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Biomutant : L’Action-RPG post-apocalyptique au fort potentiel



Le soft est le fruit des membres d’Experiment 101, une équipe basée à Stockholm en Suède qui fut cofondée en 2015 par Goodbye Kansas Game Invest (renommé en Amplifier Game Invest) et par le développeur vétéran Stefan Ljungqvist.

Un homme qui n’est pas inconnu pour les connaisseur(euse)s puisqu’il fut notamment art et game director chez Avalanche Studios, et fut même l’un des membres clé derrière les licences Mad Max et Just Cause, deux franchises violentes et explosives en monde ouvert. Aujourd’hui, le studio fait parti de THQ Nordic suite à son rachat en novembre 2017, soit quelques mois après nous avoir annoncé Biomutant, une fable Kung-fu mêlant éléments fantastiques et univers post-apocalyptique.

Une renaissance du monde en proie à un nouveau danger

Il y a fort longtemps sur notre belle planète, vivaient des hommes et des femmes tout ce qu’il y a de plus normal. Seulement tout a basculé le jour où la société Toxanol a décidé de polluer les eaux avec des produits chimiques. Depuis lors, l’Humanité a petit à petit dépéri et a fui notre planète jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun humain sur Terre.

Après cette catastrophe et d’autres ayant suivies, le monde a commencé sa renaissance en incluant la toxicité de la pollution ambiante. Si la nature a repris vie, la faune s’est adaptée en changeant constamment son ADN. Ces mutations génétiques ont donné naissance à des êtres anthropomorphes aux pouvoirs extraordinaires.

Nous incarnons l’un d’entre eux qui a dû s’exiler de sa terre natale autrefois en paix, un exil dû à l’attaque d’un terrible monstre ayant tout saccagé et abattu des êtres chers. Possédant les enseignements des techniques Wung-Fu de sa mère depuis sa plus tendre enfance, cet animal humanoïde revient de son exil pour se venger. Mais « cet élu » doit également décider de la tribu à laquelle il souhaite s’allier pour l’avenir. Laissera-t-il le sort du monde à sa perte et en proie à la destruction des « Mangemondes » dévorant les racines de l’Arbre de Vie ou le sauvera-t-il en les traquant ?

Ce ne sera d’ailleurs pas le seul choix auquel vous serez confronté dans l’aventure mais a de bien multiples possibilités, type dialogues à choix de réponses mêlant un système de « Karma » différenciant la notion du Bien (lumières) et du Mal (ténèbres). Venir en aide à son prochain pour qu’il se souvienne de vous, ou au contraire penser à soi et à sa survie, chaque acte et chaque choix que l’on effectue se répercutent sur l’aventure, parfois de façon très infime, parfois de manière plus profonde. Une chose est sûre, cela fonctionne plutôt bien et il nous arrive d’être tiraillés sur certaines réflexions à prendre alors que pourtant, elles semblent si simples à choisir de prime abord.

L’aventure s’articule également autour de plusieurs « scénarii narratifs » mêlant plusieurs thèmes graves, nous avons également de la réflexion sur l’écologie mais aussi un ton décalé et plus léger. L’ensemble est conté par un narrateur servant également de traducteur pour les différents protagonistes anthropomorphes (renard, raton-laveur, etc…), leurs dialogues ayant évolué dans une langue « très ancienne » : le « yaourt ». À noter que si vous trouvez le narrateur trop présent, il est possible de régler ses interventions à la baisse et inversement.

Afin d’en savoir plus sur l’Ancien Monde avant les catastrophes, il faut explorer cet univers de fond en comble. À ce sujet l’humour présent y est souvent associé -et pas uniquement- à nos objets actuels du quotidien comme un micro-ondes par exemple. Un parti pris maîtrisé que l’on avait déjà eu l’occasion de découvrir dans un autre soft post-apocalyptique : Mutant Year Zero – Road to Eden. Si l’ensemble des idées est bon, on regrette toutefois un certain manque de mises en scène et des cinématiques très, voire trop peu nombreuses…

Monde ouvert, généreux, axe d’amélioration poussé : un fort potentiel

Pourtant si le soft offre peu de cinématiques et une exploitation générale qui ne va pas au bout des possibilités, à l’inverse, Biomutant est assez généreux en mécaniques et en annexes. Cela commence d’ailleurs dès le début par la création de son personnage mutant. Si de prime abord nous pouvions penser à une énième personnalisation plus ou moins poussée, les développeurs ont mélangé cette partie avec des traits de statistiques spécifiques, une très bonne idée que l’on aimerait voir plus souvent. Par exemple, un être anthropomorphe ayant une « bonne bouille » a plus de charisme et peut, par conséquent, se procurer des objets moins chers alors qu’un physique plus costaud favorise forcément sa force brute. Il faut aussi prendre en considération une résistance élémentaire privilégiée servant à l’exploration de lieux y étant soumis, puis une classe de combat entre le commando, franc-tireur,… chacun ayant ses forces et faiblesses, tout comme son type de spécialisation de capacités comme sur l’ambidextrie ou la recharge de flingues plus rapide.

