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Bayonetta 2 : Macho women with guns



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Bayonetta, c’est une sorcière aux courbes lascives à la limite de l’obscénité que n’eut pas renié Tsukasa Hojo. Et cette sorcière, c’est vous. Pour qui n’a pas joué au premier opus, les premières minutes peuvent sembler déroutantes, avec des personnages surgissant sans que rien ne les situe dans l’univers ou ne dise un peu qui ils sont, mais en vérité, et pour être trivial, on s’en fout un peu : le scénario va de toutes façons très rapidement se noyer dans une indigence absolue, on finira quand même par savoir ce qu’il y a savoir sur X ou Y, et de la même manière qu’on ne va pas voir un film de Brett Ratner pour son scénario, on ne joue pas non plus à Bayonetta 2 pour ça. Précisons quand même que l’on trouve désormais sur la WiiU le premier Bayonetta, toujours très efficace malgré une caméra très problématique (qui heureusement est partie en vacances sur le second opus, mais nous y reviendrons).

Mais avant d’en venir au jeu en lui-même, penchons-nous quand même un peu sur sa gestation. J’évoquais il y a quelques lignes l’accueil critique enthousiaste du premier opus, que j’ai cité comme une référence du beat’em all de luxe. Seulement, il se trouve que le public n’a pas suivi, du tout, et Sega s’est donc trouvé gros jean comme devant avec un jeu certes très réussi mais totalement ignoré. C’est alors que Maître Nintendo, par l’odeur alléché, vint apporter un gros paquet de sousous dans le but de récupérer la juteuse licence. Intéressant, mais audacieux, car un jeu de ce genre, même en exclu, reste un énorme pari. Certes, pour Nintendo, qui entend relancer sa Wii U auprès des Core Gamers, le signe est fort, mais rien ne certifie que le succès sera au rendez-vous. Aussi voyons cela comme un positionnement stratégique que les fans applaudiront à tout rompre.

Ainsi donc vous voilà aux commandes de cette fameuse Cereza, ou Bayonetta, c’est selon, sorcière immortelle (sauf mort violente, bien sûr), obligée d’aller retapisser des zones ennemies à grands coups de tripes (et ce n’est pas une image) pour aller, au départ, sauver son ami Jeanne.

Je dis « au départ » car ATTENTION SPOILER MASSIF vous allez ensuite retrouver la sulfureuse Jeanne et même pouvoir l’incarner pour de bon FIN DE SPOILER MERCI.

Et dès les premières minutes de Bayonetta 2, on sait à quoi s’attendre : déferlantes d’ennemis, créatures titanesques, le tout rappelle, à certains égards, un Ninja Blade (injustement méprisé) ou un Asura’s Wrath. Se battre sur un avion en vol, ce n’est quand même pas tous les jours ! Et pour bourriner, ça, on va bourriner : Bayonetta se contrôle sans aucune difficulté : mains, pieds, saut, action, pouvoirs spéciaux, tout répond à un bouton de la mablette et se combine avec fluidité pour déclencher des combos délirants résultant le plus souvent sur une mise à mort particulièrement immonde, dans un délire ininterrompu où l’on se demande quel morceau de bravoure va succéder au précédent.

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Alors certes, certains décors sont assez moches, et les plus tatillons pourront noter un peu d’aliasing, mais en même temps on ne vérifie pas chaque boulon d’un grand huit, et vous aurez largement assez à faire pour oublier tout ce qui peut être annexe à l’écran.

J’évoquais la caméra il y a quelques paragraphes (sinon vous avez raté un passage, relisez cet article), et le fait est qu’elle est d’une part moins capricieuse et d’autre part beaucoup plus aisée à reprendre en mains que celle du premier opus. Les coureurs de score, adeptes de la précision, ne pourront qu’applaudir cet effort, symbole fort de ce que Platinum Games a eu l’obsession d’améliorer son premier jeu en tous points.

Pour ne pas casser le rythme, les phases de plate-formes ont à peu près disparu, ce qui donne au jeu une allure de film d’action furieux pas désagréable. En revanche, et là je serai sans doute le seul à m’en plaindre, mais certaines cut-scenes auraient gagné à conserver les QTE du premier opus. Moins fatals, moins punitifs, mais ils auraient maintenu le joueur encore plus sur les nerfs.

Après, ne nous y trompons pas, le fond du jeu ne change pas : il s’agit toujours d’une sorcière qui dérouille anges et démons, invoque des bestioles pas très catholiques, et fait des cascades improbables en affrontant des béhémoths. Mais elle le fait avec style, et il faut bien avouer que regarder quelqu’un d’autre jouer n’est pas désagréable tant le spectacle porte bien son nom.

En revanche, pour les nouveautés, à côté du système de combos aux petits oignons, basé comme il se doit sur le timing des coups, des esquives et de suites de coup, on trouve donc des mises à morts, et Bayonetta peut dorénavant déchaîner son pouvoir de l’Umbra pour pulvériser une cible unique ou des grappes de péon avec des coups d’une violence décuplée. Efficace, je vous le garantis. Et pour la petite anecdote, sachez que par ce biais il est aussi possible de voler l’arme d’un adversaire, ce qui ne sert pas à grand chose mais donne un peu de sel aux affrontements.

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En revanche, et là les puristes seront déçus, le jeu est un peu plus facile qu’avant. Le premier run, en difficulté standard, est assez court, environ 8 heures. En revanche, les choses se corsent dès qu’on touche aux niveaux de difficulté supérieurs, la donne change, et pas qu’un peu, vous invitant à prendre davantage en considération des monstres que vous auriez ignoré sans cela…

Cerise sur le gâteau, le matériel à récupérer est absolument pléthorique, puisque l’association avec Nintendo a permis de rajouter des objets à collectionner nombreux et sympathiques, ainsi que des petits clins d’oeil savoureux. On sent une forme de déférence de Platinum envers Nintendo, et ce n’est pas désagréable. La cueillette a été fort fructueuse, rarement utile, mais fructueuse.

Enfin, last but not least, vous aurez aussi la possibilité d’affronter un joueur (IA ou en ligne) dans une succession d’arène en six manches. Le but sera alors de dérouiller un type d’ennemis uniques et un boss en faisant un score maximum, et le gagnant choisira le round suivant. Seule ombre au tableau, du coup, un bon joueur qui connait bien ce mode, s’il gagne la première, risque bien d’enchainer les victoires… L’ensemble est fluide, solide, bref, de la belle ouvrage.

Avant de conclure, je dois quand même m’offrir un petit quart d’heure de vieux réac. Est-il vraiment indispensable de montrer une sorcière à moitié à poil la moitié du jeu pour affrioler le jeune puceau ? Tout comme Dead or Alive, les développeurs ont-ils une vision si basse du gamer frénétique qu’ils l’assimilent à un gros frustré que du sein et des fesses vont exciter au point de donner aux indécis l’envie d’acheter le jeu ? Dès la scène d’ouverture, on a un plan effarant sur Bayonetta jambes écartées, et les allusions graveleuses de ce genre ont cours tout au long du jeu. Or, non seulement je ne suis pas la cible, mais ça a même réussi à m’agacer par moments du fait de l’aspect putassier de la chose. Ce n’est pas déterminant, après avoir hésité j’ai décidé de ne pas sanctionner la note du jeu par rapport à cela, mais c’est vraiment quelque chose d’assez gratuit. Une action frénétique est largement suffisante, pas besoin de flatter encore davantage les bas instincts…

 

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