Cela fait un petit moment que l’ouvrage est sorti (septembre 2015) mais cela fait aussi un moment qu’on a envie de vous en parler. Le Festival MaXoE, c’est bien le moment idéal, non ? Voici notre avis et l’interview de Nicolas Meunier, le photographe de l’aventure.
A propos de l’ouvrage
Avant d’entrer dans l’histoire de cet ouvrage, parlons un peu de son écrin. C’est un très beau livre. Vraiment. 30 x 24 cm, il ne joue pas dans la catégorie des poches. La couverture cartonnée maintenue par un élastique lui donne du lustre. Mais tout n’est pas dans l’emballage.
Un monde différent
1871. La France. Un beau bordel. Les prussiens sont aux portes de la capitale, la Commune fait rage et Napoléon 2 est prisonnier. Attendez, attendez, Napoléon 2 prisonnier en 1871 alors qu’i
l est mort en 1832 ? Oui, c’est une uchronie. Vous savez ces récits qui jouent avec l’Histoire en modifiant certains événements et en nous racontant ce que cela aurait donné avec cette nouvelle donne. Ce qui change ici ? Waterloo n’est plus une défaite mais une victoire rendue possible grâce à la grande machine. Mystérieuse machine que Napoléon 2 n’a pas utilisée en 1870 lors de la bataille de Sedan, ce qui a causé sa défaite. Nous suivons alors le périple d’André de Favart, un français, et d’Edward Parrow, un agent anglais. Leur but est de récupérer les plans de la machine pour permettre à la France et à l’Angleterre de battre les Prusses.
La France est Vaporiste
Les voilà donc parcourant la France à la recherche de l’inventeur de l’engin de destruction. A eux les rencontres improbables avec toutes les communautés vaporistes (ben oui la France est devenue Steampunk, d’où le titre de l’ouvrage) de l’époque. Les auteurs rendent ainsi hommage au genre de manière bien originale. Il fallait le trouver ce prétexte, non ? Du côté de la narration, rien à redire, c’est très bien écrit et le scénario nous entraîne dans ses méandres sans jamais nous perdre. Les rebondissements sont de la partie et les personnages sont hauts en couleur. C’est un mélange bien savoureux entre roman et témoignage historique uchronique. Et quand l’ouvrage s’éloigne un peu trop de l’Histoire, de petits encadrés remettent les pendules à l’heure.
Mais le Steampunk, c’est aussi du visuel et pour cela vous pouvez compter sur le travail de Nicolas Meunier. Je ne suis pas un spécialiste de la photo mais le style de Nicolas est tout de suite reconnaissable. Des éclairages hors normes, des poses expressives et cette facilité à créer une ambiance intemporelle, ambiance changeante en fonction des régions visitées. Bref, on aime beaucoup. Sachez aussi que les photos n’ont pas été retouchées.
A l’heure du bilan, on peut dire qu’à la lecture, on ne sait plus trop à quel moment commence l’Histoire et à quel moment finit la fiction mais c’est bien ça qui est savoureux. On parcourt les pages avec un plaisir rare, celui de lire quelque chose de différent.
L’interview de Nicolas Meunier
Nous avons eu le grand plaisir de pouvoir interviewer Nicolas Meunier, merci à lui. Il est ingénieur, plutôt Geek et la photo lui est tombé dessus. Depuis, sa réputation n’est plus à faire, dans pas mal de domaines, de la mode à la pub en passant par l’univers Geek.
La genèse du projet ? Nicolas a commencé à explorer le monde Steampunk en 2008 grâce aux auteurs du bouquin. Cela a commencé avec un ouvrage appelé Paris Steampunk. A cette occasion ils ont demandé à Nicolas de faire des photos de Paris. Et puis Etienne Barillier entre dans la danse, c’est un grand spécialiste de Philip K. Dick. Il avait participé au Guide Steampunk. Tout cela donne petit à petit l’idée de La France Steampunk.
Nicolas nous dit que le choix de la Commune a été guidé par le fait que c’est une période assez peu connue de l’Histoire française. Le but avoué est bien celui aussi de la culture véritable. Et puis cette période troublée est propice à leur volonté de raconter une histoire. Ils voulaient aussi un regard croisé, d’où notre couple Anglo-français.
Comment s’est fait ce livre ? Concernant la construction de l’Histoire, ils ont commencé à écrire une petite trame, s’en est suivi le choix des régions à visiter. Et dans chacune d’entre elles, ils ont cherché des acteurs locaux, des artistes à qui ils ont soumis un thème. Chacun devait alors se débrouiller pour construire ce thème. Nicolas avait carte blanche pour capturer ces personnages, et le livre s’est écrit au fur et à mesure des séances photos. Cette construction plutôt originale a permis à l’histoire de parfaitement coller aux photos.
Quand nous lui demandons si les photos sont vraiment non retouchées, Nicolas nous confirme qu’il n’y a pas eu d’altération des photos à part quelques virages de couleur permettant de donner un caractère aux régions visitées.
Quand je lui parle de cette lumière très spéciale sur les photos, Nicolas me confirme que son job a toujours été de créer les lumières, les ambiances. Tout se fait donc avec les équipements de lumières (entre 50 et 80 Kgs de matériel impliqués !). Son inspiration est clairement Geek, cela l’influence dans sa création d’ambiance.
Je reviens sur sa liberté pour l’ouvrage. Il confirme qu’à part quelques clichés, il a eu totale liberté pour exprimer son art. Il en profite pour nous parler des modèles. Parfois acteurs, parfois pas, ces personnes ont donné le ton aux photos. Il évoque le fait que ceux qui n’étaient pas trop habitués à l’exercice ont finalement, de par leur timidité et donc une certaine raideur, donné un côté ‘photo à l’ancienne’, propice à l’ouvrage.
Merci à Nicolas de s’être prêté au jeu et de nous avoir prêté quelques photos !