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Kill Bill (Volumes 1 & 2) : Bang Bang, My Baby Shot Me Down…



Kill Bill Une

Kill Bill Vol1 Affiche

Chapelle de Two Pines. El Paso. Texas. La Mariée est en sang. Et le reste des membres de la cérémonie (la répétition de la cérémonie précisera le Volume 2) a été massacré. La Mariée est en sang. La Mariée est enceinte. Et un homme lui tire une balle dans la tête.

Quatre ans plus tard, la Mariée n’est pas morte. Quatre ans plus tard, elle sort du coma. Mais son enfant n’est plus là. Quatre ans plus tard, la Mariée décide de se venger. Car la Mariée n’est pas une personne ordinaire. Elle est une ex-tueuse à gages qui appartenait à une organisation secrète : le Détachement International des Vipères Assassines.Kill Bill Vol2 Affiche

Elle décide de se venger. Car les responsables du massacre de Two Pines ne sont autres que ses anciens camarades de jeu : O-Ren Ishii, Vernita Green, Budd et Elle Driver. Des camarades de jeu qui, tout comme elle, excellent dans le domaine des arts martiaux. Des camarades de jeu qu’elle doit retrouver.

Car il lui faut les éliminer. Les éliminer un à un. Les éliminer jusqu’au dernier. Les éliminer pour les faire payer. Les éliminer. Et retrouver leur chef – Bill – qui se trouve à l’origine de tout cela. Retrouver Bill, le père de son enfant. Et son objectif ? Kill Bill.

 

La vengeance est un plat qui se mange au katana

Inutile de paraphraser pendant des années (quatre ans ?) sur le thème de la vengeance, il était largement attendu ici. Comme dans tous les films de Tarantino d’ailleurs ! Oui, la vengeance est clairement son obsession (et les pieds alors ?). Mais peu importe cette redondance dans son œuvre, puisqu’il sait à chaque fois servir ce thème de manière totalement différente. Le western spaghetti pour Django Unchained. Le huis-clos pour Reservoir Dogs. Ou encore le film de guerre uchronique pour Inglorious Basterds.

Avec Kill Bill, ce sont les arts martiaux qui se trouvent à l’honneur. Et la vengeance n’est qu’un faire-valoir. Car même si le but de notre Mariée / Black Mamba / Beatrix Kiddo est bel et bien celui de faire payer ce qu’elle a subi au reste du monde (en l’occurrence ici, le reste des membres du Détachement International des Vipères Assassines suffit), elle ne le fait pas de n’importe quelle manière. Elle le fait à l’ancienne. Elle le fait avec un katana. Et elle le fait avec un Hattori Hanzo.

Kill Bill Crazy 88

Dans Kill Bill, les arts martiaux sont sublimés. Les scènes de combats sont d’un esthétisme fou. Attention ! Cela n’est en rien lisse et artificiel. Et c’est très loin d’être propre. Au contraire, c’est gore ! C’est rouge ! Le sang gicle ! C’est Tarantino, quoi ! Mais les affrontements sont chorégraphiés à l’extrême. Calculés au millimètre. Habillés par des décors magnifiques. Et immortalisés par une caméra dont les plans ont la précision d’un métronome. Rien n’est laissé au hasard, donc.

Des deux films, le Volume 1 est sans conteste celui où les arts martiaux sont le plus présent. La rencontre au katana entre Uma Thurman (et sa – maintenant célèbre – combi cuir jaune) et les Crazy 88 est et restera d’anthologie, tant elle est spectaculaire. Et comment ne pas évoquer le duel sous tension dans la neige entre la Mariée et O-Ren Ishii, que la version de Santa Esmeralda de Don’t Let Me Be Misunderstood accompagne magnifiquement. Quentin Tarantino a d’ailleurs l’habitude d’accorder une place toute particulière à la bande originale de ses films. S’agissant du Volume 1, une critique par tof est disponible ici.

Kill Bill Pai Mei

Rite initiatique et émotion

Si le Volume 1 se focalise principalement sur les combats – qui occupent une grande partie du film – , le Volume 2 se concentre quant à lui pour l’essentiel sur le passé des personnages. On y évoque en effet la relation qu’entretenaient Bill et la Mariée avant le massacre de la chapelle de Two Pines, ce qui a motivé notre ex-tueuse à gages blonde à se ranger, etc.

Mais ce sur quoi ce second volet met l’accent reste l’initiation de Black Mamba aux arts martiaux par le légendaire et très excentrique Pai Mei (dont le personnage apparaît d’ailleurs dans plusieurs autres films d’arts martiaux avant cela). L’apprentissage est loin d’être un parcours de santé et, au delà du seul fait d’acquérir une maîtrise parfaite des techniques de combats, c’est ici l’humilité, le respect et la force de caractère qui sont visés par l’enseignement du maître.

Outre ce fameux rite initiatique, le film n’oublie pas de nous gratifier de quelques autres scènes mémorables dont Tarantino a le secret. Pêle-mêle s’y retrouvent un enterrement à la texane, un black mamba dans une caravane, ou encore un œil entre deux orteils (les pieds, toujours les pieds, encore les pieds). Et même si le katana est moins central que dans le premier opus, l’action reste tout de même de mise : d’abord lors du duel entre notre Beatrix Kiddo (aka Black Mamba aka la Mariée) et sa grande ennemie de toujours – Elle Driver – au cours duquel deux Hanzo se croisent, puis au moment du face à face final qui l’oppose à Bill et où l’on assiste à l’utilisation de la technique des cinq points et de la paume qui font exploser le cœur.

Kill Bill Bill

Oui, le cœur. Car l’émotion est, elle aussi, au rendez-vous. Les retrouvailles entre la protagoniste et sa fille B.B. (qui est aussi accessoirement la fille de Bill) sont très bien amenées, créant la surprise chez une Uma Thurman qui livre ici une interprétation poignante.

D’une manière plus générale, le spectateur en prend plein les oreilles – car le Volume 2 non plus n’est pas pauvre question musique, musique que l’on doit au grand acolyte de toujours du réalisateur, Robert Rodriguez – , mais aussi plein la vue – tant sur le plan des scènes de combats que du reste, tant au niveau du premier film que du second. Et le jeu n’est pas à omettre dans cette constatation. On assiste réellement à de belles performances d’acteurs qui défendent tous extrêmement bien leur(s) personnage(s) respectif(s) (oui, au pluriel vu que Gordon Liu et Michael Parks en ont chacun deux). Quant à Uma Thurman – qu’il faut tout de même distinguer puisque c’est elle qui porte les deux volumes sur ses épaules – , le rôle que lui offre Quentin Tarantino avec Kill Bill est très certainement l’un de ses plus beaux.

Avec Kill Bill, Quentin Tarantino donne à voir un vrai film de genre, et il est – encore une fois – au sommet de sa forme. 

Kill Bill Détachement International AL