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A la découverte des arts martiaux Vietnamiens



arts martiaux vietnamiens

 

Des arts martiaux, il y en a beaucoup. Les plus connus et les plus nombreux viennent de Chine et du Japon. Celui que je pratique depuis plusieurs années et dont je parle de temps en temps sur MaXoE provient du Vietnam. Il existe de nombreuses écoles d’arts martiaux vietnamiens et de nombreux styles. Mon club fait partie de l’école Tay Son, école qui a plus de 200 ans et dont le nom provient d’une région montagneuse du Vietnam ainsi que d’une partie de son histoire. Mais je n’ai nullement l’intention de vous parler de l’histoire du Vietnam, ni de celle du Tay Son Vo Dao. Je veux juste vous faire une petite présentation générale pour vous le faire connaître un peu.  

Les origines

Les arts martiaux vietnamiens (ou AMV, plus courts pour la suite) sont nés dans les campagnes et les villages. Il permettait aux paysans de se défendre et d’affronter les envahisseurs. Le Vietnam a subit de nombreuses invasions (autre que celle des français et des américains). Et ils se sont beaucoup inspirés des techniques de combat de ces envahisseurs pour créer le Viet Vo Dao (une traduction simpliste donnerait : la voix des arts martiaux vietnamiens). Ils ont donc assimilés, modifiés et ajoutés tout ce qui les intéressait. Il en est ressorti un art martial auquel ils ont donné une authenticité en l’intégrant à leur mentalité, leur culture, leur histoire.

Ça, c’était pour la petite histoire. Oui, je sais, j’avais précisé dans le paragraphe précédent que je n’en parlerai pas, mais il faut quand même situer les origines. Sachez que j’ai été très vague et très restrictive.  

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Et on fait quoi dans les AMV ?

C’est un art martial très complet. Au sein de mon école, on travail la technique, les projections,la manipulation des armes, le combat, la lutte, les ciseaux, le mental, la casse, l’humour, les abdos-fessiers, le cri-de-la-mort-qui-tue… Pourquoi je précise « au sein de mon école » ? Tout simplement parce que toutes les écoles ont leur préférence. Certaines travaillent principalement la technique, d’autres le combat pour les compétitions, d’autres sont plus complètes et font un peu de tout.Certaines ont un style direct proche du karate, d’autres un style plus chinoisé proche du Kung-Fu…  

Les AMV ont été connu à une époque pour leurs ciseaux. Qu’est-ce qu’un ciseau ? C’est une technique consistant à sauter à la tête de son adversaire, à le coincer entre ses jambes et à l’amener au sol par un joli mouvement de hanches. Bon, tous les ciseaux ne se font pas à la tête. Ils se font sur toutes les articulations à partir du moment qu’on accepte de s’écraser au sol. Ce n’est pas une technique très difficile en soi, mais elle demande de surmonter certaines peurs, comme celle de s’écraser au sol (mon petit surnom c’est « koala » pour ma capacité à m’accrocher à mon adversaire) ou celle de sauter sur son adversaire au risque de le rater, de tomber avec lui ou de s’empaler dessus. En dehors de ça, c’est très amusant, je vous assure et ça impressionne toujours.

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Il existe plusieurs légendes expliquant l’origine des ciseaux. Ça va de « technique développée pour attaquer les mongols à cheval » à une simple « copie de techniques des catcheurs ». Quoiqu’il en soit, cette technique existe maintenant dans beaucoup d’arts martiaux et elle n’est plus une particularité des arts martiaux vietnamiens.  

