Cette semaine deux comics qui ne font pas dans le détail. Le sang, la violence et les dingues sont au rendez-vous. Mais derrière ces artifices se cachent des histoires captivantes …
Luther Strode T1, un Bien Etrange Talent
Scénario : Justin Jordan
Dessin : Tradd Moore
Collection : Contrebande
Format : 147 pages, couleurs
Editeur : Delcourt
ISBN : 978-2-7560-3357-0
L’histoire : Luther Strode est un adolescent normal. Il fréquente un lycée classique et classiquement il se fait bousculer par les petites vedettes de la cour de récréation. Vous savez, ceux-là même qui ont leur heure de gloire grâce à la proéminence de leurs muscles et au caractère atrophié de leur cerveau. Il tombe un jour sur une publicité dans un magazine comics. Celle-ci vante les mérites d’un livre faisant de tout un chacun un hercule capable d’affronter tous les ennuis de la vie. Le jeune homme ne tarde pas à voir les résultats de la méthode. Non seulement il s’étoffe mais il développe aussi des pouvoirs surnaturels le rendant capable d’anticiper pas mal de choses. Il découvre rapidement que ces nouvelles facultés sont comme des lions en cage, il faut les maîtriser, les contrôler, les brider même. Luther se rend compte que les choses sont plus compliquées qu’elles ne le paraissent. Un certain bibliothécaire semble connaître beaucoup de choses sur Luther, il souhaite lui faire suivre une route qui n’est pas la sienne. L’affrontement entre les deux hommes semble inéluctable.
Notre Avis : notre premier contact avec la BD n’a pas été des plus tendres. Le dessin racoleur, le gore omniprésent et un pitch de départ trop classique nous auraient poussé à refermer l’album plutôt rapidement. L’arrivée du bibliothécaire change la donne. Voilà un méchant, un vrai, il donne du sens à cette oeuvre. Luther va aussi se poser beaucoup de questions sur son pouvoir, sur le sens de cette violence. Qu’est-ce qu’implique ce terrible pouvoir, doit-il payer un tribut ? On finit par oublier le gore inutile, cet inutile étalage de violence pour se concentrer sur l’essentiel, cette lutte fantastique entre l’homme et sa violence. La tension monte petit à petit pour ne plus vous lâcher et ceci jusqu’à la fin de cet opus. Certes on aurait aimé des dessins un peu moins tapageurs, un peu plus sombres mais ils servent finalement assez bien cette histoire déjantée. L’aspect mystique mêlé à un quotidien banal donne du sel à l’ensemble et la mise en scène n’est pas sans rappeler les plus grands thrillers du 7ème art. A réserver à un public adulte qui saura prendre le recul nécessaire à sa juste valeur.
Appréciation :
Witch Doctor T1, Coup de Scalpel
Scénario : Brandon Seifert
Dessin : Lukas Ketner
Collection : Contrebande
Format : 110 pages, couleurs
Editeur : Delcourt
ISBN : 978-2-7560-3265-8
L’histoire : difficile de parler d’une histoire à proprement parler. La BD propose une suite de récits indépendants. Mais cela n’empêche pas l’album d’avoir un fil rouge, fil rouge maintenu par des personnages hauts en couleur. Au centre de ceux-ci, le très prétentieux et bizarroïde Docteur Vincent Morrow. Il est médecin, enfin, on ne sait pas trop car son domaine d’intervention est la médecine occulte. Il s’occupe des exorcismes en tout genre, des démons parasites, des bestioles vampires, j’en passe et des meilleures. Son assistant s’appelle Gast, il est plus proche de ce que l’on peut appeler la médecine traditionnelle. Enfin, parlons de Penny l’Affreuse. C’est à la fois un patient et une aide pour notre docteur. Elle est possédée mais elle rend quelques services ici et là. Notre trio enquête donc sur les cas étranges comme ce jeune garçon dont le corps est totalement parasité par des démons. Notre docteur va se passionner pour ce cas qui n’a pas de vraie solution curative …
Notre Avis : l’album monte gentiment en puissance. Les premières histoires sont les coups d’essais de nos artistes, au début de la série. Cela se sent avec une narration un peu maladroite parfois et des personnages qui se cherchent encore un peu au niveau du trait. Ainsi l’histoire du jeune homme possédé sent un peu le réchauffé alors que l’épisode sur la fée ou celui sur les créatures marines sont de vrais bon moments. On leur préfère, malgré tout, le dernier jet qui met en scène un vampire très particulier.
Ainsi, au fur et à mesure, notre trio prend de l’épaisseur. Le Docteur est insupportable de suffisance mais on finit par s’y attacher. Sa volonté de percer les secrets mystiques est contagieuse. Gast prend aussi son envol vers la fin de l’album. Au début timoré et soumis, il finit par rentrer dans le lard du médecin. Penny est la cerise sur le gâteau. Elle est vraiment bizarre, décalée, … Effrayante quelque part. L’ambiance est aussi au rendez-vous avec des univers glauques et mystiques. Le bestiaire est magnifiquement dessiné sous la plume experte de Lukas Ketner. On se prend donc au jeu, à escorter notre bande sur les chemins improbables du mystère.
Appréciation :