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Sélection MaXoël de Julie : Un peu de romantisme, un brin de tragédie, un soupçon de fantasy, une once de pop-culture, beaucoup de girl power… et surtout de la joie de vivre !



Encore quelques jours avant que 2020 ne s’achève (enfin !) et plus que quelques heures avant de mettre un point final à votre liste de cadeaux à glisser sous le sapin ou à offrir après le réveillon. Rien n’empêche de faire plaisir après les fêtes après tout ! Quoi qu’il en soit, afin d’apporter gaieté et légèreté à cette fin d’année si particulière, voici une sélection tout en douceur pour pallier la morosité ambiante. Alors joyeux Noël à toutes et tous, et vive les arts et la culture !

Littérature

Plutôt que de proposer des nouveautés littéraires, j’ai fait le choix cette année de mettre en avant une jeune maison d’édition indépendante qui propose un concept original : celui de rééditer des grands classiques de la littérature anglaise (ainsi que d’autres ouvrages) sous la forme de beaux livres illustrés. Existant depuis 2016, l’entreprise indépendante Tibert Éditions finance ses projets grâce à la plate-forme de crowdfunding Ulule.

Je suis tombée par hasard sur l’une de ces campagnes de financement durant le premier confinement. Tibert Éditions se lançait alors dans l’idée de proposer une version illustrée de Raison et Sentiments de Jane Austen. Le hasard faisant bien les choses, je venais d’achever la lecture d’Orgueil et Préjugés. Je me suis donc rendue sur leur site et ai vu qu’une version en beau livre illustré y existait. Une fois dans mon panier, j’ai enchaîné avec une participation à la campagne de financement de Raison et Sentiments. Et autant vous dire que je ne l’ai jamais regretté, tant le travail de cette maison d’édition est tout simplement magnifique ! D’ailleurs, lorsqu’au mois de septembre a été lancée une autre campagne, cette fois-ci pour financer Roméo et Juliette de William Shakespeare en beau livre illustré, je n’ai pas réfléchi à deux fois avant d’apporter à nouveau ma contribution.

En tout cas, si un amoureux de la littérature se cache parmi vos proches, n’hésitez pas à lui glisser l’un de ces petits bijoux sous le sapin. N’hésitez pas non plus à vous faire plaisir à vous-même en allant faire un tour sur leur site. En plus de Jane Austen et William Shakespeare, vous y trouverez Virginia Woolf, Charlotte Brontë, Yasmina Khadra ou encore un très bel ouvrage sur le jazz ainsi que de jolis produits dérivés (tote-bag, dessous de verres, agendas, …).

 

Séries TV

Transition toute trouvée avec le monde littéraire, voici deux séries très réussies adaptées de romans, et qui mettent toutes deux en scène deux jolis destins de femmes en devenir. La première nous plonge dans un univers fantastique propice aux fêtes et peut tout à fait se regarder en famille. Quant à la seconde – pour un public plus averti – elle nous immerge dans les États-Unis des sixties et surtout dans le milieu très fermé et très masculin des échecs.

His Dark Materials

Si vous connaissez la trilogie littéraire À la croisées des mondes de Philip Pullman, son adaptation sur petit écran est à découvrir absolument. Beaucoup plus sombre dans son traitement que son homologue cinématographique largement oubliable (La Boussole d’Or), l’histoire de cette toute jeune fille – Lyra Belacqua – partie à la recherche de son ami Roger disparu mystérieusement laisse toute sa place au propos central des romans de Philip Pullman : l’emprise que le Magisterium exerce sur la population et les expériences radicales qu’il mène au nom de la recherche d’une soi-disant pureté. Cette série au propos politique affirmé (présentée lors du dernier MaXoE Festival) n’omet pas pour autant le merveilleux de l’univers créé par l’auteur. En effet, la forme n’a rien à envier au fond tant la beauté de certains plans est à couper le souffle. Quant au casting, il a su miser sur le talent de la jeune Dafne Keen qui jongle parfaitement avec les divers aspects de l’adolescence (l’un des thèmes de la saga), entre innocence et désir d’émancipation.

His Dark Materials, créée par Philip Pullman et Tom Hooper. Avec Dafne Keen, Amir Wilson, James McAvoy, Ruth Wilson, Anne-Marie Duff, James Cosmo, Ariyon Bakare, Lin-Manuel Miranda, Ruta Gedmintas, … La première saison a été diffusée à partir du 5 novembre 2019 sur OCS. Elle est toujours visible sur la plateforme et est également disponible en DVD & Blu-ray depuis le 2 septembre 2020. La deuxième saison est en cours de diffusion depuis le 17 novembre sur OCS. Une troisième et ultime saison a déjà été annoncée.

 

The Queen’s Gambit

Reconfinement oblige, les plateformes de streaming sont redevenues les meilleures amies des cinéphiles qui voyaient leurs salles obscures à nouveau closes et leurs grands écrans disparaitre avec. C’est alors qu’une mini-série mise en ligne juste avant le second confinement commença à attirer l’attention sur Netflix. Composée de sept épisodes d’une durée d’une heure environ, The Queen’s Gambit (adaptée d’un roman de Walter Tevis du début des années 80) suit le parcours d’une jeune prodige des échecs dans l’Amérique des années 60.

