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La BD du jour : Les zombies n’existent pas de Sylvain Escallon

L’histoire a souvent mis en lumière des serials killer redoutables, capables de se fondre dans leur environnement au point de n’être décelés qu’après maintes et maintes recherches de terrain. Les flics dépêchés pour l’enquête doivent faire montre d’une perspicacité à toute épreuve pour mener à bien leur but ultime qui est de préserver la société de ces individus capables d’anéantir des vies pourtant pas toutes monotones…

 Les Zombies n'existent pas

Les Zombies n'existent pasLes faits divers égrènent parfois les quotidiens pas toujours flamboyants. Ils viennent ajouter leur lot de noirceur dans une société qui ne fait que peu de cadeaux à ceux qui vivent à la limite, ces personnes « ordinaires » qui deviennent, dans les rouages de l’économie de marché, de simples pions interchangeables et assurément pas destinés à venir titiller les lumières réservées à un public plus huppé, plus « in » et aussi bien plus réduit. Exemple de cette sinistrose ambiante Piquier, licencié et laissé à l’abandon. Personne n’a pu le prendre en charge lorsqu’il en avait le plus besoin. Ce schéma sociétal chacun de nous le connait. Des hommes et des femmes viennent soudainement augmenter les chiffres des laissés pour compte sans que l’on ne puisse rien y faire. A la rigueur cela pourrait nous rassurer : la faucheuse sociale emporte avec elle celui qui, juste à côté de nous, semblait encore il y a peu pouvoir passer l’hiver. Mais il n’en est rien. Et cela diffère pour un laps de temps le moment fatidique où nous serons nous-même emportés. Piquier a connu une vie sociale presque normale jusqu’au moment de la grande bascule. Pour sa plongée dans les abysses de la dépression il a décidé qu’il ne partirait pas seul. Alors il tue comme d’autres se noient dans l’alcool, dans la spirale suicidaire ou la négation identitaire. Ses victimes semblent ne pas posséder de liens entre elles ce qui complique d’autant la tâche de l’inspecteur Kowalski qui le traque à gauche et à droite au grès de ses déplacements. Piquier tue sans logique ou avec sa propre logique. Il respecte par contre un rituel morbide, celui de couper un doigt à ses victimes. Sorte de trophée précieusement conservé. Kowalski tâtonne. Il trouve néanmoins des indices qui vont former une piste devenue sérieuse qui le ramène à Piquier dont il ignore encore l’identité. Lorsqu’il se rapproche enfin du tueur, l’inspecteur découvre à son grand désarroi que celui-ci est mort il y a tout juste un an… Pourtant il en est persuadé… Les zombies n’existent pas !

En adaptant le roman d’Emanuel Dadoun publié chez Sarbacane il y a trois ans maintenant, Sylvain Escallon nous livre un récit sombre qui puise dans l’ambiance des meilleurs polars ou thrillers. Ses personnages et notamment l’inspecteur Kowalski semblent un brin désenchantés. La vie de flic lui a-t-elle ôté toute envie et toute passion pour la vie, pour le plaisir de l’instant ? Sûrement. Etre flic n’est pas foncièrement épanouissant surtout dans cette société qui perd ses repères au point d’accoucher de monstres insaisissables. Sylvain Escallon surprend par sa maturité graphique (il n’a que 23 ans), son aisance dans le découpage, dans la manière d’amener son récit en préservant les zones d’ombres, en offrant aussi et surtout cette ambiance glauque accentuée par un noir et blanc fort à propos. Un récit à découvrir tout autant que son auteur !

Sylvain Escallon – Les zombies n’existent pas – Sarbacane – 2013 – 22 euros


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