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La BD du Jour : Le Scarabée d’or de Corbeyran et Marcel d’après Edgar Allan Poe

Après Carmen publié au début du mois de janvier par Delcourt, voici une seconde référence qui alimente la riche collection Ex-Libris, Le scarabée d’or d’Edgar Allan Poe. Le principe est simple, placer entre les mains d’un scénariste et d’un dessinateur le soin de revisiter, le plus fidèlement possible une œuvre du patrimoine littéraire. Pour Le scarabée d’or, le très actif Corbeyran s’est adjoint les services de Paul Marcel… et ce duo fonctionne à merveille !

 

 

Difficile de redonner vie à des textes archi-connus. Tout d’abord le risque de décevoir le lecteur, qui a forgé son imaginaire, ses propres images du texte original, n’est pas à exclure dans ce genre d’exercice. Ensuite il faut pouvoir, dans un format réduit à 44 planches, redonner les articulations du texte, retranscrire les émotions et le suspense du récit tout en osant proposer une version personnelle de l’œuvre. La confiance entre le scénariste et le dessinateur doit donc être absolue pour éviter de tomber dans des relectures sans saveur ni relief. Corbeyran arrive, au métier, à faire resurgir du texte sa saveur première.

Mais replaçons tout d’abord le contexte de cette histoire. William Legrand vit en reclus sur l’île déserte de Sullivan située près de Charleston en Caroline du Sud. Seul un esclave affranchi, Jupiter, lui tient compagnie. Le narrateur explique comment la rencontre avec Legrand va lui permettre d’être mêlé, un peu malgré lui, à une histoire troublante sous fond de chasse au trésor, de cryptogramme mystérieux, de corsaire et de squelettes mis à jour. Une expérience enrichissante à plus d’un titre qui lui fait raconter, par les mots d’Edgar Allan Poe, ce récit qui prend naissance dans les bayous troublants du sud des Etats-Unis…

Paul Marcel excelle dans la mise en ambiance. Son trait voluptueux nous enrobe dans les marais laiteux de Caroline du Sud. Il porte le récit vers le doux délire qui habite les hommes qui y prennent part. En rompant avec le classique découpage des planches case à case et en débordant sur des fonds perdus, sur des pleines pages, il arrive à habiller le récit de cette folie des hommes face à l’inconnu. Legrand prend des allures de diable par ses yeux exorbités, sa coupe de cheveux méphistophélique et les attitudes équivoques que le dessinateur lui donne. Le narrateur semble quant à lui subjugué par le récit que lui offre l’ermite. Corbeyran alterne dans son scénario, à juste titre, voix off et dialogues incisifs, directs, qui portent cette histoire extraordinaire vers l’essentiel. Une osmose naît d’un triangle quasi magique entre les intensions d’Edgar Allan Poe, la lecture du scénariste et le dessin louvoyant de Paul Marcel. Les amateurs de cet univers sombre, torturé et néanmoins hypnotique du maître américain ne pourront que redécouvrir ce texte avec un réel enthousiasme…

Corbeyran et Marcel (d’après Edgar Allan Poe) – Le Scarabée d’or – Delcourt – 2012 – 10, 95 euros


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