À la suite d’un accident de voiture dans lequel sa mère trouve volontairement la mort, Beth Harmon est placée dans un orphelinat, aucun autre parent ne lui étant connu. Ses journées sont rythmées par les cours, la messe, les repas, les visionnages de films sur l’art et la manière de bien se comporter en société, … et sur une prise quotidienne de pilules tranquilisantes fournies par l’établissement afin que les enfants ne soient pas trop turbulents. Quelques temps après son arrivée, Beth fait par hasard la connaissance du gardien de l’orphelinat, Mr Shaibel, qui l’initie aux échecs.

Difficile d’imaginer un seul instant qu’une oeuvre sur les échecs puisse être aussi passionnante, et cela d’autant plus pour ceux qui – comme moi – sont étrangers à la discipline. En plus d’être passionnante de par le traitement de son personnage principal, la mini-série The Queen’s Gambit parvient à rendre les échecs fascinants. Dès les premières minutes, le spectateur est emporté par le parcours de cette jeune orpheline qui enchaîne les tournois aux quatre coins des États-Unis, puis de la planète. L’une des réussites de cette série est d’ailleurs de ménager le suspense au fil des parties jouées, grâce à une mise en scène s’attardant autant sur les pièces qui se déplacent et l’horloge qui défile, que sur les visages concentrés, paniqués, anticipant les coups, voyant la défaite ou la victoire arriver. Si cette réalisation est pour beaucoup dans le succès de The Queen’s Gambit, la pièce maîtresse en est toutefois sa reine : Anya Taylor-Joy. Elle incarne en effet une Beth Harmon encore plus fascinante que le jeu auquel elle s’adonne, luttant constamment contre son passé et ses démons, tout en se laissant emporter par diverses addictions. Enfin, cette mini-série aborde subtilement la question de la place de la femme évoluant dans un milieu d’hommes en montrant les efforts supplémentaires que cette dernière doit accomplir pour s’imposer en tant que joueur d’échecs à part entière.

Ainsi, si vous souhaitez passer un agréable moment durant ces fêtes vous permettant de vous évader un peu tout en restant dans la prudence, n’hésitez pas une seule seconde à vous laisser emporter par cette série, fascinante depuis la discipline des échecs qu’elle met en scène, et ce jusqu’à son actrice magnétique aussi déterminée que féminine dans ses magnifiques robes rendant hommage au style de l’époque.

The Queen’s Gambit, créée par Scott Franck et Alan Scott. Avec Anya Taylor-Joy, Bill Camp, Marielle Heller, Harry Melling, Thomas Brodie-Sangster, … Disponible sur Netflix depuis le 23 novembre.

 

Jeux de société

The Queen’s Gambit donnant furieusement envie de se mettre aux échecs, vous pouvez tout à fait envisager d’en offrir un plateau à un membre de votre entourage ayant été conquis par l’histoire de Beth Harmon. La vente des jeux d’échecs connaît d’ailleurs un important sursaut depuis le début de la diffusion de la mini-série. Il est donc possible d’en trouver partout, de tous les styles (il en existe des Harry Potter, des Game of Thrones et des Star Wars) et pour tous les portefeuilles ! Si, à l’inverse, vous êtes plus pop-culture que coup du berger ou défense sicilienne, je ne peux que vous conseiller le jeu de société PopCorn Garage, qui a eu son heure de gloire dans le calendrier de l’Avent de Tadam et qui vous aidera peut-être à patienter jusqu’à la réouverture des salles obscures.

Les plus cinéphiles d’entre vous se souviennent sans doute de ce jeu mis en ligne en 2015 et qui consistait à retrouver 66 références de films dans un garage rempli d’objets incongrus. L’expérience avait été renouvelée deux ans plus tard à destination des sérivores, le garage ayant laissé place à un salon.

Début novembre est sorti un jeu de société sur le même principe, mais bien plus élaboré ! S’il s’agit toujours de deviner des grands classiques du 7e Art et de la pop-culture, il ne suffit pas de le faire simplement sur la base d’une image parlante. Vous devrez vous creuser la tête afin de trouver un film à partir d’emojis, de deux acteurs, ou encore d’un pitch de quelques lignes. De même, le jeu est beaucoup plus collaboratif (vous risquez d’ailleurs de vous ennuyer à moins de 4 joueurs) puisqu’il faudra également faire deviner des films en trois mots ou en fredonnant sa bande originale. Le tout en mangeant du pop-corn, évidemment !

PopCorn Garage – Édition Hoebeke – Novembre 2020 – 20€, disponible ici et dans votre libraire indépendante préférée !

