- Article publié sur MaXoE.com -


Interview de Georgia, sélectionnée dans la Catégorie Electro / Funk / Hip Hop du GPL 2020



Et hop dans le cadre du MaXoE Festival, voici l’interview de Georgia dont nous avions chroniqué l’album dans cette Playlist MaXoE

L’interview

 

Tout d’abord, pourriez-vous donner quelques informations à nos lecteurs : qui êtes-vous et d’où venez-vous ?

Bonjour, mon nom est Georgia, je suis auteur-compositeur et je viens de Londres. J’ai récemment sorti mon deuxième album appelé Seeking Thrills qui est un témoignage de mon amour de la culture du dancefloor et plus généralement de la dance music. Je suis batteuse de formation, du coup, pendant mes shows, c’est bien moi qui joue sur mon 1980s Simmons Kit (un kit électronique) et qui chante … C’est inspiré des DJs et de Sheila E. 

 

Comment vous définiriez votre musique ? Votre électro est influencée par d’autres styles ?

C’est assez difficile de définir ma musique. Je dirais que c’est de la musique pop mais avec une approche un peu plus expérimentale. Je suis totalement inspirée et influencée par d’autres artistes. Pour mon dernier album, j’ai cherché dans les années 80 pour mon inspiration : Depeche Mode, Kate Bush, Luther Vandross, Chicago House, Detroit techno  et d’autres groupes d’Europe de la vague synthés. J’ai été aussi vraiment inspirée par l’album Homework des Daft Punk ainsi que par l’ensemble de la scène house française, c’est un moment important de l’histoire musicale. Je suis aussi une grande fan de Mirwais (qui travaille maintenant beaucoup avec Madonna) et j’aime aussi l’électro française plus récente comme Miss Kitten & The Hacker, quel duo ! Je travaille depuis des années chez un disquaire appelé Rought Trade West, du coup je suis comme une éponge lorsqu’il s’agit de découvrir de la musique, je suis comme cela depuis mon enfance. Au lieu de sortir et de courir après les garçons ou d’autres choses, j’étais plus intéressée par rester dans ma chambre, un casque sur les oreilles, à écouter de la musique. C’est comme cela que mon imagination a pris ses marques et que j’ai commencé à rêver de devenir musicienne. 

Crédit Photo Hollie Fernando

 

Quels sont les artistes qui vous ont influencé ?

Beaucoup m’ont influencée. Je dirais plus récemment Kate Bush, Depeche Mode, Chicago House/Dance Mania, Detroit Techno et toujours Kanye West.

 

Le confinement a du avoir un impact sur vos projets malheureusement, mais avez-vous exploité cette période pour créer ?

J’étais en train de faire une tournée pour promouvoir mon album, j’ai donné pas mal de concerts incroyables donc pour moi cela a été brutal de devoir retourner à la maison, dans l’impossibilité de jouer. Cette année, je devais aller partout dans le monde, cela aurait du être une super année, cependant, j’ai du m’adapter comme tout le monde. Cela m’a demandé plusieurs semaines d’adaptation pour revenir à une vie à peu près normale pendant le confinement. Et là j’ai vraiment aimé retourner en studio et ressentir à nouveau le flot de la créativité revivre, ha ha ! J’ai vraiment adoré retourner en studio, c’est ma seconde maison en fait, parfois même la première. Depuis un an et demi, j’ai été incapable de fermer les portes de mon studio et de me mettre à écrire. Mais maintenant je suis dans cette phase, sûrement grâce au confinement. J’ai pu aussi être plus en contact avec mes amis et ma famille, chose que je n’aurais sûrement pas pu faire cette année, donc c’est vraiment bien. J’ai l’impression aussi d’avoir beaucoup appris pendant cette période, à propos de la vie, de ma carrière, j’ai pu développer mon empathie envers les gens, apprendre à être moi-même seulement et ne pas avoir la pression du travail ou d’autres choses d’ailleurs. Je pense que c’était un moment de réflexion pour moi et j’ai aussi appris à apprécier grandement le genre humain et les personnes qui ont sacrifié beaucoup de choses pour nous aider à traverser cette période. Je pense que nous avions finalement besoin de ce confinement. 

Crédit Photo Joseph Connor

 

Vous semblez aimer mixer les choses pour construire votre musique ?

