lacroix et Roland de Montaubert (Editions Albon)



Parfois, en cherchant une BD dans nos étagères il nous arrive de mettre la main sur un récit que l’on avait un peu oublié mais qui nous avait procuré pas mal de plaisir à sa lecture. Parfois encore on retrouve par accident, chez un soldeur, sur un marché ou ailleurs, un récit rare ou méconnu d’un auteur que l’on apprécie et la curiosité nous pousse à l’acheter. Le coin des vieilles feuilles, votre nouveau rendez-vous du lundi mettra en avant ce type de récit. Avec pas mal de surprises à la clé !

Parfois des récits tombent inéluctablement dans l’oubli. Ils ne sont pourtant pas foncièrement mauvais, et peuvent même être prometteurs à plus d’un titre mais ils ne paraissent tout simplement pas au bon moment, pas dans la bonne maison d’édition et d’autres projets plus porteurs signés par leurs auteurs finissent de les ranger définitivement dans les cartons. C’est sûrement ce qui a dû arriver au récit Les gants d’Or. La couverture nous présente ce titre comme les grands débuts d’une série comme il en existait encore dans les années 60 : Les aventures de Placide et Pomalo. Pomalo est apprenti dans un garage.

A ses heures perdues il boxe dans les poids coq à un niveau plutôt prometteur. Il est aussi le grand frère d’un petit orphelin qui le suit partout, Placide, un enfant d’une dizaine d’années, parfois tête à claques, souvent malicieux, à l’origine d’une histoire qui prendra des proportions démesurées. Un jour, alors qu’un client mène sa voiture en révision, Placide déverse par accident, sur le sol du garage où travaille Pomalo, le contenu d’un bidon d’huile. Le client, en descendant de sa voiture, marche sans s’en apercevoir sur le liquide qui jonche le sol et chute lourdement. Énervé il s’en prend à Placide, ce que n’accepte pas Pomalo qui, avant même qu’il ne puisse réagir, reçoit, par surprise, un bon crochet qui l’envoi au sol. Boxeur en devenir le jeune homme réplique et se fera de fait un ennemi de taille. Le client vexé, un certain Merkanti, décidant pour un honneur à peine bafoué de ne pas en rester là et de laver cet affront.   

L’histoire de Placide et Pomalo va suivre une ascension rocambolesque à partir des petits tracas que cause Placide sur sa route et la vengeance tant espérée par Merkanti qui ira jusqu’à engager des hommes de mains pour nuire à nos deux héros. Cette série n’était pas vouée à l’échec. Le quatrième de couverture annonce même une suite prochaine de trois nouveaux titres : Sans passeport, Boum à Chicago et Champion du monde. Alors pourquoi cet arrêt brutal ? Les auteurs de ce projet, Pierre Lacroix au dessin et Montaubert au scénario, sévissent à la même époque, parfois ensemble, parfois avec d’autres auteurs, dans les séries, Les pieds nickelés et Bibi Fricotin. Des séries très mobilisatrices dont les numéros s’enchaînent sans véritable pause. Dans ce contexte, la parution chez un éditeur inconnu de l’époque, Albon, qui ne publiera qu’un seul et unique album, Les gants d’or, de cette série ne laissait guère d’espoir à des développements futurs. Restent un dessin d’une extrême lisibilité, des gags parfois pas toujours drôles et une histoire légère mais qui possède un charme daté et offre la photographie d’une époque marquée aussi par les valeurs d’une église encore très présente dans la vie de tous les jours. L’album Les gants d’or, est ainsi devenu un objet pour collectionneurs avisés, qui se trouve ici ou là sur des sites en ligne. Avis aux amateurs !

Pierre Lacroix et Roland de Montaubert – Les gants d’or – Albon – 1960