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Bioshock : bienvenue en enfer !



Pendant le festival, nous vous proposons un Focus Spécial consacré à la dystopie. Si vous nous suivez, vous savez qu’on aime bien traiter un sujet de la manière la plus transversale possible entre BDs, jeux, livres, cinéma … Du coup on lance le focus avec Bioshock, série culte s’il en est et qui entre totalement dans le sujet. Trois opus sont sortis jusque-là, on revient sur chacun d’entre eux et on vous parler du remaster sorti plus récemment. 

Bioshock – 9/10 

Avez-vous déjà entendu parler de Rapture ? Cette cité sous-marine secrète fut créée après la deuxième guerre mondiale par un mégalomane appelé Andrew Ryan. Ce dérangé a donné vie à ses utopies à plusieurs kilomètres de profondeur. Son but ? Une cité où les limites n’existent pas : des scientifiques qui laissent libre cours à leur folie créatrice, des artistes qui n’hésitent pas à tuer pour les besoins de leurs œuvres et je ne vous parle pas de tous les détraqués du bulbe que vous rencontrerez dans les ruelles obscures..

Vous commencerez vos pérégrinations armé d’une simple clé à molette, puis, petit à petit, vous goûterez aux joies d’un arsenal, certes classique, mais tout à fait digne de ce nom : pistolet, fusil à pompe, mitraillette, lance-grenades, arbalète et même lanceur chimique. Tout cela vous sera évidemment très secourable mais pas suffisant. N’oubliez pas que vous évoluez dans le paradis de la manipulation génétique, enfant terrible de scientifiques livrés à eux-mêmes. Dans cet univers instable, votre physiologie va rapidement s’altérer au contact d’une substance locale, la Plasmide, mais vous vous découvrirez aussi divers pouvoirs insoupçonnés tels que la télékinésie, la faculté de lancer des flammes et des éclairs ou encore celle de maîtriser la glace. Bien sûr, rien n’est gratuit et pour alimenter ces pouvoirs, il vous faudra récolter « l’Eve » que vous trouverez sous forme de seringues sur votre chemin. Avec ce mélange d’armes traditionnelles et de pouvoirs surnaturels, Bioshock s’offre une dimension tactique. Vous pourrez par exemple immobiliser vos ennemis avec l’électricité avant de les achever à coups de clé à molette ou les geler pour mieux les éclatez d’une seule balle de pistolet. Ces procédés demandent une certaine gymnastique ludique qui oriente définitivement Bioshock vers un public de gamers plutôt expérimentés.

L’originalité de Bioshock ne se résume pas exclusivement aux pouvoirs spéciaux. Vous aurez ainsi à prendre en compte un vaste système d’améliorations, des capacités physiques, aux aptitudes au combat, en passant par votre habilité en manufacture. Cette dernière vous permettra notamment de fabriquer des armes ou des munitions ou encore de pirater les tourelles ennemies pour qu’elles défendent votre camp. Grâce à votre appareil photo, vous pourrez aussi effectuer des recherches sur vos ennemis (à la manière de Metroid Prime) pour connaître leurs points faibles et améliorer l’efficacité de vos armes sur les sujets étudiés.

On a beau chercher, on ne trouve pas de défaut à ce Bioshock, à moins bien sûr d’être complètement réfractaire aux FPS… Les autres seront tour à tour captivés et enchantés par la richesse de cette aventure. Ils y retrouveront des thèmes chers aux auteurs d’anticipation (progrès génétiques, cité utopique, nouvelle répartition des pouvoirs…), des personnages hauts en couleur (à l’instar d’anciens médecins nazis) et des décors fourmillant de détails, le tout dans l’esprit « années 50 ».

Alors évidemment, le titre a pris un petit coup de vieux graphique, mais l’âme du jeu est toujours là.

Vous pouvez relire notre test complet iciTesté sur une version Xbox 360.

FPS – 2007 – PS3, PC, Mac, Xbox 360 – 2K Games 

 

 

Bioshock 2 – 10/10

Les premiers instants sont tout à fait révélateurs. On retrouve la ville qui n’a pas tellement bougée dix ans après votre sortie miraculeuse du premier épisode : l’eau tente de s’infiltrer partout, les chrosômes (les habitants fous à lier) squattent chaque parcelle de terrain et les petites sœurs (les personnages centraux de l’histoire) continuent de récolter l’Adam sur les cadavres en décomposition. Pour les cancres du fond de la classe rappelons que l’Adam est une drogue qui permet de modifier votre code génétique vous permettant au choix de jeter des éclairs, du feu, de la glace, des insectes et autres joyeusetés du même genre. L’Adam est ainsi une sorte de monnaie d’échange pour ces modifications appelées Plasmides. Les fortifiants (qui modifient vos caractéristiques physiques) sont aussi monnayables contre de l’Adam ou dénichables dans les recoins tordus de la ville. L’Eve est toujours aussi fidèle au poste en tant que carburant génétique nécessaire au déclenchement de vos plasmides. L’addiction de Bioshock réside ainsi, comme avant, dans la quête des améliorations vous menant à l’état d’être ultime, sorte de machine à tuer indestructible. Mais penser que cette suite est exempte de nouveautés serait une grave erreur.

