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Les jeux olympiques : la difficile entrée des femmes dans les jeux



Archers, Londres 1908

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous dire qu’à l’époque de la Grèce antique, les femmes n’étaient pas autorisées non seulement à participer mais aussi à assister aux jeux. Vous connaissez tous l’histoire de cette femme qui s’était déguisée en homme pour pouvoir voir son fils. Je vais considérer que les cours d’histoire continuent de parler de cette petite histoire et on va faire une avance rapide à une époque plus moderne. Mais pas assez moderne pour les femmes puisqu’elles ne pouvaient pas participer aux jeux avant les années 1900. C’est lors de ces jeux qu’une femme a participé pour la première fois dans les Jeux Olympiques sans le savoir d’ailleurs. La golfeuse américaine Margaret Abbot a remporté la médaille d’or alors qu’elle pensait participer à un tournoi international quelconque.

Margaret Abbot 1920-Paris

Ce n’est pas pour autant que tout est allé pour le mieux en ce qui concerne la participation des femmes. Pour la plupart des hommes de l’époque, elles avaient un rôle très précis à remplir et faire du sport n’en faisait pas partie. Et puis Coubertin avait voulu les jeux comme un hymne à la virilité. Mais l’opinion des femmes commençait à se faire entendre et surtout leur mécontentement concernant leur non participation. Et donc revenons à ces jeux de 1900 qui ont été ouverts aux femmes. Elles ont eu le droit de participer au tennis, voile, criquet, golf, patinage artistique… Des épreuves où leur comportement pouvait se conformer à ce que ces messieurs attendaient d’elles : de la grâce, de la dignité que diable !

Ce n’est qu’en 1982 que l’athlétisme leur a été ouvert. Et c’est cette année que Lina Radke a fait parler d’elle, pas à cause de sa victoire au 800m, mais à cause de son manque de grâce. Mais en fait, elle n’était que le bouc émissaire. Le spectacle sur la ligne d’arrivée de toutes ces femmes, les joues rougies par l’effort, essoufflées n’avait tout simplement pas plus au CIO et à la presse qui en ont conclu que l’épreuve était trop dure pour les femmes. La presse s’en pris donc à cette pauvre Lina, mettant même en doute sa victoire au vu de l’écart entre elle et ses concurrentes. Il faut dire que Lina a eu la chance d’être mariée à un homme, manager d’un club d’athlétisme qui a accepté de l’entraîner. Elle avait clairement un avantage et cela s’est vu sur la piste. Quoiqu’il en soit, l’épreuve des 800m a été interdite aux femmes « à la constitution trop fragile ». Elles ont du se contenter du 200m jusqu’en 1960. Il s’est écoulé 32 ans pour qu’elles puissent à nouveau participer aux 800m.

Pour la petite anecdote, Lina Radke portait des chaussures créées spécialement pour elle par Adi Assler qui fonda plus tard la marque Adidas.

En 1936 une jeune femme froissa le CIO. Eleanor Holm fut jugée trop sulfureuse par le responsable de la délégation américaine et futur président du CIO (Comité International Olympique), Avery Brundage. Lors du trajet en bateau pour l’Europe, l’américaine se serait un peu trop laissée aller avec l’alcool au lieu de s’entraîner (sur un bateau) comme tout autre athlète a probablement du le faire. Elle s’est probablement retrouvée seule au bar bien-sûr, tous les autres athlètes ayant (probablement) choisi de s’entrainer sur les différents endroits disponibles sur les bateaux. Ou de vomir par dessus la rembarde. Mais bon, elle se retrouva exclue des jeux par ce bon monsieur avant même d’arriver à bon port. Le pauvre monsieur Brundage verrait les villages olympiques actuels et l’ambiance qui y sévit, il s’en étoufferait !

Mon petit doigt me dit qu’il y a possiblement un homme dans ce cas qui n’a pas accepté un rejet…

Pour finir, parlons un peu de Fanny Blankers-Koen, qui a été qualifiée de mère indigne en 1948 pour s’être illustrée aux 100m féminin puis aux 80m haies et 4 jours plus tard aux 200m. Et le lendemain au 4x100m en relais. Quatre médailles d’or pour cette hollandaise. Une première pour les JO. Mais il faut dire qu’elle revient de loin ! Lorsqu’elle a annoncé vouloir participer aux JO, elle reçu de nombreuses lettres de menaces et fut qualifiée de mère indigne, laissant ses deux enfants derrière elle. Mais La jeune femme de 30 ans ne s’est jamais arrêtée à un obstacle. Il faut dire qu’elle a épousé un homme à la mentalité assez arriérée pour nous mais courante pour l’époque. Et c’est l’insistance de sa femme et surtout ses capacités sportives qui l’ont fait changer d’avis et l’ont poussé à entrainer sa femme, étant lui-même un ancien champion olympique. Et après 11 courses en 8 jours et 4 médailles d’or, son retour au pays fut assez triomphal.

La Hollande la remerciera en créant en 1981 une compétition d’athlétisme en son nom. Elle sera élue Meilleure athlète du XXe siècle par l’Association des fédérations d’athlétisme et aura même sa statue à Rotterdam. Un prix annuel portera son nom et est attribué au sportif qui a le plus contribué à l’amélioration du sport féminin.

Alors bien sûr, d’autres nombreuses sportives ont marqué les jeux olympiques, certaines françaises d’ailleurs. Mais ce serait beaucoup trop long de raconter leurs histoires à toutes. Celles-là ont été des pionnières à une époque où il était inconcevable pour une femme d’être autre chose qu’une femme ou une mère. Malheureusement, certains hommes pensent encore aujourd’hui de cette manière et empêchent les femmes de faire leur propre choix…