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Claude Berri cinéaste : l’intégrale en 21 films le 3 octobre 2018



Il est considéré comme l’une des figures les plus emblématiques du cinéma français. Claude Berri, acteur, scénariste, dialoguiste, producteur, distributeur, collectionneur d’art… reste sans aucun doute l’un des plus grands ambassadeurs du septième art français à travers le monde. Il reste aussi l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération.

Dix ans après sa disparition, Pathé édite un sublime coffret réunissant l’œuvre de Claude Berri cinéaste. 21 films en Haute Définition, dont 16 en version restaurée, pour nous dévoiler la partie la plus intime de ce génie inépuisable et imprévisible, qui savait œuvrer dans tous les registres.

« À ma mort, en voyant mes films, on pourra me connaître, savoir l’enfant, l’adolescent et l’homme que j’ai été. » Claude Berri

C’est derrière sa caméra que Claude Berri s’est montré au plus près de celui qu’il était vraiment. La grande majorité des films qu’il a réalisés, il les a puisés dans sa propre vie. À son sujet, François Truffaut dira : « Berri n’est pas un metteur en scène cinéphile, il ne se réfère pas aux films existants mais à la vie elle-même. Il puise à la source, il a d’abord des histoires à raconter. »

Claude Berri cinéaste, connaît très vite le succès. À 29 ans, las d’enchaîner les petits rôles au cinéma, il se lance dans la mise en scène et crée Renn Production pour financer son premier court métrage qui remporte un Prix au Festival de Venise et un Oscar à Hollywood (Le Poulet, 1962). Cinq ans plus tard, son premier long métrage est un triomphe. Le Vieil homme et l’enfant (1967) raconte l’émouvante relation entre un vieux grincheux, antisémite et pétainiste, magistralement interprété par Michel Simon et un petit garçon juif, en pleine Occupation. Inspiré par l’histoire de son enfance, le succès est public et critique.

Ce sillon semi-autobiographique, Claude Berri continue à l’exploiter pour ses films suivants, allant jusqu’à en incarner le personnage principal. Tour à tour, le cinéaste livre sa réflexion sur le mariage (Mazel Tov ou le Mariage, 1969) ; partage les souvenirs de son service militaire (Le Pistonné, 1970) ; déclare tout l’amour qu’il porte à son père (Le Cinéma de papa, 1970), se fascine pour la libération sexuelle et les clubs échangistes (Sex-shop, 1972) ; expose ses crises conjugales (Le Mâle du siècle, 1975) ; ou révèle l’adolescent qu’il fut avec La Première fois (1976).

Fasciné par le métier de comédien, qui était sa première passion, il introduit dans ses films les plus belles figures du cinéma français : Catherine Deneuve, à qui il fait revivre l’émoi de ses premiers amours (Je vous aime, 1980) ; Coluche à qui il offre son premier rôle (Le Pistonné, 1970) puis qu’il transforme en prof soixante-huitard dans Le Maître d’école (1981), ainsi qu’en en pompiste alcoolique dans Tchao Pantin (1983), décrochant au passage le César du Meilleur Acteur.

Dans ses superproductions inspirées de fresques historiques ou littéraires (Jean de Florette, 1986 ; Manon des sources, 1986 ; Uranus, 1990 ; Germinal, 1993 ; Lucie Aubrac, 1997), se succèdent les plus grandes stars du cinéma français : Gérard Depardieu, Yves Montand, Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Miou-Miou, Renaud, Carole Bouquet… Devenu l’empereur incontesté du box-office, son diptyque adapté de l’œuvre de Marcel Pagnol restera sans doute son plus gros succès de cinéaste, cumulant les entrées en salles et les rediffusions à la télévision.

À la fin de sa carrière, exceptée l’adaptation du roman d’Anna Gavalda, Ensemble c’est tout (2007), Claude Berri cinéaste continuera à se dévoiler davantage. Impudique, il se met à nu dans La Débandade (1999) pour signer un film plein d’autodérision sur la perte du désir. En 2002, son film Une femme de ménage porte les traces de sa dépression, tandis que L’Un reste, l’autre part évoque la culpabilité de refaire sa vie et l’accident de son fils. Disparu alors qu’il tournait son dernier film, Trésor (2009) avec Alain Chabat et Mathilde Seigner, le film raconte le couple que Claude Berri formait avec Nathalie Rheims, sa dernière compagne. C’est son assistant et conseiller technique, François Dupeyron, qui l’achèvera.

À la tête d’une œuvre riche de 21 films en tant que réalisateur, Claude Berri, aussi acteur, scénariste, dialoguiste, producteur et distributeur, reste un modèle dans le milieu du septième art. Exigeant et impulsif pour les uns, tendre et généreux pour les autres, il incarne surtout à lui seul le cinéma français.