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La BD du jour : Les Faux Visages de David B et Tanquerelle

Voilà une bonne BD de voyous, une BD qui hume les films des années 70/80 avec leurs lots de gangsters en tout genre, de flics ripoux (ou pas d’ailleurs), de suspense et de morts précoces. Tout cela a aussi réellement existé et le gang des postiches a connu son heure de gloire dans les années 80. David B et Tanquerelle nous proposent une plongée dans la vie quotidienne d’une bande de potes, gangsters il est vrai, mais pas forcément antipathiques… C’est là tout le charme de cet album…

Nous sommes au début des années 80, le gang des postiches vient juste de se constituer avec cette idée de porter des masques et des déguisements comme les personnages d’une nouvelle de Marcel Schwob. Cinq ans plus tôt lors d’une attaque de banque à main armée, l’alarme est tirée par un employé et tout part en vrille. L’employé zélé est abattu d’une balle en pleine tête. Un des bandits tombe sous les feux de la police à l’extérieur de la banque. Deux autres braqueurs réussiront pourtant à s’enfuir dont Momo, un de ces gangsters charismatiques qui ont donné au 7ème art des personnages haut en couleurs. Un jour où il sillonne la capitale, grillant feux rouges pour pimenter sa vie et s’arroger le titre de Roi de Paris, Momo tombe sur un os. Un flic l’arrête pour le verbaliser et, lors du contrôle de papier, tout dérape une nouvelle fois. Momo refuse d’obtempérer et sort un flingue sous le nez du flic. Mais manque de chance un autre condé en civil surgit de nulle part – il passait là par hasard, pas d’chance ! – et descend Momo. C’est pour lui rendre hommage et perpétrer la tradition du bandit façon Robin des bois que se constitue le Gang des postiches. Car, comme dit l’un d’entre eux, Pour les bourgeois piquer du fric, c’est pire que faire couler du sang. Ils seront huit venus d’horizons et de cultures différents, habités par ce désir de vengeance, par cette injustice criante que réserve la société à ceux qui ne sont pas nés une cuillère en argent dans la bouche. Bandit certes mais avec un code, des valeurs. A un client qui entre dans une banque pour y déposer son argent alors qu’ils sont en train de la braquer, un des membres du gang aura cette formule saisissante alors que l’homme lui tend l’enveloppe de billets : Reprenez votre argent, on prend pas l’argent des clients ! juste celui de la banque !

Disons-le ici l’association David B au scénario et Hervé Tanquerelle au dessin fait mouche. Les auteurs arrivent à créer une atmosphère. Les dialogues fusent, les situations se succèdent avec rythme. Le découpage en chapitres rapproche l’album d’un bon film/polar des années 80. La force de cet album est aussi à trouver dans cette façon de mettre aux prises deux temps, celui des malfrats à l’ancienne, pour qui le risque faisait partie du jeu, et celui des gangsters modernes, ne prenant au contraire aucun risque par la surenchère d’armement au service du crime : lance-roquette, armes lourdes, sacrifices humains dans le seul dessein d’atteindre leur but avoué, l’argent, toujours plus de fric. Le dessin recrée l’ambiance de cette époque avec des détails qui nous happent. L’habillage de bleu crée un décalage qui évite de sombrer dans un noir et blanc trop attendu. Alors que certains jouent parfois la surenchère d’effets il est rassurant de voir que la BD peut aussi revenir à des récits de forme « classique », dans toute la noblesse du terme, avec simplicité mais émotion. Une émotion qui plus est teintée d’humour… Que demander de plus ? 

David B et Tanquerelle – Les Faux Visages – Futuropolis – 2012 – 21 euros


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