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Only God Forgives : deux avis sinon rien pour la sortie du DVD !



Only God DVD Une

Only god forgives Affiche

 Only God Forgives n’en est pas à son premier passage sur MaXoE. Rappelez-vous la critique qui en avait été faite ici même lors de sa sortie en salles au mois de mai dernier.

De fait, il suffit de suivre le lien pour y retrouver le synopsis sur lequel nous ne reviendrons pas dans cet article. Mais trêve de bavardage et place au double avis !

 
Only God KST

L’avis de Tof

La vengeance. Celle-là même qui nous différencie des animaux. Celle-là même qui fait de nous des bêtes. Le thème central est facile à cerner dans cette œuvre de Refn. Elle guide le film de A à Z, elle est le démon de chacun, ce démon qui tire les ficelles de ces humains désarticulés. Non pas que les personnages soient fades ou sans reliefs, non, simplement on les sent emportés par les flots de ce sentiment dominateur. Même le bras armé de la police semble suivre une forme de revanche, celle de l’impuissance du système légal face aux méfaits quotidiens d’une société en péril.

Cette sensation d’une sorte de tsunami qui emporte tout sur son passage nous tient en haleine du début à la fin. Les événements s’enchaînent en nous infligeant, à chaque séquence, un mauvais coup de poing dans le bide. Alors oui le scénario tient sur un quart de feuille mais peu importe, ce sont les sentiments qui sont les personnages principaux de ce long métrage.

Only KST et l'Ange

Tout cela est servi par une mise en scène parfaitement maîtrisée. Les plans ne sont pas en reste, fixes au possible, jamais énervés, ils privilégient la contemplation silencieuse. Ces moments d’apaisement sont les pierres angulaires du film, ils montrent des hommes et des femmes fragiles, perdus, en proie à un malstrom d’émotions. Les acteurs nous livrent une prestation en accord total avec les intentions du réalisateur.

Ce que l’on peut reprocher tout de même, ce sont ces scènes où la violence est visuelle, gratuite. On ne comprend vraiment pas l’intérêt de la chose. Elle est de toutes façons tangible sur les visages, pourquoi l’avoir exprimée aussi brutalement dans certaines scènes. C’est dommage…

En bref, voilà un film qui bouscule, qui peut déranger mais qui est délicieusement bon.

Only God Tournage

 

L’avis de Julie

Ayant proposé sur MaXoE la critique du film lors de sa sortie au cinéma, inutile de s’y attarder de nouveau ici. Mon avis reste le même pour ce qui est d’Only God Forgives, ce qui – je le concède – n’est pas toujours forcément le cas lorsqu’il est question de cinéma.

Toutefois, ce film n’est pas de ceux à regarder une seconde fois dans un laps de temps aussi court car il a besoin d’être digéré. Les images étant encore bien présentes à l’esprit, une forme de charme est rompu. Mais ça n’est que du détail. Les plans sont toujours aussi beaux, le jeu sur les couleurs toujours aussi intense. En cela, le transfert sur DVD n’a rien dénaturé.

Sur la question des bonus accompagnant le film, ils ne sont malheureusement pas nombreux. Bon, le nombre n’est pas non plus un gage de qualité, mais certains compléments laissent un peu le spectateur sur sa faim.

Pour commencer, il nous est proposé la bande-annonce du film. Très bien me direz-vous, sauf qu’elle n’est proposée que dans une seule version (en VF). De plus, il n’y en a qu’une ! Alors que la toile regorge de teasers d’Only God Forgives. Bref, cela n’est pas le plus important. La grande déception vient du fait que le DVD n’offre pas de making-off à proprement parlé. Il propose seulement le making-off de trois scènes, et un petit reportage d’une dizaine de minutes sur une partie du tournage. Pris indépendamment les uns des autres, ces extraits sont intéressants dans le sens où ils permettent de comprendre en détail la construction d’une scène, la manière de travailler de Nicolas Refn. Mais ils n’offrent pas de vue d’ensemble du tournage du film. Dommage.

Bon, attention, il y a quand même du positif dans les bonus de ce DVD. Déjà, il nous est proposé un entretien d’une quinzaine de minutes avec le réalisateur dans lequel il explique sa démarche sur Only God Forgives, et qu’il met en parallèle avec le reste de sa filmographie. Cela permet notamment d’apprendre que le film a totalement été tourné dans l’ordre chronologique des scènes, ce qui n’est pas souvent le cas au cinéma et ce qui a – qui plus est – mené à de nombreuses modifications en cours de tournage au niveau de la cohérence de l’ensemble.

Le plus intéressant reste tout de même le commentaire audio de Nicolas Winding Refn sur sa dernière œuvre. Outre quelques anecdotes survenues lors du tournage, cet exercice du commentaire audio aide vraiment à comprendre bien des choses sur le film. Au visionnage, on se rend compte qu’il y a clairement un aspect symbolique dans Only God Forgives. Mais on ne le retrouve pas forcément là où on l’attendait. De nombreux papiers ont en effet évoqué la mythologie grecque, Les Atrides en tête. Bien sûr, tout ceci est présent. Indéniablement. Mais Refn évoque également une forme de mysticisme qu’il est venu puiser en Thaïlande, là même où il a tourné ce film. Le choix du lieu n’est pas non plus anodin, il s’en explique aussi. Il y aurait encore bien des choses à dire sur ce commentaire audio d’Only God Forgives. N’en dévoilons pas trop…

Only God Gosling

Un point mérite tout de même d’être soulevé. Celui de la quasi absence de dialogues. A la base, ils existaient. C’est au fur et à mesure du tournage que leur utilité n’est plus apparue comme essentielle et qu’ils ont été supprimés pour  la plupart. Le but de Nicolas Refn était de voir ses comédiens s’exprimer autrement, en leur enlevant ce qui apparaît comme leur outil de travail principal. Sauf que le premier outil de travail d’un acteur n’est pas sa voix, mais bien son corps. Ce que l’on a tendance à oublier. En cela, le film est totalement réussi, puisque le réalisateur ainsi que ses comédiens ont su délivrer le message souhaité malgré cette absence de dialogues.

Finalement, contrairement à ce que l’on aurait pu penser d’un premier abord, le scénario d’Only God Forgives ne tient pas sur un quart de feuille. Il a seulement été traité d’une autre manière que celle que l’on nous sert habituellement. Le seul souci est qu’il fallait donner au spectateur les codes pour la comprendre. Ce qui n’était pas aisé en voyant simplement le film mais qui est fait grâce au commentaire du réalisateur. Il s’agit ici d’une belle leçon de cinéma.