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MaXoE Festival 2018 : La Sélection Cinéma – Catégorie Drame/Thriller



Pas de répit pour les festivals. Cannes vient à peine de clôturer sa 71e édition que MaXoE se lance pour la 5e année consécutive dans son MaXoE Festival ! Et pour le cinéma, le principe ne change pas puisqu’il vous est proposé une sélection par catégorie. Cette année, il y en a trois. Et la catégorie Drame/Thriller est celle qui compte le plus de films à son actif.

Dunkerque, de Christophe Nolan

Un petit groupe de soldats traverse une ville fantôme. Une ville aux rues désertiques. Et que ses habitants ont déserté. Des tirs surgissent de nulle part et fauchent tour à tour les jeunes soldats. Un seul en réchappe. Il parvient à s’enfuir vers la plage, pour y voir des centaines et des milliers d’autres soldats, à perte de vue, qui tentent de fuir le piège qui se referme sur eux en rejoignant les côtes anglaises.

Nous sommes à la fin du printemps 1940, sur la plage de Dunkerque.

Entre le 26 mai et le 4 juin 1940, le gouvernement britannique tente de secourir pas moins de 400 000 soldats pris au piège dans la poche de Dunkerque, encerclés par la Wehrmarcht qui n’a de cesse de les bombarder. C’est cet événement, baptisé « Opération Dynamo », que le film de Christopher Nolan retrace en trois temps et en trois lieux. L’articulation pourrait sembler complexe sur le papier, mais elle est impeccablement maîtrisée à l’écran. C’est en tout cas ce que nous en avons pensé !

 

Les Filles d’Avril, de Michel Franco

Valeria, 17 ans, est amoureuse de Matéo. Elle vit avec sa sœur dans une maison au bord de la mer  à Puerto-Vallarta. Malgré son jeune âge, Valéria décide de garder l’enfant qu’elle porte. Très vite dépassée par ses nouvelles responsabilités, elle appelle à l’aide sa mère, Avril, installée loin d’elle.

A son arrivée l’accueil semble agréable, Avril est heureuse de retrouver ses filles et de faire connaissance du petit ami de Valeria. La vie est belle,  Avril  prend les choses en mains et remplace progressivement sa fille dans son rôle de mère jusqu’à ce qu’elle change radicalement de comportement….

Lorsque l’on connait la filmographie de Michel Franco (Chronic, Despues de Lucia…) on peut se douter que le film ne va pas nous raconter un conte de fée en nous présentant simplement les retrouvailles d’Avril et de ses deux filles. Au contraire, le réalisateur mexicain nous propose une histoire dérangeante sur une mère manipulatrice et abusive.

Lauréat du Prix du Jury de la section « Un Certain Regard » lors du Festival de Cannes 2017, Les Filles d’Avril a ensuite été présenté dans le cadre du Festival de Cinéma Espagnol et Latino-Américain de Valence. C’est à cette occasion que Youri en avait proposé la critique.

 

120 battements par minute, de Robin Campillo

Une conférence médicale que l’on interrompt à l’aide de sifflets, de slogans, de pancartes et même de faux sang. Nous sommes au début des années 1990. Le sida fait rage depuis près de dix ans. Bienvenue à Act Up-Paris.

Fondée en 1989 sur le modèle d’Act Up New-York, l’association multiplie les actions « coup de poing » afin de lutter contre l’indifférence générale vis-à-vis de la maladie, mais aussi et surtout afin de défendre les droits de toutes les personnes touchées par celle-ci.

Aussi « coup de poing » que les actions qu’il dépeint, 120 battements par minute est un film qui traite autant du collectif que de l’intime. Du collectif lorsque l’on assiste aux réunions hebdomadaires de l’association, aux actions menés, aux manifs. Et de l’intime lorsque, peu à peu, la fresque militante laisse place à un amour naissant entre deux hommes dont l’un est séropositif.

Reparti avec le Grand Prix de la « Sélection Officielle » du Festival de Cannes 2017, 120 battements par minute avait inauguré le premier Films en Vrac de MaXoE.