Si bien sûr, à chaque évolution du héros en cours de route, il sera possible d’opter pour des caractéristiques plus équilibrées ou pointues en ajoutant des points de charisme, vitalité entre autres, il est assez dommage que les
développeurs n’aient pas été plus loin en incluant directement une petite phase tutoriel, comme nous pouvions le voir avec les différents armements d’un Monster Hunter par exemple, afin de pouvoir prendre en main chaque classe au préalable, au moins pour commencer plus sereinement l’aventure.

Des classes spécialisées certes mais qui peuvent tout de même avoir accès à différents types d’armes comme des poings fracassants, ou simplement le fait de pouvoir se battre à mains nues à coups d’art martial Wung-Fu, à changer à la volée via une « roue des armes » mais aussi à customiser et créer à l’aide de tout ce que l’on récupère dans cet univers ravagé.

Un univers fort intéressant mélangeant notamment ces êtres anthropomorphes, des plaines ou encore des ruines de l’Ancien Monde (divers types de bâtiments et lieux d’anciennes villes) mais qui reprend aussi tous les codes des mondes ouverts en vigueur avec les bons éléments comme les mauvais, façon remplissage. D’un côté nous avons la trame principale incluant notamment la redite lors de l’« union » de clans qui se résume à reprendre des forts et attaquer la base ennemie en dernier, avec toutefois une petite feature pour les moins patient(e)s d’entre vous. Et de l’autre côté, nous avons un grand nombre d’annexes, certains étant classiques pour le genre et d’autres plus scénarisés, le tout sans oublier la découverte de secrets et les nombreux matériaux à récupérer çà et là.

Ces ressources permettent ainsi d’aborder un grand axe d’amélioration efficace servant à créer aussi bien de l’équipement pour notre personnage que des armes plus ou moins loufoques si l’on possède les bons outils. Par exemple il est possible de se créer une arme légère en associant un simple manche avec une brosse à WC, oui oui cela existe. Ces améliorations ne s’arrêtent pas là, car outre notre équipement, nous pouvons améliorer les caractéristiques de notre « héros » comme nous le disions mais aussi accéder à deux types de pouvoirs supplémentaires, l’un étant associé à son Karma et octroyant de ce fait des aptitudes en fonction de la « lumière » ou des « ténèbres » acquises.

Des affrontements ayant des combos très chorégraphiés

Un moyen de différencier son système de combativité lors des affrontements en temps réel. De manière générale, les déplacements de notre mutant répondent bien, et l’on peut alterner entre tirs au flingue, attaques rapprochées et utilisation de pouvoirs magiques. Ces derniers étant régis, tout comme la roulade, par une jauge de Ki se résumant à une jauge d’endurance plus classique.

Sous cet aspect agréable et des attaques lointaines bien réalisées avec des effets de « ralentis » à la Matrix, il demeure cependant quelques lacunes comme le fait que les combos soient assez peu nombreux par armement équipé au corps-à-corps ou encore qu’au niveau framerate, même en testant le jeu sur Series X via la rétrocompatibilité, diverses chutes surviennent.

C’est vraiment dommage, car comme pour le reste du jeu, si l’aventure devient répétitive à long terme -constat fréquent dans les mondes ouverts et leurs travers associés comme nous le disions-, quelques ajustements bienvenus et ajouts comme un lock manuel classique en combat rapproché permettraient à Biomutant de donner plus du punch à des combos très chorégraphiés et des possibilités générales auxquelles il manque une exploitation plus profonde.

Un univers fort intéressant malgré quelques soucis techniques

Un manquement que l’on remarque également sur l’enrobage global du titre, en particulier son framerate ayant du mal à rester stable en 60FPS. Si l’on rencontre aussi un peu de popping d’éléments et quelques textures baveuses, l’ensemble tranche radicalement avec les traditionnels mondes post-apocalyptiques d’autrefois et leurs tons grisâtres afin de proposer un monde sous le signe de la renaissance.

On y rencontre forcément des ruines de l’ancienne civilisation humaine avec par exemple des gravats, des arrêts de bus et autres bâtiments en ruines, mais depuis longtemps déjà la nature et sa végétation ont repris leurs droits pour un résultat cohérent et satisfaisant de ce monde possédant des couleurs vives et colorées. Sans oublier un design de personnages qui sort un peu de l’ordinaire dans cet univers de fable sur le Kung-Fu.

À ce sujet, les différents thèmes musicaux que l’on a eu le loisir d’écouter sont en parfaite adéquation avec l’ambiance voulue et n’hésitent pas non plus à être en harmonie avec les arts martiaux. Pour finir, précisons que nous sommes en face d’une version française intégrale.

Testé sur Xbox Series X via la rétrocompatibilité