La première modification majeure vous octroie la possibilité d’utiliser vos plasmides et votre arme de poing en même temps. Et cela ne sera pas de trop car les combats ont gagné en intensité avec des chrosômes plus agressifs, plus malins et surtout plus nombreux. A vous donc de combiner habilement les effets de vos plasmides et de vos armes classiques (mitrailleuse, fusil à pompe, lance-rivets, foreuse, …). Heureusement, face à la recrudescence d’ennemis, vous pouvez compter sur plusieurs niveaux de plasmide. Par exemple, si vous améliorez le plasmide feu, le niveau 2 vous permettra de créer des bombes atteignant plusieurs ennemis en même temps. Ces plasmides sont aussi désormais ‘chargeables’ si vous maintenez la gâchette gauche enfoncée : elles n’en auront que plus d’effets dévastateurs.

Du côté du bestiaire, on peut noter deux nouveautés essentielles : la grande sœur et le chrosôme enragé. La première est une sorte de Big Daddy femme qui n’apprécie pas, mais pas du tout, que vous libériez les petites sœurs de leur destin funeste. Elle se révèle un adversaire coriace à souhait et vous oblige à développer des tactiques fines si vous ne voulez pas rester sur le carreau. Le chrosôme enragé est le plus massif des chrosômes et il digère très bien vos bastosses. Il est une pièce de maître sur l’échiquier Rapture complétant idéalement ce bestiaire parfois un peu trop convenu.

Au final, Bioshock 2 tient toutes ses promesses. Les nouveautés sont judicieuses, les combats sont plus nerveux, les quelques lourdeurs du premier épisode ont été gommées et Rapture est toujours aussi fascinante. Cerise sur le gâteau, le gameplay plus agressif ne renie en rien les aspects exploration et RPG du titre. Il reste l’éternel dilemme de sacrifier les petites filles pour récupérer un max d’adam ou les sauver pour préserver votre âme. La balle est dans votre camp …

Vous pouvez relire notre test complet iciTesté sur une version PS3.

FPS – 2010 – PS3, PC, Mac, Xbox 360 – 2K Games 

 

 

Bioshock Infinite – 9/10 

Exit Rapture donc. Bienvenue à Columbia. Adieu les profondeurs abyssales des océans, les couloirs crasseux et humides d’une cité en ruine, bonjour les rues pavées lumineuses d’une ville moderne en quête d’Utopie.

C’est cette Utopie qui guidait aussi les pas de Rapture, oeuvre démente d’un fou absolument pas visionnaire. Columbia aussi a son chef, son illuminé de service, il s’appelle Comstock. Son créneau, c’est la foi. Il construit une ville sur la croyance en Dieu, une croyance aveugle. Voilà donc un milieu moraliste mais aussi xénophobe car les noirs sont des exclus à Columbia. Dans la pratique, les rues sont belles, les bâtiments sont rutilants et la propagande est omniprésente : les affiches et les messages scandés dans la ville glorifient notre ami Comstock. L’ambiance est celle des US des années 20 et vos premiers pas vous donneront l’impression d’un endroit où il fait bon vivre.

Ainsi, contrairement à ce qui se passait à Rapture, le mal est plus insidieux, plus discret. On ne retrouve pas les fous qui hantaient les profondeurs, non, là on a affaire à des personnes banales qui essaient de vivre au mieux dans les hauteurs. Mais quand on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il y a aussi des luttes de pouvoirs entre Comstock et des personnages qui ont pris une certaine importance dans la société de Columbia. Si on cherche encore plus loin, on entend parler de la Vox Populi. C’est une organisation qui veut détrôner le fou, redonner sa place au peuple et stopper la xénophobie. Evidemment, leurs desseins ne sont pas toujours aussi clairs et le scénario vous réserve bien des surprises.

Du côté du gameplay, on est en territoire connu, du moins au début de l’aventure. A ma droite les armes à feux, à ma gauche les toniques.

Commençons par l’artillerie. On est bel et bien en plein steam punk. Les pistolets, mitrailleuses, fusils à pompe et autres joyeusetés du même genre ont bien le « boulon and vapeur » touch. Comme vous pouvez le voir, il y en a pour tous les goûts et tous les styles que vous soyez un adepte de l’opération chirurgicale ou de l’éparpillement façon puzzle. Bref, c’est du tout bon même s’il y a un petit manque de réalisme sur le tir. Les engins ne nous rendent pas les sensations qu’ils sont censés donner : recul, stabilité, etc … Mais c’est un détail.