 

Faute d’amour, de Andrey Zvyagintsev

Un couple en plein divorce, faute d’amour. Un couple qui enchaîne les visites de leur appartement, dans le but de le vendre. Un couple qui se déchire sous les yeux de leur enfant de douze ans, Aliocha. Sans lui prêter la moindre attention. Car chacun a commencé à refaire sa vie. Boris, le père, est en couple avec une jeune femme qui attend son nouvel enfant. Et Genia, la mère, a rencontré un homme plus âgé à la situation aisée, avec qui elle semble s’épanouir enfin. Le couple, tellement pressé d’en finir avec leur union, ne se préoccupe pas de l’enfant. Ni des dégâts que leurs disputes peuvent causer. Jusqu’à ce que l’enfant disparaisse…

Présenté au sein de la « Sélection Officielle » du Festival de Cannes 2017, Faute d’amour en est reparti avec le Prix du jury. Et avait été pour nous une claque visuelle et émotionnelle lorsque nous l’avions vu sur la Croisette, tant il dissèque avec une grande violence et une extrême justesse l’égoïsme exacerbé de la nature humaine.

 

A Beautiful Day, de Lynne Ramsay

Joe est un être introverti et torturé. Par son enfance traumatisante, ses souvenirs étouffants et son vécu terrible. Vétéran de guerre, il n’arrive à évacuer son mal-être qu’en déchaînant sa violence.

Devenu tueur à gages, il enchaîne les contrats. Jusqu’à ce que la fille d’un sénateur disparaisse. Il est chargé de la retrouver. Et surtout de faire brutalement souffrir ceux qui l’ont enlevé.

Grâce à un rythme volontairement lent, assumé de bout en bout dans sa réalisation, et à l’utilisation constante du hors-champ à chaque acte de violence, Lynne Ramsay prouve qu’un film peut être agressif sans pour autant tout montrer de manière frontale et avec frénésie. Ce parti-pris a valu à la réalisatrice britannique le Prix du Scénario lors de l’édition 2017 du Festival de Cannes. Et a également couronné Joaquin Phoenix pour son interprétation intense d’un personnage ultra-violent. Pour plus de détails, c’est ici !

 

Everybody Knows, d’Asghar Farhadi

Au cœur d’un vignoble espagnol qu’elle a quitté des années auparavant pour l’Argentine, Laura revient assister au mariage de sa sœur, accompagnée de ses deux enfants. Son mari est, quant à lui, resté à Buenos Aires pour le travail. L’ambiance est aux retrouvailles, celles de la famille et des amis d’enfance, et surtout à la fête. On danse, on boit, on vit. Mais cette insouciance sera de courte durée. Un drame survient brutalement. Un drame qui va réveiller et exacerber des tensions et ressentiments trop longtemps enfouis.

Fidèle à son oeuvre qui s’attache à décortiquer les rapports humains et la façon dont ils se délitent au gré des secrets et des non-dits, Asghar Farhadi signe une fois encore un film maîtrisé de bout en bout. Un film mis à l’honneur par le Festival de Cannes de cette année puisqu’il en a fait l’ouverture. Une place qu’il n’a pas volé selon nous.

 

En Guerre, de Stéphane Brizé

« Taux de rentabilité exigée » : expression utilisée par la direction d’une entreprise pour justifier la fermeture d’un site ouvrier venant pourtant d’enregistrer un bénéfice record mais insuffisant par rapport au « risque du marché ». Pour l’entreprise Perrin Industries, à Agen, cela signifie tout simplement la délocalisation en Roumanie où la main d’oeuvre est à moindre coup, et surtout le licenciement de 1100 salariés. Salariés qui – pendant deux ans – ont accepté de lourds sacrifices financiers afin que leur usine puisse continuer son activité. Si eux ont respecté leur engagement, la direction – qui leur avait assuré le maintien de tous les emplois pendant au moins cinq ans – vient de rompre cet accord.

Grève, occupation des locaux, manifestations, actions ciblées, … Les salariés, menés par leurs leaders syndicaux, entrent en guerre. Une guerre épuisante et dans laquelle le rapport de force est biaisé dès le départ. Mais dans laquelle il n’est pas question de rendre les armes.

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ». Inscrits sur l’écran noir, ces quelques mots du dramaturge allemand Bertolt Brecht qui ouvrent En Guerre annoncent toute la puissance du propos de ce film. Ce film indispensable, et proposé à la compétition cannoise cette année, se doit d’être vu par le plus grand nombre (à commencer par nos représentants). C’est en tout cas l’avis de son acteur principal, Vincent Lindon, et également le nôtre