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Récits du matin, juste après le café, dans le chaud fauteuil d’un train de banlieue…



J’aime lire le matin dans le train qui me transporte vers Paris, me plonger dans une histoire qui m’éveille lentement avec les premiers rayons du soleil. J’avoue aussi être souvent frustré de ne pas pouvoir arriver à la fin d’un récit et de remettre à plus tard la lecture et la découverte de son dénouement. Le format BD se prête bien à cette attente et à vrai dire ça tombe plutôt bien ! En ce début d’année 2013 Vent d’ouest nous offre deux récits légers et savoureux dans un format réduit, 48 pages en 215mn x 293mn, qui répond aux critères d’une lecture rapide, motivante et simple qui s’adapte à merveille à notre réveil en douceur…

 

 

Nous avions pu suivre il y a tout juste un an la première enquête du Club des Maitres de l’étrange. Cette institution qui se fait fort, par défi et par passion, de résoudre les crimes difficilement solutionnables. Rien ne peut arrêter la perspicacité de ce club fermé constitué autour de ses fidèles pensionnaires, St-Gris, le colonel de Vraimont, le père Couraud, Monsieur Raymond, ancien agrégé de mathématiques et de la fort séduisante Aglaëe Aglaë qui complète ce tableau hétéroclite. Dans le précédent opus, souvenons-nous, l’enquête sur la mort d’une femme jetée semble-t-il d’un train avait mené les Maitres de l’étrange, et notamment Aglaëe, à suivre les pas de Léon un gorille blanc pensionnaire d’un cirque ambulant et de son maître un certain Docteur Flux, magicien de son état. Celui-ci avait affirmé qu’il quitterait Paris pour ne pas que les preuves accumulées contre Léon dans le crime commis ne mettent le primate en danger. Le second volet de cette histoire semble pourtant prouver que les choses ne sont pas si simples. En effet, et alors qu’elle quitte une librairie dans laquelle elle était venue chercher des renseignements sur des ouvrages parlant des grands primates, Aglaëe découvre en une du journal L’image un article sur un primate terrorisant les passants dans le jardin des Tuileries… Le docteur Flux serait-il resté dans les parages malgré sa promesse ? Parallèlement un banquier mexicain semble attirer la curiosité sur lui par le va-et-vient d’antiquaires à son domicile. Que nous réserve cette nouvelle enquête ? Avec un talent narratif réel qui conduit le lecteur à se questionner sans cesse, Li-An nous offre un second volet qui poursuit sur le même rythme que le premier et délivre suffisamment de saveur et de suspense pour nous surprendre. Même si le récit va parfois à l’essentiel, format oblige, négligeant une partie de la construction des personnages, le récit se lit pour ce qu’il est, un moment de lecture sans prétention ni chichi mais qui égaille parfaitement notre journée !

Li-An (aidé de Laurence Croix aux couleurs) – La vengeance du grand singe blanc – Vent d’Ouest – 2013 – 13,90 euros

  

Pour un peu il arriverait en retard à son rendez-vous. Il faut dire que Gérard Latuile a du mal avec les femmes et rien que l’ébauche d’une idée de rencontre en tête à tête avec une demoiselle devient sujet à des traumatismes visibles sur son visage qui arbore un pâle mortuaire dès le premier dialogue. Pourtant Gérard n’est pas un mauvais bougre, il n’est pas vilain non plus, mais l’idée de partager des émotions, avec ce que cela comporte comme futur engagement, provoque très vite chez lui un certain malaise qui s’avère souvent rédhibitoire pour ne pas dire fatal… D’échecs sentimentaux en vestes bien cousues, notre maladroit sentimental perd chaque jour un peu plus de sa confiance en lui et, du haut de ses trente-trois ans, qui plus est marqués par une calvitie naissante – dixit les membres de sa famille – il ne peut que se remettre en cause. Aujourd’hui donc, en sortant en retard de chez lui pour rejoindre Florence, il s’apprête à vivre un autre grand moment de solitude. Florence, il l’a déjà vue deux ou trois fois, elle est belle même si elle n’arbore pas une poitrine proéminente comme il les aime. Alors il se doit d’être à la hauteur… Mais les choses ne sont pas aussi simples lorsque sa timidité l’emporte bien souvent sur les intentions…

Avec cet album pas forcément nouveau dans sa thématique Zabus et Casanave livrent un récit teinté d’émotions pures parfois naïves mais qui donnent à voir un (anti)héros sympathique qui va essayer de bouleverser sa vie à grands coups d’électrochocs. Le style narratif déployé par Zabus qui laisse son personnage interpeller le lecteur pour mieux le prendre à partie fait mouche et donne à Gérard ce rôle de bon copain que l’on écoute volontiers surtout que bon… Il en a quand même un peu besoin ! Le dessin de Casanave se moule bien dans ce récit léger bourré d’humour espiègle et de tendresse. Un album qui accompagne lui aussi très bien une dure journée de labeur à venir !

Zabus & Casanave – Les Chroniques d’un maladroit sentimental – Vent d’Ouest – 2013 – 11,50 euros