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La BD du jour : Clair-obscur dans la vallée de la lune de Montgermont & Alcante

La vie est là simple et tranquille disait le poète. La vie possède parfois des tiroirs cachés qui conservent en eux de vieux grimoires à oublier. Pas forcément tendre pour certain, elle demande parfois une rééducation pour apprendre à l’aimer, à aimer tout court, c’est un peu de cela qu’il s’agit dans Clair-obscur dans la vallée de la lune…

 

Destins qui se croisent, secrets gardés, regards échangés empreints d’un mélange de tristesse, de nostalgie et de bien d’autres choses qui nous échappent encore. On ne vient pas sur les hauts plateaux du nord du Chili par hasard. Le sol lunaire qui s’y étend à perte de vue possède une rugosité, une rudesse qui appelle à la réflexion sur soi et sur le monde. On y trouve donc peu d’hommes et de femmes mais chacun possède son histoire. Une histoire difficile à remuer, à déterrer, difficile à apprivoiser, faite de clairs obscurs et surtout de zones sombres. Cet album prend le partie d’étudier ce qui se cache au plus profond de nous : comment se reconstruire ? Comment réapprendre à vivre après un épisode tragique de notre vie ?

José Suarez, guide dans la région du désert d’Atacama vit replié sur lui-même. Sa seule lucarne de vie sociale passe par sa profession qui lui fait côtoyer des personnes qui viennent s’affranchir de leur passé et se recharger en énergie, si cela est encore possible, pour prolonger le voyage sinueux dans cette existence qui leur a souvent jouée des tours. José n’est pas du type expansif, il fait son job, crapahute à gauche et à droite avec ses hôtes pour leur révéler cette terre presque oubliée. Joan elle, possède aussi ses secrets, elle vient surtout bousculer les habitudes de cet homme bourru. Ils vont apprendre au fur et à mesure de leur pérégrinations communes à s’apprivoiser, à s’écouter, à partager et donc à regagner la confiance en eux qui s’était effacée avec le temps et les doutes parfois accumulés à tord. Pour José cela ne semblait pourtant pas gagné d’avance, lui qui, aimé d’Ana-Lucia, ne paraissait pas apercevoir les gestes et attitudes de la jeune femme en attente d’affectif. Et puis il y a cette histoire qui se construit dans une analepse qui dévoile par touches subtiles le passé de José et les meurtrissures qui l’ont peu à peu enfermées dans son monde à lui, dans lequel il se (sur)protège.

Le récit se construit en laissant la part belle au visuel. Les regards, les corps, les paysages offrent la matière dans laquelle se lient les rares dialogues. Le texte est moins avare dans la narration ou dans les pensées des personnages (bulles translucides). Il vit par murmures ou pensées profondes, capte notre attention, nous replonge dans des réminiscences ou dans des parenthèses de notre existence dont on souhaitait peut-être faire abstraction. Quels seront les destins de ces protagonistes anti-héros ? Faut-il croire en la reconstruction ? Peut-on panser les plaies profondes ? Cet album pose des questions, offre des réponses et nous fait aimer tout simplement la vie.

Montgermont & Alcante – Clair-obscur dans la vallée de la lune – Dupuis – 2012 – 14,95 euros


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