Sur les traces d’un serial killer l’inspecteur Jensen traverse des doutes, comment un homme peut-il se rendre coupable de tels méfaits ? Une enquête choc révélée par le fils de ce flic dont la vie a à jamais basculé dans la confrontation avec le tueur de Seattle…
Avec un pareil titre nous supposons sans peine nous plonger dans un thriller typiquement US avec ses inspecteurs à la Callahan, gros bras, charismatiques et intraitables avec les tueurs qu’ils éradiquent presqu’aussi vite qu’ils fomentent de nouveaux crimes. Bref une ambiance glauque relevée par des héros percutants et avides de justice rapide. Tel aurait pu être le déroulé du Tueur de la Green River, thriller à la sauce américaine réalisé par deux auteurs déjà rôdés. Et pourtant la lecture de cet épais album nous révèlera bien des surprises. Pas de superflics nourris aux doses de caféine et qui sillonnent la ville avec des pistes toujours plus convaincantes à explorer. Dans cette histoire tirée d’un fait divers qui s’est effectivement déroulé – ce qui ajoute au côté macabre bien entretenu par les auteurs – l’assassin a pu sévir sans être inquiété pendant plus de vingt ans, additionnant les crimes jusqu’au nombre stratosphérique de soixante-et-onze victimes. Inimaginable. Impensable. Comment un homme a-t-il pu déjouer les plans d’un service entier d’enquêteurs à ses trousses, explorant les moindres détails laissés sur les scènes de crimes ? Comment a-t-il pu se faufiler entre les mailles du filet tendu dans un territoire somme toute confiné à Seattle et sa banlieue ? Tout semble irréel dans ce récit, ou tout du moins le lecteur espère qu’il s’agisse d’un mauvais rêve… Pourtant non. Ridgway – c’est son nom – a bel et bien existé. Il est l’auteur reconnu de quarante-neuf assassinats (même s’il en a avoué bien plus).
Le récit qui nous est conté nous fait revivre les évènements par le biais du regard du détective Tom Jensen qui poursuivra jusqu’au bout – c’est-à-dire jusqu’à ce que Ridgway soit confondu par son ADN – l’auteur de ces crimes sordides. Tom Jensen n’est autre que le père du scénariste de cet album, ce qui ajoute à l’authenticité. Le récit explore de fait avec un luxe de détails, les doutes, craintes mais aussi la ténacité et la dévotion d’un enquêteur meurtri par une affaire comme il en existe qu’une par siècle.
L’album est épais mais ne possède pas de longueurs. Il décrit le mal. L’incarnation du mal en un homme qui, dans un sang-froid à hanter nos nuits, aura défié le temps et les hommes à sa poursuite. Le meurtrier semble ne jamais regretter ce qu’il a fait. La vie, pour lui, possède une autre valeur, un autre sens. En ce sens le meurtrier échappe à toute logique de compréhension.
Un essai à glacer le sang !
Jensen/Case – Le tueur de la Green River – Ankama – 2012 – 15,90 euros