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La compilation ‘En Route’ et le 1er album d’Android 80 le 04 octobre



Après plusieurs hivers à jouer aux cowboys, le label belge Freaksville vous promet l’été indien avec deux projets électroniques fraichement sortis du garage. Au programme, le premier album synth-pop d’Android 80, humanoïde anglo-belge à cheval entre Human League et les Residents, et la compilation « En route » qui met à l’honneur le meilleur de la scène montante électro-pop, de Paris et d’ailleurs.

Tous les deux sortiront le 04 octobre prochain. Présentation !

 

La compilation ‘En Route’

La route, c’est d’abord l’idée du voyage et d’un auditeur transporté. Après un premier guide Michelin résolument rock (« Pan Vol.1 », 2010), cette deuxième compilation s’écoute quant à elle comme la playlist rêvée d’une station FM destination le monde de la synth-pop. Retenue au casting, une brochette d’artistes de Paris et d’ailleurs dont la plupart, à défaut d’être encore signés en maison de disque, sait déjà y faire pour purger les moteurs.

Sur la route, on découvrira en introduction un ancien membre de Telex (Michel Moers) en terrain accidenté avec Conducteur Fantôme, version moderne d’un Suicide qui aurait fait sa vidange. De passage sur la lune, on entreverra la pop rétrofuturiste du groupe France, au croisement entre dondolo et Kraftwerk, puis ce sera au tour d’Accident, duo composé de membres de Young Michelin, de montrer la voie avec « Vert Bleu noir », une ode aux années 80 qui s’écoutent sans brushing ni épaulettes. Désormais lancé à grande vitesse sur l’autobahn, on peine à reconnaître les visages empilés sur cette compilation définitivement défricheuse. L’esprit de John Carpenter plane sur The game is over du mystérieuxTSTR, le remix de Phantom feat Lio par le duo de Destin sent les chips et la boule à facettes et le titre Orion de Livio Mosca ressemble à la Porsche fracassée de James dean sur une planète lointaine.

Si peu des artistes de la compilation Freaksville sont promis à un futur en haute rotation sur MTV – on peut toujours rêver – ils apparaissent ici comme un cliché de l’instant présent. Un an après la publication de la compilation « Parisien » par Kitsuné, « En route » est une preuve par le son que la France n’en a pas fini avec les synthétiseurs, encore moins avec le beau bizarre. on pourrait encore citer le Kozushima du groupe Planète ou le remix de deadride Phantom qui clôture la messe électronique, mais à quoi bon ? Sur la route 666, ces Hell’s Angels 2.0 ont simplement remplacé l’hostie par des chipsets et leur course écrite sur un circuit imprimé.

 

Android 80 « SURBURBAN ROBOT »

One-man band composé de Brian Carney, synthé cyborg du feu groupe psychédélique Poisoned electrick Head (1986–1997), Android 80 permet à l’anglo- belge de revenir à ses premiers amours : la synth-pop des 80’s, les claviers vintage et les mélodies robotiques de Kraftwerk ou Human League. Si le compositeur définit son projet excentrique comme « l’aventure d’un homme solitaire écoutant la voix de Bouddha », Android 80 n’en reste pas moins un projet mûrement réfléchi décrivant sur de petites touches en plastique le quotidien des nouvelles stars (« Materialism is the new vision / Cause sex and drugs and rock’n’roll have sold their soul to the shopping mall » sur Punk’s not dead) ou puisant sa modernité dans le futur apocalyptique de George orwell. 1984, une année symbolique pour Android 80, un pan de culture électronique que l’homme à tout faire honore sans nostalgie, avec un storytelling alternant popsongs digitales (David Bowie had a discotheque) et hymnes au vocoder (We love drugs) pour rassurer les membres de l’Hacienda : the party ain’t over yet.

Enfant des 80’s, Brian Carney est né à St. Helens – dans la banlieue de Liverpool – sur le morceau Warm Leatherette des normals, un déclic pour cet apprenti cyborg qui décide alors de troquer son cœur contre une boite à rythmes roland. Sa première chanson ?Il la compose au retour d’un concert de the Human League puis, sur le tas, notre garçon apprend à se déguiser en observant les Residents avant de découvrir la magie des drogues dans les premières raves qui déferlent sur l’Angleterre au début des années 1990. A cette même époque, alors qu’il erre dans les limbes d’un siècle interminable, Brian se voit décerner le titre de « plus grand ivrogne de tous les temps du festival de Glastonbury » par Michael eavis (fondateur du festival anglais) sans savoir que vingt ans plus tard, son premier disque se lira comme une carte postale de ces années d’errance, une madeleine de Proust synthétique et décadente.

Chanteur des enragés Ufo Goes Ufa, claviériste de Phantom feat. Lio et auteur d’un premier roman publié cette année (« Take your Protein Pills »), Brian Carney ne ressemble pas aux chanteurs de radio-crochets, sa musique est sa vie et son synthé une extension de son cerveau malade. Conçu en 2010 à Bruxelles, « Suburban robot » s’écoute comme une symphonie electropop nihiliste, un interminable cauchemar urbain avec des mélodies acerbes et de longues plages de synthés qui dégoulinent telles une pluie acide sur la banlieue anglaise, un écho mutant aux premiers depeche Mode avec un docteur Folamour aux manettes.