La technique est ma partie préférée. On travaille les quyens (équivalent des kata au karaté ou des taos au Kung-fu). Mais on travaille aussi les Song Luyen. Les deux se faisant avec ou sans arme. Les Song Luyen sont des combats appris par cœur. Quel intérêt me direz-vous ? Ces combats doivent être réalisés à vitesse réelle. Cela fait donc travailler la mémoire, mais aussi le contrôle et la précision des coups. Lorsqu’on voit un Song Luyen, on ne doit pas pouvoir deviner que ce combat est appris par cœur. Il doit vraiment avoir l’air réel, c’est d’ailleurs un des critères sur lequel il est jugé en compétition. A savoir que chaque école a ses propres quyens et ses propres Song Luyen, ce qui rend les compétitions particulièrement intéressantes.  

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 Les compétitions  

Les AMV n’ont pas de fédération propre ayant la délégation du Ministère. Nous dépendons donc de la fédération de Karaté, ce que certains trouvent bons d’autres pas. Elle a eu à une époque sa propre fédération délégataire. Mais en France, les arts martiaux vietnamiens ont beaucoup de mal à s’unifier et à ne pas se bouffer le nez pour le pouvoir.   

 Nous avons donc un Championnat de France tous les ans qui s’étale sur 2 jours. Le 1er jour est consacré à la technique : quyens avec et sans arme, song luyen et quyens synchronisés. A mon grand désespoir, les quyens synchronisés ne sont que très peu présents. Il faut dire que cela demande beaucoup d’entrainement et qu’il faut que les 3 membres de l’équipe soient réguliers. L’équipe de Kata française est le summum de la synchronisation et aux AMV, nous en sommes encore très loin.

 

Le 2ème jour est consacré au combat. Les affrontements se font en 2 rounds de 2 minutes. Les protections sont complètes : casque, protège-dents, coquille, gants de boxe, protège tibias et pieds et coque poitrine pour les femmes. Les coups portés sont nombreux : pieds, poings, coudes, genoux, ciseaux, projections, cri-de-la-mort-qui-tue (si si) sans oublier les postillons, jets de lentilles ou de protège-dents et autres accidents du genre. 😉 Certains coups sont quand même interdits ou limités : Les coups de pieds directs à la tête sont interdits ainsi que les coups de coude (à la tête toujours). Il en va de même pour les coups dans le dos, forcément (et tant pis pour vous si votre adversaire vous présente son dos au moment où vous frappez). Les coups au dessous de la ceinture sont acceptés s’ils sont suivi par d’autres coups (au dessus de la ceinture cette fois).  

La ceinture noire

Vu que nous dépendons de la fédération de Karaté, c’est avec les karatékas que nous passons notre ceinture noire. Théoriquement, nous avons notre propre règlement et parmi les 3 juges, un au moins doit provenir des AMV. Pourquoi je précise théoriquement ? Tout simplement parce que ce n’est pas toujours le cas. Lors de mes passages de grade, le responsable des arts martiaux vietnamiens n’a pas daigné se déplacer la 1ère fois, et la deuxième fois, il a envoyé un de ses ceintures noires qui n’avait pas le bon règlement. On m’a aussi demandé de présenter le programme Karaté. Donc ce n’est quand même pas super au point (dans ma région en tout cas où l’ancien responsable des AMV a tout fait pour empêcher son développement).

Comment se passe la ceinture noire ? Très simple, il suffit de suivre le règlement ! Pour la 1ère DAN, il faut présenter 6 épreuves (dans le désordre) :

  • les quyens : un que vous choisissez et un que vous tirez au sort parmi ceux présents sur la liste que vous fournirez,
  • les applications sur quyen : sur un des quyens que vous avez présenté, les juges choisissent un passage et vous devez l’exécuter sur un partenaire (je vous rappelle qu’un quyen, c’est un combat et que par conséquent, vous devez aussi bien savoir le faire dans le vide qu’en combat réel)
  • Les attaques et contre-attaques sur une liste de coups : vous devez non seulement savoir contre-attaquer mais aussi attaquer avec conviction !
  • Un song luyen (voir plus haute pour l’explication. C’est pas bien de sauter des paragraphes !)
  • Un combat
  • Plusieurs séries de coups enchaînés donnés par un des juges : c’est à dire que le juge vous donnera le nombre de coup, le type de coups, la direction, les déplacements, les zones de frappe et cela, plusieurs fois (avec des enchaînements différents à chaque fois sinon cela ne serait pas drôle).