Si vous entendez par là le fait de mélanger différents genres de musique, je suppose que je le fais oui. J’ai grandi en écoutant toutes sortes de musiques, j’y ai été encouragée par mon père et ma mère. Un jour ma mère pouvait écouter Joni Mitchell sur notre chaîne hi-fi et un autre jour, c’est mon père qui écoutait Burning Spear ou de la Deep House. Grandir à Londres, c’était comme avoir un melting pot de différentes cultures musicales, cette ville est géniale pour cela. Dans mes jeunes années, j’écoutais la musique Grime londonienne mais aussi celle des groupes indés, et puis je suis passé par des périodes pendant lesquelles je n’écoutais que du reggae/dub puis de la soul et du jazz des années 60. A 19 ans, je suis allé dans une université londonienne appelée SOAS (School of Oriental and African Studies) et j’ai étudié la musicologie ethnique, mon domaine d’étude c’était la musique ouest africaine et sud-est asiatique. Du coup oui, j’ai vécu un réel mix des genres musicaux au cours de ma vie et je ne voudrais rien changer à cela. J’aime juste la musique et j’en apprécie tous les genres, j’ai un profond respect pour l’histoire musciale et comment les cultures ont construit des sons au travers des générations. Je veux juste en faire part.   

 

Il y a une sortie de gaieté qui se dégage de cet album, non ? 

Oui, Seeking Thrills parle de la joie qui vient de nous, de comment la trouver et comment la garder. C’est vraiment à propos des humains, à propos du besoin de ces émotions pour notre équilibre dans nos vies et pour garder le sens de ce que nous sommes. Cela semble un peu idéal mais c’est ce qu’est la dance music et la vie nocturne. Garder cet esprit est très important. La dance music était plus qu’un type de son, c’était un mouvement qui a façonné et bougé les vies des gens. C’est ce que j’ai appris de la dance de la fin des années 70, années 80. C’était à propos de personnes diverses cherchant le bonheur, l’évasion, l’euphorie et les relations de proximité. Je pense que c’est ce que j’ai cherché à exprimer dans cet album, pour rendre hommage aux gens courageux qui ont fait naître ces standards dans la culture d’aujourd’hui. 

 

Quels sont vos projets pour l’avenir ? 

Et bien, je pense que je vais écrire de nouvelles choses, travailler à des collaborations, à des remixes et bien sûr mettre en place plus de shows live l’an prochain. Je travaille tout le temps et de nouvelles opportunités se présentent chaque jour, ce qui bouscule mais ce qui est excitant aussi. Je suis juste contente que la musique soit encore plus importante qu’avant. 

 

Pour finir, MaXoE est un média indépendant et pluri-culturel, pas de frontières entre les BD, les livres, la musique, le cinéma ou les jeux-vidéo. Parlez-nous un peu de vous : vous jouez à quoi ? Vous lisez quoi ? Vous regardez quoi ? Et bien sûr vous écoutez quoi ? Et si vous aviez une ou plusieurs oeuvres à conseiller à nos lecteurs ?

Je lis beaucoup de littérature gothique en ce moment comme Dracula ou Frankenstein et j’ai fini de regarder Insecure qui est juste fantastique. J’ai regardé le film Studio 54 et je joue à The Last Of Us Part II, et c’est fantastique aussi. 

 

Et puis comme vous le savez, nous fêtons cette année nos 25 ans et Georgia a eu l’extrême gentillesse de nous laisser un petit message !

 

Merci à elle de nous avoir fait le plaisir de répondre à nos questions. L’interview a été réalisée en anglais puis traduite en français.

 

Notre Chronique 

SEEKING THRILLS – GEORGIA

5

Un vent de fraîcheur sur mes oreilles ! Il y beaucoup de choses dans cette galette. Pas mal d’electro, ça c’est sûr, mais aussi un peu de House Music (cela faisait longtemps) et beaucoup de recherche mélodique. Je ne peux m’empêcher de penser à la très grande Cindy Lauper. La voix est capable de la même sensibilité, elle accompagne parfaitement les compositions qui sont surprenantes, toutes. C’est assez curieux comme sensation, c’est un mélange audacieux avec des pistes vraiment originales, mélangeant les sonorités, tentant des choses improbables. Et puis ce qu’il en ressort, c’est comme une sorte de joie permanente, une sensation d’insouciance. Qu’est-ce que ça fait du bien. Ecoutez Ultimate Sailor. C’est un bijou de poésie, un condensé de douceur et de délicatesse empreinte de sons que n’aurait pas reniés la bande originale de Blade Runner. J’adore. Un album pas comme les autres, original et inspiré.

Electro – Domino – janvier 2020 – site officiel