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Jamiroquai rend tout le monde aKro !



La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules. De la mousse, un trait de musique. Kronenbourg et sa brique rouge flanquée d’un homme-bison. Jamiroquai, et son zébulon à trois bandes en guise de chef-d’orchestre. Un idéal. Celui de 1200 spectateurs, heureux lauréats d’un concours organisé via Facebook, qui ont passé outre le copinage douteux entre une marque disposée à rajeunir son image (en sponsorisant une vague d’artistes en vogue) et un groupe aux 20 ans de carrière, qui n’a plus rien à prouver, mais tant d’argent à amasser.

Cet idéal, parlons-en. Au commencement, la salle. Le Casino de Paris. Une architecture avec sa part d’imaginaire, son acoustique resserrée. Chapiteau d’époque, épique, loin des usines à foin que sont les Zénith et autres arènes. Ici, la foule se presse, sans se tasser, laissant une liberté de mouvement appréciable dans un chapiteau loyal avec ses hôtes. Qui cherche le groove va le trouver. En piste.


Un indien dans la ville

Dans la salle, on chauffe. Dans la fosse, on s’échauffe. L’entracte est assuré par les gens heureux de Ceux Qui Marchent Debout, un Marching Band parisien au répertoire afro-mythe (les mesures piquées avec talent à James Brown imposent vite le respect). Un de ces autres plaisirs minuscules. 20h55. Horaire majuscule. La scène éventre ses écrans commerciaux, aussitôt remballés dans la coulisse. L’oreille près du sol, l’on entend le chaman marteler au loin. Devant nous, se dresse le showman, Jason Kay. Un indien dans la ville, venu sans froufrou ni plumes érectiles. Plastron vert, vite trempé, feutre blanc, bien vissé. Derrière lui, des métronomes. Cinq musiciens, dont aucun d’origine, trois cuivres, de retour dix ans après, et trois choristes, toujours là dix ans plus tard.

Les premiers accords résonnent. Rock Dust Light Star, titre éponyme du dernier album sorti en novembre dernier, amorce le mouvement. Un lever de rideau sans grande personnalité, qui lasse et laisse vite sa place à des titres plus ambitieux, car parfaitement réarrangés. Le discotique Little L s’éprend d’un solo de basse élastique (une repompe du groupe Pleasure, au passage…), assurant ainsi la transition vers un Canned Heat des plus nébuleux, chaudement cuivré. Les instruments sonnent juste, la voix de Jason Kay oublie les faussetés de l’âge (41 ans).

Très en verve, le groupe enchaine alors les uns après les autres des morceaux calibrés (Love Foolosophy, Alright, Deeper Underground, White Knuckle Ride). Autant de tubes maitrisés composant une setlist frigide, concert gratuit oblige, dont seule émerge la démesure d’un Travelling Without Moving, son Rhodes mélodieux, sa guitare torturée et sa ligne de basse d’imperator. 1h10 plus tard, et ce rappel plébiscité par les internautes (Cosmic Girl), Jamiroquai repart avec sa came sous le bras. Laissant sur place un millier d’addicts, déjà en manque. La promesse est faite : le combo reviendra à la rentrée chauffer l’usine à foin qu’est Bercy. On en reprendra volontiers. Bien plus qu’une gorgée.