- Article publié sur MaXoE.com -


Une BD sous le bras : Palpitants récits médiévistes…



Le moyen-âge fut une époque trouble, marquée par des conflits sanglants entre seigneurs de riches provinces avides de pouvoir et de richesse, par le rôle d’une église toujours en prise avec des hérétiques de tous poils qu’elle envoi sur le bûcher mais aussi par des découvertes qui devaient faire basculer cette période dans les lumières de la Renaissance. Deux récits qui abordent deux destins singuliers, celui de François sans nom (Villon) poète banni et d’Erik le rouge lui aussi banni par son peuple qui deviendra l’un des premiers explorateurs de l’histoire. Récits documentés qui appellent à mieux appréhender cette époque charnière de notre histoire.

 
erik 1
 
FrançoisLe moyen-âge tirait déjà à sa fin avec son lot de misère dans les campagnes et petites bourgades de province. Rien de bien stimulant à une époque encore marquée par les souvenirs de la guerre de cent ans. Dans ce paysage froid et sans âme, Félizée, une jeune fille débrouillarde, essaye de soutirer la bourse d’un riche seigneur qui arpente le marché d’étals en étals. Elle se retrouve bien vite prise en chasse par sa garde rapprochée et une course effrénée s’engage. Au détour d’une ruelle étroite un obstacle se présente en la personne d’un voyageur dont la carriole occupe la quasi-totalité de la largeur de la rue pavée. Aux gardes qui arrivent peu après dans le passage le voyageur donne la direction de fuite de la jeune fille… sauf qu’en réalité elle ne s’est pas échappée mais a trouvé refuge dans la charrette de l’étranger avec sa bonne complicité… Celui-ci porte le nom de François et se fait discret sur son identité réelle. Les mystères autour du personnage vont alors s’épaissir…
 
Deux scénaristes se partagent le travail sur cette série historique bien documentée, Bruno Ricard et le très actif Sylvain Runberg (Orbital, Reconquêtes, Millénium…). On y retrouve le cadre d’une époque « entre-deux ». Pas tout à fait dans la Renaissance lumineuse et pourtant plus dans ce moyen-âge marqué par la fin de la guerre de cent ans. Le récit aborde en fil rouge les tensions entretenues par les coquillards, d’anciens mercenaires devenus bandits, qui errent dans les campagnes pour détrousser et répandre la mort sur les malheureux qui les croisent. Le contexte trouble, la misère qui l’accompagne et la violence de l’époque se trouvent ici particulièrement bien retranscrits. Le personnage central, lui, aiguise suffisamment notre curiosité. Serait-il le poète François Villon lui aussi poussé sur les chemins après des déboires avec la justice ? L’érudition et la violence qui envahit parfois le personnage pourrait le laisser penser. Nous sommes en 1466 et l’histoire a perdu la trace du poète depuis maintenant trois ans. Le dessin de Bianchini, peu vu en France, sert le récit par un trait précis et vif qui se met au service des personnages sans négliger de riches décors en adéquation avec l’époque qu’ils décrivent. Un réel plaisir de lecture !
 
Ricard/Runberg/Bianchini – François sans nom – Soleil – 2013 – 13,95 euros
 

 

ErikNous savons tous que les vikings furent, en plein cœur du moyen-âge, des aventuriers des mers prêts à s’éloigner des côtes pour filer sur des étendues encore inexplorées. De ses voyages au long cours, ils ramenaient des vivres mais aussi des richesses pillées aux villageois côtiers qu’ils surprenaient par la rapidité de leurs embarcations. Erik le Rouge fût l’un de ces aventuriers, un explorateur qui fonda la première colonie européenne sur les rives du Groenland. Un homme dont les exploits lui valurent d’être narrés dans une saga nordique près de deux siècles plus tard.

Thorvald est un jeune chasseur au sang chaud. Après une partie de chasse, il revient vers le village et s’en prend à un marchand vendant des croix chrétiennes car selon lui il « offense nos dieux ». Sous les regards réprobateurs des villageois il décide d’aller boire un coup dans une auberge où le vin coule à flots et où les jeunes femmes déambulent dévêtues pour s’offrir aux clients qui en redemandent. Au petit matin, il rentre chez lui dans un état d’ébriété avancé et surprend un homme qui quitte le foyer. L’homme en question n’est autre qu’un médecin venu soigner sa femme mais aux yeux du chasseur l’évidence même veut qu’il soit l’amant de sa femme. Dans un accès de folie il tuera l’homme, ce qui lui vaudra d’être banni de son village et de Norvège. Muni d’un drakkar il prendra la direction du nord. Lors du voyage sur une mer mouvementée, la femme de Thorvald accouchera d’un garçon nommée Erik. Début de la saga…

Avec ce récit qui puise dans l’histoire nordique de notre continent, Di Giorgio et Sieurac explorent le destin d’un homme qui peut être considéré comme l’un des premiers explorateurs et colonisateurs. Dans ce premier volet nous verrons le jeune garçon grandir et s’aguerrir au combat rapproché sur des terres presque vierges situées sur l’actuelle Islande. L’histoire se construit donc patiemment avec le souci d’apporter au lecteur suffisamment de fond pour comprendre les enjeux et les coutumes de ce peuple. Le dessin de Sieurac s’accommode bien du récit auquel il donne dynamisme et tension notamment dans la scène de traversée en drakkar et dans les combats. Le mystère s’épaissira aussi autour d’un étrange cavalier qui devrait suivre nos hommes tout au long de cette série prometteuse. A suivre !

Di Giorgio/Sieurac – Erik le Rouge – Soleil – 2013 – 13,95 euros