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Triangle Strategy : Un excellent TRPG au récit captivant !



S’il a été révélé en février 2021 lors d’un Nintendo Direct, Triangle Strategy est le fruit des développeurs d’Artdink. Ce studio japonais fondé en 1986, est connu principalement pour deux franchises : Take the A Train et Lunatic Dawn.

En outre, Triangle Strategy s’est octroyé les services de Tomoya Asano, déjà à l’œuvre sur Bravely Default, Octopath Traveler,… dont vous avez pu lire les tests dans nos colonnes. Mais trêve de bavardage, sans plus attendre parlons de notre voyage en compagnie de Serenor et la maison Wolffort.

Un scénario captivant 

Il y a de cela 30 ans, suite à d’incessantes querelles autour de précieuses ressources, le continent de Norzélia, abritant trois grandes nations, subit une lourde guerre surnommée « la Guerre du sel et du fer ». Chacun de ces trois pays régissant, avait, et possède toujours aujourd’hui en leur sein, un élément capital pour la survie du monde entier.

Ainsi dans le royaume de Glenbrook, le fleuve était la plaque tournante du commerce naval. Au Nord, le duché d’Aesfrost contenait les veines de fer. Et à l’Est, les terres sacrées d’Hyzante regorgeaient de l’unique source de « sel », indispensable à la vie de bien des manières.

Épuisées par la guerre, les trois nations ont ensuite déclaré une trêve en créant une partie neutre : la Firme norzélienne. S’ensuivit alors une paix. Trente ans plus tard, une consolidation a lieu entre deux de ces nations : le duché d’Aesfrost et la très réputée maison Wolffort (vassaux des Glenbrook).

En dehors de cette union arrangée, va avoir lieu une cérémonie d’inauguration effectuée par les différents représentants des trois pays, qui célébrera l’ouverture d’une nouvelle mine commune aux trois pays.

Tout allait donc pour le mieux, d’autant que Simon Wolffort, patriarche de la maison Wolffort, confie les rênes de la maison à son fils unique : Serenor. Ce dernier étant lié à Frédérica par l’union politique prévue entre Aesfrost et Glenbrook, ils tiennent d’ailleurs une place diplomatique importante. Mais les apparences sont souvent trompeuses, et ce qui semblait être une paix durable est en fait fragile…

Sans en dire plus afin de ne pas gâcher le suspens, le scénario de Triangle Strategy est très attrayant, mieux il est captivant de bout en bout grâce à un univers et une Lore riches. Entre les complots politiques, les trahisons, les mesquineries, les moments de diplomatie délicats, le ton sérieux, mature, les drames, les retournements de situation, on a vraiment du mal à décrocher.

Et ce d’autant plus que la trame est extrêmement bien ficelée, elle prend le temps de distiller les enjeux avec beaucoup de dialogues, des phases contemplatives que regretteront certain(e)s au vu du ratio histoire/combat établit à environ 60/40. De plus, les personnages, intéressants, chacun(e) avec son caractère et un œil sur ce qui l’entoure, ne sont pas relégués au plan secondaire mais tiennent une place importante dans le déroulement de l’aventure : ils ont le destin de la maison Wolffort entre leurs mains.

La Balance des Convictions, une feature rafraîchissante, bien amenée et au cœur du jeu

Chacun(e) d’entre eux ne sera pas forcément d’accord sur les choix à adopter, qu’il s’agisse de leur propre vision des faits ou encore de potentiels bienfaits pour le peuple de la maison Wolffort -en fonction d’enjeux politiques-.

Pour remédier à ces désaccords, les Wolffort bénéficient d’un objet spécial transmis de génération en génération : la Balance des Convictions. De manière concrète, ce système de la Balance des Convictions se résume à des votes et donc une forme de démocratie totale.

Plus qu’un simple gadget, cette feature rafraîchissante, bien amenée et au cœur du jeu, nous propose de converser avec les protagonistes principaux dans le but de connaître leur(s) opinion(s) et celle(s) de Serenor (le nouveau chef des Wolffort pour rappel), avant un vote ultime décidant de la suite des événements.

Ces discussions ne sont toutefois pas à prendre à la légère. Effectivement, chaque choix étant cornélien, on peut influencer ou du moins tenter de convaincre autrui de se rallier à son idée première, et ceci même si elle apparaît contraire aux convictions et principes de Serenor. Mais attention, n’allez pas croire que faire pencher la balance en sa faveur et faire « céder » quelques réticents soit aussi simple, car même avec une certaine force de persuasion par les dialogues -et des alternatives de réponses à débloquer-, il se peut que votre bon sens du moment ne soit pas écouté et que l’autre solution soit choisie à la place -sans votre consentement donc-.

Cette feature arrive ainsi à nous immerger davantage dans ces enjeux politiques, d’autant qu’il n’existe pas réellement de « bons choix » à proprement parler. Les séquences s’enchaînant alors avec différents embranchements scénaristiques plus ou moins profonds, mais gardez à l’esprit qu’il faut penser aux modifications au sens large du récit. Ainsi les choix de réponses apportées par Serenor, modifient de manière cachée ses propres convictions, le recrutement d’alliés secondaires aux talents très intéressants et utiles, bien que ces derniers auraient mérité plus de mise en lumière scénaristique. Il y a aussi le changement de relations, des séquences différentes selon certaines données de combats par exemple, ainsi que l’accès à plusieurs fins.