  L’avantage c’est que si vous ne réussissez pas toutes les épreuves, à votre prochain passage de grade, vous ne représentez que celles que vous avez raté la fois d’avant. Vous avez donc une belle possibilité de progression (à partir du moment où vous trouvez quelqu’un pour vous dire pourquoi vous avez raté cette épreuve et ce qu’il faudrait améliorer).  

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Mon parcours et mon évolution  

J’ai commencé les AMV tout à fait par hasard. Avec une amie, nous avions décidé de faire un art martial et de nous inscrire dans un club pluridisciplinaire. Nous avions essayé le Kali Escrima (art martial avec armes courtes, des bâtons courts pour les débutants) et les AMV. J’ai rapidement fini seule et j’avais sélectionné les AMV (je suis plutôt gauche avec une arme dans les mains, alors imaginez avec un bâton court dans chaque main…). Le prof de l’époque était un petit vietnamien qui avait du mal à prononcer mon prénom. Nous n’étions pas nombreux mais les cours étaient sympa. Malheureusement, mon petit prof vietnamien n’avait pas les diplômes français pour enseigner et après un contrôle du ministère de la jeunesse et des sports, les cours se sont arrêtés. Je n’avais même pas fait une année complète. :’(   Etant au chômage à l’époque, je n’ai pas cherché d’autres clubs. C’est 2 ou 3 ans plus tard, après avoir trouvé un CDI que j’ai commencé à chercher des cours de Viet Vo Dao. Et par le plus grand des hasards, mon ancien club venait juste de trouver un nouveau prof qui a rapidement laissé la place à un de ses ceintures noires (mon prof actuel) !

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 Malheureusement, ma nouvelle école n’a pas très bien tournée. Ou plutôt son responsable s’est révélé être un mythomane doublé d’un gourou. Au bout de quelques années à supporter ses mensonges, ses méchancetés dans le dos des gens et ses sautes d’humeur (vous avez entendu parler de la vieille série télé Dallas ? C’était tout à fait son style), mon professeur a décidé de nous faire quitter son école et sur les conseils du propriétaire de notre club, nous a fait intégrer l’école Tay Son. Et c’est là que nous avons notre plus belle progression, à la fois personnelle et martiale.

La transition a été difficile et il nous a fallu apprendre le nouveau programme. Sans compter l’énorme écart de niveau qu’il y avait avec notre ancienne école. Mais vous ne savez pas comme cela fait du bien d’être dans une école où on vous pousse vers l’avant, où on ne vous dénigre pas, où on vous aide constamment à faire mieux. Par exemple, le responsable de l’école n’a pas hésité à se déplacer à Lyon pour m’aider à préparer mon passage de ceinture noire. Cela a donc été un changement particulièrement bénéfique pour nous. Pour moi.  

Au final

Ce que j’aime dans les AMV, c’est que c’est un art martial très complet et varié. L’ennui est tout simplement impossible. Mais ce que j’aime particulièrement, c’est d’avoir trouvé une école stable qui respecte ses élèves et fait de son mieux pour les faire progresser. Nous avons tous nos goûts propres, nos envies. Il ne faut pas hésiter à essayer plusieurs arts martiaux ou sport de combat, plusieurs écoles ou plusieurs clubs, même si certaines personnes sont incapables de comprendre qu’on puisse pratiquer 2 arts martiaux en même temps. J’ai essayé le Kali Escrima, la boxe Thai, le Haidong Gumdo. Si vous trouvez quelque chose qui vous convient, pas seulement un art martial mais aussi un professeur et une ambiance, cela ne pourra que vous aider et vous faire progresser sur le plan personnel bien sûr, mais aussi sur d’autres aspects de votre vie.