Passons aux toniques. Qu’est-ce que c’est ? Ce sont les pouvoirs « magiques » qui vous offrent la possibilité de devenir une bête de destruction. Pour les connaisseurs, il s’agit exactement du même système que celui des épisodes précédents (les plasmides). On retrouve Possession qui permet de se faire des alliés dans les rangs ennemis. Particulièrement efficace sur les tourelles automatiques. L’attaque enflammée n’est pas non plus une inconnue. Non, la nouveauté vient, entre autres, de Corbeaux Meurtriers. Ce tonique, notre préféré, balance un escadron de corbeaux sur votre pauvre victime. Au pire, il est simplement étourdi et désorienté, au mieux il est mis en pièces par les volatiles. Oui, je sais, c’est pas bien mais c’est efficace et puis dans Bioshock, on survit, un point c’est tout. Déferlante permet, lui, de propulser vos ennemis en l’air pendant un temps limité mais suffisant pour les canarder avec un flingue. Oui, la technique consiste à utiliser conjointement armes et toniques. Nous n’allons pas tout vous révéler car le plaisir de jouer réside aussi dans la découverte mais, une fois encore, les développeurs arrivent à nous surprendre.

Les connaisseurs pourraient se poser la question des vraies nouveautés car pour l’instant on vous a présenté des améliorations mais pas de sang neuf à part la nature même de Columbia. Rassurez-vous, le titre n’est pas avare de friandises.

Au premier rang de celles-ci, cette chère Elizabeth. De temps en temps, pendant les combats, elle vous alimentera en santé, munitions ou monnaie sonnante et trébuchante. C’est ainsi qu’elle apporte sa pierre à l’édifice. Si vous êtes un peu à court d’énergie, elle va vous proposer une fiole mais attention, le temps de prendre le breuvage, vous pouvez être attaqué encore. Il faut donc, à chaque fois, bien choisir son moment pour répondre à ses sollicitations.

Mieux encore, elle peut créer des failles spatio-temporelles. Celles-ci permettent de voyager entre les réalités, ce qui occasionnera quelques rebondissements bien sentis dans le scénario. Mais ces failles permettent aussi de faire apparaître des objets qui ne sont pas, normalement, dans votre réalité : tourelles amies, abri, caisse de fioles de santé, j’en passe et des meilleurs… C’est là une vrais bonne idée. Pendant les combats, vous allez pouvoir faire le choix de modifier votre environnement pour vous aider à vaincre. Sachant qu’une seul faille est activable à la fois, il vous faudra choisir le bon moment pour faire apparaître le bon objet. Tactique tactique …

Mais Bioshock ne se résume pas à un arsenal ou à des combats. C’est avant tout une ambiance. Vous passerez beaucoup de temps à explorer, à fouiller les maisons pour récupérer tout ce qui traîne, à regarder les gens vivre ! Baladez-vous, regardez les affiches, les tracts, écoutez la radio, laissez-vous conter Columbia. La partition graphique n’est pas exempte de défauts techniquement, mais la direction artistique nous fait tout oublier. C’est aussi le cas des bruitages et doublages qui renforcent l’immersion.

On aime aussi cette faculté à mettre en avant des thèmes chers aux concepteurs : l’oppression des masses, la soif de pouvoir, l’appât du gain, la manipulation des foules et la fine frontière entre bien et mal. Les situations créent les Hommes et c’est bien ce que Bioshock nous raconte. Les amis d’hier deviennent les ennemis de demain.

Vous pouvez relire notre test complet iciTesté sur une version PS3.

FPS – 2013 – PS3, PC, Xbox 360 – 2K Games 

 

 

Bioshock The Collection – 10/10

Et maintenant abordons la compilation. Sortie en 2016, elle a permis à Bioshock de passer sur nouvelle génération. Au menu : des graphismes améliorés et toutes les extensions solo sorties jusque-là. Il y a également des commentaires des concepteurs. 

Côté graphisme, c’est plus fin indéniablement même si on n’est pas dans le cas d’une refonte totale. Mais bon, c’est fluide, les textures sont plus détaillées, bref, c’est mieux. Alors évidemment, la question est : doit-on acheter cette compilation ? Vous n’avez jamais joué aux jeux, c’est oui définitivement. Si vous avez déjà les originaux, à vous de voir en fonction de votre volonté de collectionner tout ce qui tourne autour de la saga. 

Gros bémol, le mode multi de Bioshock 2 a disparu. En même temps, c’est souvent le cas dans ces compilations. 

Alors pourquoi cette note de 10/10 ? Tout simplement pour récompenser cette saga dans son ensemble. Bioshock a changé la donne du genre. Durablement. Si vous n’avez jamais joué à ces jeux, c’est impardonnable, ils allient action frénétique, ambiance et réflexion sur des thèmes sociaux. 

Testé sur Xbox One

FPS – 2016 – PS4, PC, Xbox One – 2K Games 

 

Une saga comme on en fait plus. Totalement plongée dans un monde dystopique, elle nous séduit et nous effraie. A découvrir absolument.