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Concrete Genie : envie d’émerveillement, sortez vos pinceaux !



Annoncé il y a deux ans lors de la Paris Games Week, Concrete Genie est une exclusivité PS4 éditée par Sony. Cette expérience d’Action-Aventure « d’art » à part, possédant une compatibilité pour le casque VR, a été développée par PixelOpus.

Cette équipe, petite filiale de Sony, n’est d’ailleurs pas tout à fait inconnue dans l’industrie vidéoludique. Concrete Genie étant leur second projet, ils ont d’abord débuté avec Entwined, un jeu de rythme reçu moyennement par la critique. Avec Concrete Genie, on est donc dans la totale prise de risque avec un titre radicalement différent de son aîné.

Redonner des couleurs dans cette ville sombre

Tout démarre dans Denska, une ville portuaire autrefois peuplée et très animée. Mais suite à un accident tragique, la pollution et les ténèbres ont pris le dessus. La population est alors partie, laissant la commune complètement à l’abandon. Désormais sombre et sans vie, la cité « fantôme » fait peine à voir.

Pourtant, en dépit de cela, plusieurs adolescents s’y rendent. Parmi eux, il y a Ash, un solitaire qui profite du calme de la ville et de sa nostalgie des souvenirs passés pour griffonner ses dessins (des croquis) dans son carnet. Mais une bande d’ados le persécute et le harcèle à tout va, allant jusqu’à déchirer son carnet.

Ses œuvres perdues, le jeune homme est obligé et forcé de rejoindre le Phare, un lieu maudit, semble-t-il. Mais en arrivant sur place, ce n’est pas la peur qui attend Ash mais une rencontre inédite avec un « génie », enfin plus particulièrement avec l’une de ses créations préférées qui a pris vie devant lui : Luna.

Cette créature lui confie un pinceau magique pouvant matérialiser ses œuvres sur les murs (des graffs en d’autres mots). Sur les « conseils » de Luna, Ash cherche alors à redonner vie à la ville tout en éclaircissant certaines causes de l’accident survenu.

L’univers du soft est sombre et poétique à la fois, notamment grâce à une direction artistique sublime. Si ce récit fait une belle part à la naïveté et à l’opposition lumière/ténèbres (cela devrait d’ailleurs vous rappeler quelque chose), le titre parle aussi de thèmes plus graves comme le harcèlement, les Génies, ces créatures faites de peinture amènent également un brin de légèreté dans cette histoire agréable à suivre.

Une base Action Aventure connue

Pourtant même si le concept prône « la créativité artistique », le soft de PixelOpus s’articule sur des mécaniques simples du genre Action Aventure, avec notamment quelques énigmes et des secrets liés à l’art. Denska devient alors le terrain du jeu (visitable en 3D) de l’artiste en herbe qui se découvre de nouveaux talents.

Si Ash se contrôle sans soucis malgré un léger manque de précision lors de certains sauts (il peut aussi, entre autres, grimper sur des murs et glisser sur des cordes), l’appel des Génies est un atout indéniable dans sa progression. Oui car pour parer la ville de mille feux et accéder à certains passages bloqués, il faut compter sur ses compagnons en peinture.

Mais bien entendu, la racaille est présente pour tenter de nous faire vivre un cauchemar. Cependant si l’on se fait repérer, il est très facile de leur échapper en grimpant sur les toits, et quand ce n’est pas le cas, on peut les berner en les envoyant dans une mauvaise direction.

Gyroscope ou stick ?

Une fois semé, on peut prendre libre cours à la créativité en peignant sur les murs, et surtout ceux dotés d’une guirlande d’ampoules pour progresser dans le scénario. Enfin, on parle de créativité mais ce n’est pas tout à fait exact. En effet plutôt que de laisser totalement libre cours à son imagination, les motifs à réaliser sont d’ores et déjà imposés (par exemple de l’herbe, des pommes, une aurore boréale) mais c’est tout de même à nous de les agencer comme bon nous semble.

Pour cela le soft utilise les fonctions gyroscopiques de la Dualshock 4 ou le stick droit (en modifiant l’option dans les paramètres). On dessine alors sur les hauteurs de murs et sur toute leur longueur, puis les formes prennent vie nous laissant ainsi entrevoir tout le potentiel de la direction artistique.

Sous cet aspect enchanteur et cet émerveillement, on se demande quand même pourquoi le pavé tactile n’a pas été utilisé alors que l’on aurait forcément gagné en ergonomie et précision. Mais ce léger bémol n’enlève rien à l’expérience qui reste bon enfant malgré les thèmes abordés.

Il faut avoir du génie

Outre l’aspect artistique de ces dessins, Ash peut faire appel à des Génies sur certaines parcelles de mur. Ces créatures réalisées en 2D progressent de « gauche à droite » (et inversement) sur tout l’espace qui leur est dédié, un peu comme dans Paper Mario, Super Mario Odyssey, ou encore The Legend of Zelda – A Link Between Worlds lorsque les héros sont « peints » au mur. Ces Génies sont là principalement pour aider Ash dans sa quête mais ils sont également plutôt joueurs.

On peut alors leur faire plaisir en dessinant les motifs de leur choix pour qu’ils soient heureux et plus « complices » avec Ash. Grâce à cela, notre héros récupère de la Super-Peinture pour dissoudre et donc enlever les taches de ténèbres violettes (là c’est similaire à Super Mario Sunshine) afin que ses alliés puissent progresser. En contrepartie, les Génies aident Ash à leur tour via un pouvoir spécial.

Ce pouvoir est directement déterminé par le type de créature prévu par le « script ». Si l’on peut personnaliser légèrement un Génie (avec des oreilles par exemple), cela n’a absolument pas d’incidence sur ladite compétence élémentaire.

Eh oui chaque type de créatures répertoriées par une couleur différente dispose d’un pouvoir élémentaire. Par exemple un Génie du feu peut brûler une bâche, alors qu’un électrique alimente des appareils en… électricité tout simplement. Dommage que ces énigmes associées soient relativement simples mais en même temps, grâce à cela, Concrete Genie s’adresse à un plus large public.

L’art sublime de la peinture

Comme nous vous l’avons déjà dit, la direction artistique du soft est une belle réussite. Les développeurs se sont basés sur deux aspects graphiques : l’un proche des œuvres de Tim Burton et l’autre plus proche de dessins peints à la main, style BD, et l’on doit dire que cela fonctionne bien.

Mais ce que l’on retient surtout c’est le troisième élément : les décors et les personnages « muraux » qui s’illuminent et se parent de mille feux grâce aux différents effets de lumière et reliefs de peinture qui contrastent tout à fait avec cette ville triste et sombre. Le rendu de ces nombreux mélanges de couleurs est superbe, même si l’on n’atteint pas encore l’excellence.

Pour atteindre ce niveau, il aurait fallu que toutes les textures soient au même niveau, tout comme la partie technique où plusieurs chutes de framerate viennent entacher la beauté artistique sur PS4 Pro. Sachez également que si vous êtes en possession de ce système, une option proposant du 4K est disponible.

Pour finir, la bande-son est en accord avec le visuel proposé allant de thèmes mélodieux à des plus tendus, et le soft est doté d’une version française intégrale réussie et dans le ton.

Testé sur PS4 Pro