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Toshio Saeki : l’ouvrage ‘Red box’ chez Cornelius et une exposition à Paris



C’est la présentation d’un livre d’illustrations et d’une exposition que nous vous proposons aujourd’hui. Livre culte au Japon, Red box (Akai Hako) regroupe une cinquantaine d’illustrations dessinées par Toshio Saeki en 1972 dans un contexte bien particulier.

Véritable plongée dans l’univers fantasmatique du maître de l’ero-guro, Red box bénéficie d’un format conséquent et d’une édition soignée afin d’apprécier pleinement l’œuvre fascinante de Toshio Saeki.

L’ouvrage sortira le 28 mars en librairie et sera disponible en avant-première à la galerie Arts Factory à l’occasion de l’exposition exceptionnelle consacrée à Toshio Saeki (exposition visible du 13 mars au 20 avril). Un évènement rare puisque l’artiste n’a pas été exposé en France depuis plus de 8 ans. De plus, l’intégralité de la série « Akai Hako » composée de 50 tirages letterpress sur papier japon, y sera présentée pour la première fois en Europe.

A propos de l’auteur

Artiste faisant l’objet d’un véritable culte, Toshio Saeki est l’inventeur d’un style unique, dans un domaine qu’il a totalement transformé, l’ero guro — qu’on peut traduire par « scènes érotico-grotesques ». Ce genre, dont on attribue la paternité à l’écrivain Edogawa Ranpo, trouve sa source aux origines du dessin japonais classique, nourrissant de monstres et de scènes cauchemardesques de nombreuses estampes à travers le temps. Saeki, en déclinant les motifs traditionnels et en les mêlant à ses propres obsessions, a fait écho aux angoisses de sa génération, la jeunesse des années 1970, qui a cru pouvoir s’affranchir des conventions d’une société paternaliste avant de connaître la désillusion.

La société humaine, sa violence et ses tares sont le support de scènes dont la cruauté provoque l’effroi ou le rire, poussant dans ses retranchements la mécanique du fantasme. Le sado-masochisme ne recouvre ici aucune réalité, puisant dans l’onirisme une forme de poésie macabre. Stimulé par la censure qui sévit au Japon — il est prohibé de montrer les sexes — Saeki fait de l’interdit une contrainte artistique et déporte vers l’absurde et l’onirisme le plus vieux sujet du monde.

Son style précis, qui rappelle aux européens la fameuse « ligne claire » d’Hergé et Joost Swarte, reste étrange pour le lecteur japonais comme pour le lecteur occidental, chacun trouvant dans ce trait à la simplicité parfaite une forme d’exotisme inédit. Cette perception ne s’explique que par l’originalité absolue d’un imagier extravagant, sorti tout droit de la plume d’un artiste qui a consacré sa vie à tracer au plus près « ce qui se déroule dans sa tête lorsqu’il ferme les yeux ».

Né en 1945 dans la préfecture de Miyazaki, Toshio Saeki a grandi à Osaka, dans un Japon en pleine reconstruction. La mutation radicale à laquelle la nation est contrainte dans ces années-là amène le pays à s’ouvrir à l’influence occidentale. L’effervescence est réelle, et le manga, la littérature et le cinéma y puisent une véritable dynamique et autant de révolutions artistiques. Saeki découvre à l’université les estampes de l’époque Edo et développe un intérêt pour les univers macabres et érotiques issus de l’ero guro.

Se préparant à une carrière de dessinateur publicitaire, Toshio Saeki réalise rapidement qu’il porte en lui une pulsion et une ambition personnelle qui dépassent de loin la satisfaction que pourrait lui apporter une vie professionnelle réussie. Il s’installe à Tokyo en 1969 et, dès l’année suivante, produit les premiers dessins érotiques et oniriques qui le rendront célèbre.

Le magazine Heibon Punch — surnommé « le lanceur de mode » — auquel il a envoyé une enveloppe de dessins, lui consacre un encart dans l’un de ses numéros, lui apportant une visibilité immédiate. 1970 est une année charnière dans la carrière de Toshio Saeki, qui trouve son style et publie à compte d’auteur son premier recueil. Il rencontre cette année-là une forme de reconnaissance qui le confirme dans ses choix.

Il commence peu de temps après à travailler pour différents éditeurs et magazines, en particulier la revue érotique SM Selecto, qui lui donne carte blanche et avec laquelle il entame une collaboration qui s’étalera sur plus de vingt ans. Toshio Saeki vit aujourd’hui dans les montagnes de la préfecture de Chiba (est de Tokyo), poursuivant dans cette paisible campagne une œuvre unique qui ne cesse de rassembler de plus en plus d’admirateurs à travers le monde.

Informations pratiques

Red box
de Toshio Saeki

Editeur : Cornelius
104 pages en couleur, 30 x 20 cm
Couverture cartonnée toilée avec marquage

Sortie : 28 mars 2019
ISBN 978 2 36081 160 1
Prix : 34,50 €