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Steamboy : 2 avis sinon rien !



 

Nous voilà catapultés au sein d’une Angleterre uchronique, aux alentours du XIXème siècle. Les enjeux scientifiques se jouent autour de la vapeur, seule source d’énergie véritablement utilisée. Dans ce contexte, la famille Steam (sic !) nage totalement dans cette technologie. Le grand-père, le père et le fils, Ray, héros de ce film. Le grand-père et le père travaillent de concert sur une ballon vapeur, sorte de pile dont le potentiel énergétique est presque sans limites. Leur labeur est financé par la fondation O’Hara, une multi-nationale dont les desseins ne vont pas forcément de pair avec le bonheur des concitoyens.

Rapidement le père et le grand-père se déchirent autour des enjeux potentiellement guerriers de ce ballon. Ray est impliqué dans ce conflit à l’occasion de sa visite au sein de la fondation qui compte profiter de l’exposition universelle pour vendre sa technologie et ses armes. Ray va devoir choisir son camp, doit-il croire son père ou son grand-père ? Quel est le rôle du gouvernement anglais dans cette danse ? 

 

Son et Lumières

Graphiquement, c’est une claque. L’Angleterre du XIXème siècle est absolument fantastique. Cela fourmille de détails et les éclairages sont sublimes. On sent que les auteurs vouent un culte au mouvement steam punk. Les machines sont magnifiques : les trains, les bateaux et autres joyeusetés à base de vapeur sont autant d’oeuvres picturales de premier plan. Mais ce qui vous laissera pantois, c’est le travail effectué sur les visages et les animations. On retrouve la qualité d’un Akira, c’est fin, c’est précis, c’est terriblement humain. 

La synthèse a été utilisée mais elle se fait discrète, elle se met au service de la beauté du trait et ça, c’est beaucoup trop rare de nos jours. Ajoutez à cela le fait que le DVD a bénéficié d’un transfert de qualité, rendant hommage à ce travail graphique et vous aurez compris qu’on ne s’est pas moqué de nous. 

Cerise sur le gâteau, La bande-son se marie particulièrement bien aux images. Vous pouvez d’ailleurs retrouver notre chronique ici

 

 

L’avis de Tof

Le scénario est été finement ciselé. Il nous met en avant le jeune Ray, tout d’innocence vêtu. On ne sait pas toujours qui croire, qui suivre, qui soutenir. On nous laisse assez longtemps dans le doute, le même doute que celui que Ray éprouve. Et puis il monte tout doucement en pression, petit à petit les pièces du puzzle se mettent en place jusqu’à l’affrontement final, apothéose du film. 

Mais ce qui fait la vraie richesse de ce film, c’est le travail effectué sur les personnages. Ici, il n’y a pas de faire-valoir, chacun prend sa place dans l’histoire, chacun a une histoire et des buts bien à lui. Le grand-père est un pur, un vrai. Le père va au bout de son rêve de scientifique, quitte à en perdre la vue. La petite peste de la fondation vous surprendra aussi. Enfin, Ray n’est pas le genre de héros lisse que l’on rencontre dans certaines salles de ciné, non il se positionne finalement là où on ne l’attend pas forcément. 

Les thèmes soulevés sont chers à nos amis du pays du soleil levant. La science peut-elle perdre la tête ? Ses progrès sont-ils toujours au service de l’homme ? Quelle est la place de l’homme quand cette science devient centrale ? On y parle aussi de guerre, d’armes terribles et des incontournables souffrances inhérentes à tout conflit. Tout cela se fait sans trait caricatural ce qui rend le propos terriblement crédible. 

 

L’avis de Julie

Waouh ! Qu’est-ce que c’est beau ! Et c’est vraiment la première réflexion qui vient à l’esprit dès la fin du film, voire même tout du long. Car graphiquement Steamboy touche la perfection du doigt, et ce de la première à la dernière seconde (oui oui, même le générique de fin vaut le détour !). C’est en tout cas avec une précision sans faille que le réalisateur nous plonge dans l’Angleterre victorienne. Un vrai orfèvre tant le travail est minutieux. La Londres du XIX ème siècle est reconstituée dans les moindres détails. Édifices comme machines – voire même homme biomécanique –, tout est magnifique jusqu’au dernier des rouages. Artistiquement, c’est un chef-d’œuvre. Aucun doute à ce sujet.

S’agissant du reste, on peut dire que les premières minutes de Steamboy donnent le ton. L’action sera de mise ! Comme l’aventure ! Le film est haletant et met le spectateur sous pression à l’instar de toute cette vapeur émanant de toutes ces inventions. Les seuls moments de respiration sont ceux que nous octroie l’insupportable petite Scarlett. C’est en tout cas ce que l’on se dit en la voyant débarquer pour la première fois à l’écran ! Mais au final, elle va surprendre, puisqu’elle se révèle comme étant une véritable bouffée d’oxygène parmi cette ambiance suffocante. Juste ce qu’il faut pour ne pas s’étouffer. Quant aux autres personnages, ils ne sont pas manichéens. On les voit douter, lutter. Ceux que l’on prenait pour les hommes doués de raison se retrouvent dépassés par leur propre ambition et, à l’inverse, les plus fous au départ sont ceux qui font preuve de sang-froid et d’une certaine remise en question. Car ce que Steamboy met clairement en exergue est la folie humaine. Folie humaine qui décide de mettre la Science au service d’armes, et plus précisément de ce que l’on appellerait aujourd’hui des armes de destruction massive. Peu importe le camp, la course reste la même. C’est à celui qui s’armera le mieux.

 

 

Ce film d’animation vaut vraiment le détour. Il est sombre, certes. Tant dans le scénario que dans l’image. On peut aussi lui regretter une ou deux longueurs parfois. Mais rien qui ne vienne vraiment entacher sa qualité. Visuellement, vous ne serez pas déçus. Et puis, ce sera l’occasion d’imaginer – que dis-je, de voir – Londres sous la glace (une des plus belles images à mon goût), mais chut… N’en disons pas plus. Découvrez tout cela par vous-même !