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Le Panier de Mie : Autour de Didier Convard



 Mie et Tadam vont vous présenter tous les 15 jours leur panier de légumes livres. Cultivés avec amour par les éditeurs, ces livres ont été sélectionnés avec soin par nos deux chroniqueuses (sélection par l’histoire, par la couverture, tirage au sort les yeux fermés, livre trouvé dans le métro ou encore livre dévoré par un cochon d’inde curieux ou un lapin destructeur). Des raisons qui, somme toute, sont donc très valables !  En vous souhaitant une agréable lecture.

 

Aujourd’hui, je vous propose un panier à 30 € avec deux romans de Didier Convard :

– Michelangelo et le banquet des damnés – 22€ – Fayard
– Vinci et l’ange brisé – 7,10€ – Livre de Poche

 

Michelangelo et le banquet des damnés.

Ce soir-là, la fête battait son plein au palais du Tétrarque. Les convives sont venus de loin pour assister à ces agapes démesurées organisées en l’honneur d’Hérode. Les mets se succèdent, le vin coule à flots. Dans les rues adjacentes, les passants peuvent entendre les rires retentir en une multitude d’échos.
Soudain, le silence se fait. A la lueur des candélabres, une femme avance.  Les voiles qui la recouvrent ne cachent en rien l’indécence de sa nudité. Le rythme des percussions s’élève. Impudique, la femme devient femelle. Succube sorti des tréfonds de l’enfer, Salomé danse.
Les tablas résonnent, des gouttes de sueur perlent entre ses seins. Elle valse, saute, ondoie véritable serpent tentateur exacerbant les plus vils désirs charnels. Son corps entier exhale le stupre et la luxure. Chienne lubrique, putain de Machéronte, Salomé veut sa récompense.
Dans le fond d’une geôle, les mains liées un homme attend… Son heure est venue. Touché par la grâce divine, la mort ne l’effraie pas. La hache s’abat, les cervicales se brisent, la tête roule sur le sol emportant un dernier sourire dans son dernier souffle.
Créature de Satan, les bras ouverts elle attend. Elle voulait la tête du Baptiste et c’est sur un plateau d’argent qu’Hérode, son père,  la lui offre. Elle la prend, la soulève et dépose un baiser obscène sur les lèvres encore chaudes. Salomé rit.

Quinze siècles plus tard, par un beau matin d’avril, la tête de l’architecte Liviano Maggiore est retrouvée dans le baptistère de l’église Saint-Ambroise. Le prévôt Vittore, figure éminente dont la renommée dépasse les remparts de Milan pour s’étendre jusqu’à Rome, est en charge de l’enquête. Très vite celle-ci se révèle peu ordinaire. En effet, non content d’avoir raccourci Maggiore, l’assassin a également servi sa tête sur un plateau d’argent sur lequel sont gravés trois mots « VENIT IUSTITIAE SOL » qui peuvent se traduire par « Le Soleil de Justice a brillé ». Une bien mystérieuse inscription qui trouble l’évêque de Saint-Ambroise au point que ce dernier requiert l’aide du pape ! Vittore a bien du mal à démêler les fils de cette affaire. D’autant plus que tous ses sens sont en émoi à la seule vue de la belle veuve Fosca Maggiore qui, finalement, ne semble pas si éplorée que ça par la perte de son époux. D’ailleurs, celle-ci trouve rapidement du réconfort dans les bras de l’illustre artiste Michelangelo, ce dernier ayant abandonné en catastrophe le plafond de la chapelle de Sixte.

Ajoutez à cela une terrible odeur de pisse de chat et un assassin obsédé par la danse de Salomé cette femelle obscène et repoussante et le décor est posé.

Avec Michelangelo et le banquet des damnés, Didier Convard nous livre un véritable thriller ésotérique dans une Italie en pleine Renaissance. L’intrigue se tisse petit à petit sur fond de Nouveau-Testament et de sacré. Rien que le nom de l’assassin, Baphomet, nous plonge dans cet inconscient collectif lié aux mystères de l’Ordre du Temple avec cette tête qu’ils présentaient aux initiés lors des cérémonies. Tête de Baphomet, tête de Saint Jean-Baptiste, tête de Liviano Maggiore… Quel sont les liens ? Pourquoi une telle cruauté ? Les éléments s’imbriquent les uns aux autres, peu à peu les personnages, dont la psychologie est poussée pour certains à l’extrême, nous livrent leurs secrets et, parfois, une seconde lecture sera nécessaire pour  en comprendre pleinement toute la substance.  Pour celui que la religion et l’ésotérisme intriguent parcourir Michelangelo et le banquet des damnés est un véritable plaisir. Nous ne lisons pas ce livre, nous sommes happés par celui-ci.

 

Vinci et l’ange brisé.

Pour ceux qui, en plus d’apprécier le scénariste, veulent découvrir le romancier, je vous recommande, au préalable, la lecture de Vinci et l’ange brisé , thriller de Didier Convard publié en septembre 2010 chez Fayard et disponible en livre de poche depuis mars 2012.

Dans ce roman, qui a d’abord fait l’objet d’une adaptation en bande dessinée, nous retrouvons une Italie en pleine Renaissance, Milan et le prévôt Vittore. Celui-ci mène l’enquête sur un criminel protéiforme dépeçant ses victimes afin de leur voler le visage. Le mode opératoire est toujours le même. L’assassin agit vite, très vite, avec une précision chirurgicale qui prouve une parfaite connaissance de l’anatomie humaine. Un véritable travail d’orfèvre réalisé par la main d’un maître à l’intelligence redoutable. Un maître dont les traits et le génie pourraient bien être ceux de l’illustre Léonard de Vinci…

Entre réalité et fiction, Vinci et l’ange brisé se pose en véritable thriller qui nous invite à parcourir les méandres d’un esprit torturé. L’homme tue, dépèce laissant peut-être une part de lui-même dans ces meurtres. Pourquoi ? Pourquoi commettre de tels actes ? Pourquoi se désir de vengeance au risque d’y laisser son âme ? Au fil des pages, ces questions nous tiennent en haleine, nous incitent à aller plus loin, à vouloir savoir, même si certains peuvent s’attendre au dénouement.

Incontestablement, Vinci et l’ange brisé est un thriller qui  s’impose comme une ouverture à la découverte de l’univers tissé par Didier Convard et se doit d’être apprécier comme tel.