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Arts martiaux et jeux vidéo



Dans le cadre de notre semaine spéciale Arts Martiaux, nous avons décidé de vous plonger dans l’histoire des jeux vidéo qui ont fait la part belle aux arts martiaux. Par arts martiaux, nous entendons ici les sports de combat ou au moins les combats à mains nues et armes blanches seulement. Ainsi, nous n’intégrerons pas, par exemple, les jeux Dragon Ball ou Naruto, car après de multiples vérifications nous ne connaissons personne qui puisse lancer des boules d’énergie ou se transformer en chien. Ces jeux seraient plutôt du fantasy fighting. En revanche, malgré quelques effets spéciaux irréalistes, nous parlerons bien évidemment de celui qui a démocratisé le genre, Street Fighter, du fait de sa place de pierre angulaire. Enfilez les kimonos et les ceintures blanches, c’est parti.

Il y a bientôt trente ans, et oui déjà, nos machines de l’époque ont vu débarquer quelques jeux restés légendaires pour ceux qui les ont connus. On pense ainsi à Yie Ar Kung Fu, ressorti depuis sur le XBLA, qui se basait sur des patterns assez précis, et constitue l’un des pionniers de son genre.

Les plus anciens se souviendront aussi de Karate Champ, ou d’International Karate +, l’un des premiers à disposer d’un mode multi jouissif, eux aussi dispos sur des machines récentes, ce qui en dit long sur l’effet Madeleine de Proust que peuvent procurer ces jeux…

 

A cette époque, pourtant, le style peine à s’imposer, et malgré quelques succès comme le premier Street Fighter ou Punch Out, les arts martiaux n’ont pas vraiment la côté chez les gamers. A l’époque, ce sont les beat’em all, comme Final Fight, Double Dragon ou Sengoku qui tiennent le haut du pavé. Dans un sens, les beat’em all aussi sont des jeux d’arts martiaux, mais ils ne mettent pas en scène suffisamment le style de combat en question pour être à la hauteur des jeux de combat dans cet exercice.

Et c’est là, en 1991, qu’intervient le sauveur. Ce sauveur, c’est Street Fighter II. Les plus jeunes d’entre vous ne mesurent pas à quel point ce jeu a mis le monde ludique en émoi à sa sortie : files d’attentes dans les salles de jeux, les pieces posées sur les bornes pour « reserver sa place », sortie triomphale sur consoles 16 bits… Même si le jeu n’est pas stricto sensu un jeu d’arts martiaux (on n’a encore jamais vu un sumo voler ou un mutant électrique), la base reste tout de même un poing/pied, et toutes les bases sont là : la barre d’énergie, les chopes, le timer, une marge de progression importante. D’ailleurs, elles étaient déjà là dans le méconnu Street Fighter 1. Enfin, c’est l’apparition des coups spéciaux, et tous les jeux, même réalistes, auront eux aussi des combinaisons de touches à effectuer pour déchaîner des pluies de coups sur ses adversaires. La seule exception, ce sont les coups ultimes, type furies, inventés par SNK.

Ah, les joies des traductions à la va-vite

Le succès est immédiat, et les éditeurs concurrents, comme donc SNK, se ruent dans la brèche. Mortal Kombat arrive bientôt, Art of Fighting, jusqu’au jeu-chorale King of Fighters, au succès jamais démenti, et beaucoup d’autres également, mais on peut dire qu’aucun d’entre eux n’aura jamais le retentissement de SF II, en tous cas en Europe.

A noter que le genre se diversifie. Ainsi, on découvre bientôt Samurai Shodown, premier du genre à l’arme blanche, lui aussi très fantaisiste mais forcément original, ou encore Darkstalkers et ses créatures mythologiques.

En attendant, encore une fois, c’est Capcom qui va innover, en mettant, avec Street Fighter Alpha, les enchaînements au cœur du gameplay, et tous ceux qui aujourd’hui jouent à Tekken ou à à peu près n’importe quel jeu de baston savent à quel point cette donnée est restée fondamentale.

