Récit débordant d’humour, où les dialogues et les plans s’enchaînent à une vitesse pour le moins rapide, Vivisection surprend. Tout d’abord la couverture ne laisse rien présager du contenu… quoique, le gars qui se fait délicatement ouvrir le torse par une bimbo à forte poitrine n’a pas l’air de ne pas aimer… Qu’est-ce à dire ? serions-nous dans un récit décalé plein de rebondissements ?

Il faut le dire, l’avouer même, les mariages passent souvent très vite pour les heureux époux mais peuvent paraître interminables pour les autres. Théo reconnait à demi-mot en être un peu blasé. Et pour cause, le voilà contraint d’assister au troisième mariage de sa sœur en deux ans ! Dans ce contexte on comprendra aisément que la lassitude gagne, surtout que ces cérémonies sont souvent l’occasion de se rapprocher de nouveau de certains membres de la famille et d’amis que l’on aimerait parfois ne plus revoir… Revenons à Théo. Jeune chercheur en biologie, passionné par ce qu’il fait il communique son enthousiasme aux personnes qui l’entourent… Enfin tout du moins il les impressionne, ce qui est déjà pas mal. Alors que ce troisième mariage semble l’ennuyer au plus haut point, son regard se trouve véritablement happé par une jeune fille qui représente son idéal : belle certes sans être vulgaire, d’un air sérieux et passionné, mystérieuse… bref pour le jeune homme, Claire, puisque c’est son nom, sera l’objectif de la soirée. Mais aussitôt qu’il s’enthousiasme à des perspectives charmantes, il découvre que cette jeune personne n’est autre qu’une cousine éloignée. Pire, elle n’a que quinze ans. Deux obstacles quasi-insurmontables pour celui qui, déjà, hésite à aller lui parler. Cette soirée sera dès lors rythmée par les tentatives d’approches de Théo, pas résigné malgré tout, et l’introspection qu’il mène sur sa vie et ses perspectives…

Les passages hilarants, comme celui sur la découverte des plaisirs du sexe et de l’onanisme, ou encore les scènes partagées avec le cousin « retardé » envahissant, alternent avec des flash-back sur la vie passée du jeune adulte, sur la présence un peu trop pesante d’une mère dans la vie de son fils. Lorsqu’il se met à réfléchir, Théo nous transporte vraiment dans son monde intérieur. A ce propos le passage que l’on vit à l’intérieur même de la tête du jeune chercheur reste parmi les meilleurs passages de l’album… quoique les bons passages sont légions et la cadence de ce scénario rondement mené laisse au lecteur ce goût profond et chaleureux d’une bonne bouteille d’un vin tannique. Si l’approche surprend, la finale est souvent ensorceleuse et le goût en bouche perdure un long moment. En lisant cet album on passe par ces trois phases, signe d’un agréable moment passé…

Matt Dunhill & Cisko K – Vivisection –Treize Etrange – 2011 – 15 euros