 

Cinéma

Dire que les salles obscures m’ont manqué cette année est un doux euphémisme. De très beaux films sont sortis, malheureusement sur une bien trop courte durée pour certains, tandis que de nombreux films ont vu leur sortie repoussée (Mourir peut attendre, Kaamelott, Dune, …). Avant puis entre les deux confinements, j’ai eu l’occasion de voir du très bon (Scandale, Dark Waters, 1917, L’Adieu, La fille au bracelet, Light of my Life) et du moins bon (Judy, Radioactive, Tenet, L’enfant rêvé). Mais au final, seuls deux films de 2020 me restent vraiment en tête : le premier et le dernier. S’il était évident que Les Filles du Docteur March serait le tout premier film de 2020 que j’irai voir (puisqu’il sortait le 1er janvier et que je suis allée en salle le jour-même), j’ignorais totalement que je verrais mon dernier film de 2020 fin octobre, le 28 exactement. Mais avec le recul, je me dis que cela aurait pu être bien pire : j’aurais en effet pu passer à côté de cet hymne à la vie.

Les Filles du Docteur March

J’ai fait la connaissance de Meg, Jo, Beth et Amy alors que je n’avais pas encore dix ans, d’abord avec le dessin animé, puis le roman illustré pour enfants que j’ai très vite lu, et surtout grâce au film de Gillian Armstrong avec Winona Ryder et Christian Bale (déjà évoqué ici). Après cela, il ne me restait plus qu’à dévorer le roman de Louisa May Alcott sur le destin de ces quatre jeunes filles et surtout sur le désir d’indépendance et d’émancipation de l’une d’entre elles : Jo. Lorsque cette nouvelle adaptation a été annoncée (d’ailleurs peu de temps après celle – très réussie – faite par la BBC sous forme de mini-série), je savais déjà que j’irai la voir dès sa sortie en salles. Je n’ai malheureusement pas pu en proposer une critique, faute de temps à l’époque, mais la compilation des avis de la presse que je vous propose illustre parfaitement mon propre ressenti sur un film qui offrira une douce parenthèse pour les fêtes :

« Grâce à la subtilité et à l’intelligence de sa réalisation, Greta Gerwig revisite sans le dénaturer ce classique de la littérature américaine qu’est Little Women pour en faire un récit aux accents contemporains, montrant à la fois l’histoire gaie et les problèmes qu’elle recouvre, filmant le roman sans ironie tout en en proposant une subtile critique. En plus de cette finesse d’écriture, il faut également souligner la qualité du casting et de l’interprétation. Les visages des actrices – Saoirse Ronan et Florence Pugh en tête – sont d’une rare vivacité, exprimant les sentiments les plus fugaces et les plus contradictoires. L’ensemble fait de cette nouvelle version du roman de Louisa May Alcott un grand film sur l’émancipation féminine. »

Les filles du Docteur March, réalisé par Greta Gerwig. Avec Saoirse Ronan, Emma Watson, Florence Pugh, Eliza Scanlen, Laura Dern, Timothée Chalamet, James Norton, Louis Garrel, Meryl Streep, … Sorti en salles le 1er janvier 2020 et en DVD & Blu-ray le 20 mai 2020.

 

Drunk

Je suis allée voir ce film (dont la critique complète se trouve ici) le 28 octobre, jour où le second confinement a été annoncé en France. Le Président de la République n’avait pas encore pris la parole, mais tout le monde savait déjà ce qui allait se passer. Une fois encore, notre vie allait tourner au ralenti. Une fois encore, nos interactions sociales allaient être réduites. Une fois encore, nous ne pourrions plus nous retrouver entre amis autour de quelques verres tout en partageant un repas. Une fois encore, les cinémas allaient fermer. Il fallait donc en profiter une dernière fois et depuis que j’en avais vu la bande-annonce, ce film mettant en scène l’immense Mads Mikkelsen ne quittait pas mes pensées.

Drunk est bien plus qu’un film sur l’alcool, les bienfaits que quelques verres peuvent apporter et les abus que trop de verres peuvent provoquer. C’est un film sur l’envie de vivre. Plus encore, sur le besoin de vivre et surtout de se sentir vivant. Et j’ai pris conscience devant ce film que tout ce qui me permet de me sentir vivante sont les interactions sociales auxquelles j’ai été habituée toute ma vie, avec surtout le contact physique qu’elles impliquent. Dans Drunk, aucun geste barrière, aucune distanciation physique. Les êtres s’enlacent, s’embrassent, se frappent, se saoulent en échangeant leurs verres, … Ils se touchent tout simplement, sans retenue, sans hésitation, sans ambages. Toute cette liesse, qui me manque tant, atteint son paroxysme avec une scène finale absolument magnifique et dans laquelle Mads Mikkelsen est tout simplement stupéfiant.

Drunk, réalisé par Thomas Vinterberg. Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe, Magnus Millang, Maria Bonnevie, … Sorti en salles le 14 octobre 2020 et j’espère grandement une reprise en 2021 à la réouverture des salles obscures !

Et parce que je ne peux pas m’empêcher de parler de Star Wars malgré tout : devant The Mandalorian, un bon bout d’an vous passerez !