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A Juggler’s Tale : On est manipulé de bout en bout



Montré pour la première fois en 2019, A Juggler’s Tale a su directement séduire la communauté vidéoludique. Alors même que son développement était en cours, le titre a reçu le prix du « Best Newcomer » au German Videogame Award 2019, mais il a aussi remporté six awards sur douze lors des Game Connection Europe 2019, et fut même finaliste de plusieurs sélections telles que le « Meilleur jeu étudiant 2020 » lors du Independant Games Festival, ou encore celui du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS).

De bien belles récompenses, mais qui se cache exactement derrière A Juggler’s Tale ? Eh bien, c’est l’équipe Kaléidoscube. Basé dans le Sud de l’Allemagne, et aussi surprenant que cela puisse paraître, le studio a été fondé par ses membres durant leurs études à la Filmakademie Baden-Württemberg. Ils ont pour projet de mettre l’atmosphère et la narration au centre de leurs productions. Après plusieurs contributions sur des projets de jeux, et des courts métrages primés (Benu), Kaléidoscube s’est donc tourné vers leur premier jeu majeur : A Juggler’s Tale. Un soft mettant en avant le théâtre de marionnettes avec un conteur qui sait retenir l’attention.

Un récit captivant

Cela commence par une belle soirée, au sein d’une taverne qui propose un spectacle de marionnettes, mais pas n’importe lequel. En effet, Jack, le maître conteur, propose à son auditoire de leur raconter une histoire pouvant plaire aussi bien aux petits qu’aux grands, et qu’elle leur paraîtra extrêmement réelle.

Tirant les ficelles en hors champ, Jack présente la petite Abby, une jeune marionnette. De jour, cette dernière est une artiste de cirque s’attirant les acclamations de la foule pour ses nombreux tours, alors qu’à la nuit tombée, tout bascule. Abby et son partenaire Urs, un ours, se retrouvent enfermés dans des cages.

Elle qui rêve de liberté, et de voir le monde, est attristée chaque soir. Et pourtant une nuit, grâce à deux petits rats, et une simple pomme, Abby découvre enfin un avant-goût de la liberté. Mais entre les grands dangers du monde et son geôlier qui cherchera à la récupérer, Abby arrivera-t-elle à garder sa liberté et se libérer de toutes ses chaînes ?

Tout comme pour un spectacle de marionnettes, les voix des personnages et la narration passent par le conteur Jack. Sa présence scénique, que nous avons vécue en anglais, la langue allemande étant également disponible, est tout bonnement sans fausse note. Alliant les rimes pour la narration de cette histoire, quelques « dramaturgies », moqueries, ou même improvisations farfelues, il permet de donner plus d’émotion et de s’immerger plus facilement dans la quête d’Abby. Un moment touchant sur l’émancipation et la soif de liberté que l’on découvre durant approximativement deux heures avant que le rideau ne se baisse.

Un gameplay accessible alliant des mécaniques connues et une feature liée à des ficelles

Le gameplay d’A Juggler’s Tale s’appuie sur une épopée narrative en 2D side-scrolling, telle une scène de spectacle de marionnettes. Comme Inside, Limbo ou encore les Little Nightmares, ces titres ayant inspiré les développeurs, l’aventure est très accessible en plus d’être intuitive par un petit nombre de commandes distincts. Nous avons ainsi le classique déplacement, un saut, ainsi qu’une touche d’interaction.

Touche d’interaction qui sert bien évidemment à la résolution de puzzles/énigmes. Ces derniers, assez simples, vont du lancer d’un morceau de bois à un chien pour le distraire à des passages d’infiltration où l’on ne doit pas se faire repérer, en passant par des puzzles un peu plus complexes. Attention, complexes non pas dans le sens d’une difficulté ardue, mais davantage où il faut mettre un peu plus sa jugeote à contribution en observant bien les décors et détails alentours.

Parlant justement de détails, à contrario des jeux auxquels il fait référence, A Juggler’s Tale possède une particularité bien sentie : les marionnettes sont liées à des fils et ficelles ne pouvant être coupés, la progression peut donc être entravée par des objets et bâtisses, comme les pales d’un moulin à vent par exemple. Cet ensemble d’observation et de ficelles révèle des puzzles assez originaux et ingénieux dans leurs approches et résolutions, même si l’on aurait vraiment aimé qu’elles soient mises à contribution dans plus de situations.

Un très bel enrobage graphique et sonore

D’un point de vue visuel, le soft a été réalisé sous Unreal Engine 4 et profite d’une direction artistique sublime. Chaque passage, qu’il s’agisse de moments macabres et sombres en pleine nuit, ou en journée avec un champ de blé, ou avec des teintes automnales de soleil couchant, est véritablement très bien réalisé et l’on se surprend à s’arrêter pour regarder les superbes panoramas qui nous entourent.

Dommage cependant que l’on rencontre quelques petits soucis de collision ou d’animation liés aux ficelles de notre protagoniste. De même lors du second passage avec Urs lors du premier acte, les ficelles d’Abby traversent le visage et pelage de son acolyte… De menus détails pour cette première production, certes, mais ne gâchant en rien l’épopée d’Abby.

Finissons maintenant cette dernière partie par l’aspect sonore. Sans revenir sur la très bonne performance du doublage de Jack, le reste de l’enrobage sonore est tout aussi soigné. Les bruitages d’orage, de pluie, etc…, et la bande-son de Jordan Toms, assez discrète par moment, ou plus rythmée, apportent une réelle plus-value pour l’ambiance.

Enfin, sachez que si les voix sont en anglais ou allemand, les sous-titres sont dans notre belle langue de Molière, avec un maximum de rimes pour rester dans le thème, même si l’on y perd un peu au change lors de certains passages. Rassurez-vous tout de même, comme nous le disions plus haut, les dialogues sont vraiment très bien écrits.

Testé sur Xbox Series X