Et pourtant, pourtant, la vraie révolution est à mettre à l’actif de Sega, qui balance en 1994 une bombe : le premier jeu de baston en 3D, et l’un des premiers en 3D tout court à voir le jour : Virtua Fighter. LEs joueurs s’emparent avec délectation de cette troisième dimension pour jouter à tout-va, les côtés deviennent un espace exploitable : l’avancée est considérables, et va bouleverser définitivement le monde du jeu.

 

La technique a fait quelques progrès depuis…

La 3D ouvre la voie à une nouvelle façon d’envisager le combat, dans laquelle s’engouffreront d’autres licences : Tekken, SoulCalibur, Dead or Alive, la liste est longue. On pourra quand même accorder un bon point à Tekken, certainement celui qui tente le plus de respecter les fondamentaux de l’art martial pratiqué par chacun de ses participants…

Nouvelles animations, réalisme accrue, la route est ouverte pour de nouveaux jeux, un peu plus réalistes. A ce titre, on peut citer, par exemple, Bushido Blade, sorti sur Playstation, et qui mettait en scène des combats à l’arme blanche réalistes, se voulant même une simulation de kenjutsu : chaque coup porté correctement était fatal ! Un vrai duel, dans lequel chaque joueur jaugeait l’autre, et attendait le moment propice pour tenter de porter son attaque.

Pourquoi, d’ailleurs, ces jeux séduisent-ils tant ? Les raisons sont multiples : d’abord, ils font évidemment appel à l’esprit de compétition. Des duels, souvent contre un joueur humain, ou au moins contre une IA souvent retorse et aux possibilités mutliples, c’est toujours l’occasion de s’imposer. De même, ces jeux donnent souvent l’envie de s’entraîner, de jouer encore et encore pour s’améliorer et monter dans la hierarchie mondiale. Aujourd’hui, certains joueurs, comme TheBeast pour SF, sont connus et reconnus, et les battre n’est pas un mince exploit dans une carrière de joueur. Du reste, certains titres sont assez exigeants, et si les bases en sont vite acquises, ils se méritent et tout le monde ne pourra pas, avant même de vouloir se frotter au gratin, maîtriser suffisamment le jeu…

A noter, d’ailleurs, que le jeu professionnel, et avant cela les tournois de jeux vidéo, ont commencé avec les jeux de combat, bien avant les STR, au Japon.

Par ailleurs, il y a une identification assez forte : chaque joueur trouve assez vite un personnage qui lui plait, qui lui ressemble, ou les deux. Tout le monde a eu des querelles de chapelle pour élire le meilleur personnage de SF ou de Tekken, la question ne pouvant pas être résolue avec des critères objectifs.

Enfin, ne nous mentons pas, ces jeux défoulent. Qui n’a jamais passé ses nerfs sur ce genre de jeu?

L’histoire a ensuite continué son petit bonhomme de chemin, les jeux s’ajoutant des décors destructibles, des matchs par équipes, et ainsi de suite. On peut d’ailleurs constater que les réelles innovations n’ont pas été légion en la matière, mais le genre reste terriblement populaire. Les séries se poursuivent sans faiblir, et nous avons ainsi pu tester dans nos colonnes récemment Dead or Alive 5 ou Tekken Tag Team Tournament 2

A côté de ces jeux, on peut aussi citer les derniers arrivés sur le marché, bien que là depuis fort longtemps : les jeux inspirés de la « réalité ». Si la série des Fight Night nous présente la boxe sous son meilleur jour, bien loin d’un Punch Out fantaisiste, il ne faut pas oublier les jeux de MMA et, bien sûr, la série des jeux de la WWE, la fédération de catch, qui sort tous les ans un titre qui s’impose derechef comme un grand succès. Certes, d’aucuns diront que le catch n’est pas un sport mais un spectacle, il n’empêche que d’anciens catcheurs font de belles carrières en MMA et que spectacle ou pas il s’agit tout de même d’un art martial accompli par des athlètes parfois tout à fait impressionnants…

Vouloir livrer une liste exhaustive des jeux de combat serait fastidieux : il faudrait y ajouter les difficiles Guilty Gear, les Darkstalkers, la série des Marvel vs Capcom, mais les faits sont là, et ils sont tenaces : les jeux d’arts martiaux sont parmi les plus appréciés de toute la galaxie vidéoludique, et ce n’est sans doute pas près de s’arrêter !