Plutôt qu’une véritable exploration, cette phase sert plus l’intrigue de l’aventure

Pour que l’on puisse en apprendre encore plus et recueillir des informations, craintes ou espoirs du peuple, les développeurs ont mis en place une « mini exploration » de bourgs / lieux sous forme d’investigation.

L’occasion de discuter avec les habitant(e)s pour glaner des données cruciales sur le Lore, d’en apprendre plus sur les trois pays, d’avoir des nouvelles « croustillantes », de débloquer de nouveaux choix pour les votes ou même pour les batailles à venir, de jouer sur les traits de la conviction et de récupérer quelques objets par-ci, par-là. Plutôt qu’une véritable exploration, cette phase sert plus l’intrigue de l’aventure, tout en apportant un point de vue d’ensemble stratégique sur des maps d’action à venir.

Les services et améliorations

Avant de partir à l’assaut, et donc de combattre ou de protéger / escorter des alliés, il faut penser à se préparer au campement des Wolffort.

On retrouve ainsi plusieurs services généralement typiques du genre et indispensables avec l’achat / vente d’objets offensifs / défensifs, d’accessoires, de ressources, la possibilité de réaliser des batailles optionnelles pour engranger de l’expérience ou encore des objets pour le renforcement de l’armement.

On peut également échanger des points de « Hauts-Faits » (gagné en affrontements), et ainsi récolter des informations supplémentaires approfondissant l’univers du jeu, des objets spéciaux pour changer les « grades » de nos combattant(e)s, ou encore acquérir des atouts fort utiles en difficulté élevée.

Enfin parmi le reste du classique fonctionnant à merveille, il y a l’upgrade des grades permettant l’acquisition de nouvelles compétences, modifications de stats, points de PT (requis pour certaines actions),… et un système de compétences à débloquer avec des deniers et matériaux particuliers. Des éléments à ne surtout pas laisser de côté pour vivre des batailles moins complexes.

Peu d’affrontements, mais ils sont vraiment tactiques et aux multiples possibilités

Des affrontements, certes moins présents que l’axe scénaristique mis en avant (en omettant les optionnels), mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont été bâclés. C’est même le contraire puisqu’ils sont bien tactiques et très plaisants à réaliser.

Comme le veut la tradition des jeux du genre, chaque bataille se déroule sur une map jonchée d’une grille, constituée à la fois d’ennemis et d’alliés. Ces derniers sont d’ailleurs directement répertoriés selon une classe particulière, et il n’est pas possible d’en changer. Une soigneuse est donc principalement axée sur la magie curative et reste fragile, tandis qu’un archer profite des dénivelés et de la hauteur pour vaincre des opposants à distance.

En outre, on retrouve également les autres schémas classiques et efficaces des TRPGs, à savoir la portée de déplacement et des frappes, des attaques standard, des coups / sorts spéciaux (en échange ici de points de PTs), l’utilisation d’objets offensifs / défensifs, la faiblesse face aux frappes de dos, la posture de fin d’action. Ou même les combos avec un allié transposé ici sous forme de tenaille, deux personnages de la même équipe encerclant un opposant de chaque côté.

Il faut aussi prendre en considération la verticalité du terrain le type d’adversaire en face de soi, les altérations d’état (poison, cécité, immobilité,…), etc… Le tout sans oublier le système de faiblesses élémentaires. D’ailleurs à ce sujet, le soft va même plus loin en exploitant la topographie du terrain et la météo. Par exemple, en mettant le feu à de l’herbe et/ou des grappes de raisins, une partie s’enflamme, ce qui a deux répercussions : empêcher les ennemis d’avancer, idéal pour retourner une situation délicate en sa faveur, et brûler les opposants affectés par les flammes.

On peut aussi se servir de la glace pour ralentir ses adversaires,… Il y a vraiment de multiples possibilités stratégiques, et de façon différente de remporter la victoire, et encore nous n’avons pas encore parlé de la feature des « atouts ». Sans trop entrer dans les détails, ces cartes d’atouts, aux effets divers (soin du personnage et des malus, action immédiate de l’unité choisie,…) peuvent être déployées lors des affrontements en échange de points de PA spécifique. Encore une fois, nous ne faisons qu’énumérer quelques situations parmi tant d’autres, mais vous l’aurez compris, ces batailles, exigeantes et tactiques, sont très satisfaisantes, gratifiantes et fun à jouer.

Une partie graphique qui fait toujours mouche, et un OST épique

D’un point de vue visuel, le soft s’appuie sur le même style visuel que l’on avait déjà vu dans Octopath Traveler, à savoir du HD-2D. Cet enrobage, mélange entre rétro et modernité, sied à une nouvelle fois à merveille pour la nomade de Nintendo. L’ambiance de guerre, et d’espoir sont retranscrits de la plus belle des façons -même musicalement d’ailleurs-.

À propos, vous le savez peut-être, ce style graphique HD-2D devient/deviendra la norme pour les prochains Remasters/Remakes d’anciennes productions « rétro/rétrogaming » Square Enix tels que pour le retour de Live A Live, ou encore Dragon Quest 3 HD-2D Remake.

Finissons par l’aspect sonore. Nous le disions juste un peu avant, l’OST, épique, accompagne parfaitement le ton et l’ambiance de l’aventure. Précisons également que les sous-titres sont en français, et les doublages, de qualité, en japonais ou en anglais.