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Le jeu d’echecs, quelques histoires d’ouvertures…

Même si cet article s’adresse aux amateurs d’échecs, je vais essayer, pour les non initiés de débuter cette chronique en replaçant la partie d’échecs dans un contexte pour permettre de mieux comprendre l’essence du jeu et les différentes phases d’une partie. Il est coutume de diviser aux échecs la partie en plusieurs phases. Ainsi les premiers coups se rapporteront à l’ouverture, le milieu de jeu sera la phase la plus active au cours de laquelle les manœuvres, soit pour améliorer sa position, soit pour construire une attaque sur le roi ou sur une partie de l’échiquier (lutte pour certaines cases stratégiques) vont prendre forme. Enfin la finale caractérise la phase au cours de laquelle l’échiquier se trouve vidé d’une partie des pièces et des pions et représente l’ultime moment avant la décision. Nous allons aujourd’hui vous parler de l’ouverture et plus précisément de deux ouvertures. Car chaque système porte un nom spécifique, en fonction de son « découvreur » ou de régions du globe célèbres pour avoir développé le jeu. On parlera ainsi de défense sicilienne, française, espagnole, d’ouverture anglaise, chacune possédant par ailleurs une ou plusieurs sous variantes.

 

La défense sicilienne s’est imposée au fil des ans comme la réponse la plus prisée sur 1) e4. En instaurant une dissymétrie très tôt dans la partie par 1)… c5, les noirs entrent dans des phases de jeu offrant du contre-jeu, synonyme de meilleures chances de gain mais aussi de défaite. A vrai dire ce système de jeu offre souvent des parties spectaculaires très prisées des jeunes joueurs mais aussi des forts maîtres ou grand-maîtres désirant un jeu actif. La littérature échiquéenne foisonne d’études sur cette ouverture et ses sous-variantes. La Najdorf, du nom du grand-maître qui la popularisa, s’est inscrite depuis de nombreuses années dans les ouvertures clefs pour de grands champions. Ainsi Bobby Fisher l’adopta, tout comme Garry Kasparov plus tard ou encore Veselin Topalov, Boris Gelfand ou l’actuel champion du monde indien Viswanathan Anand. C’est dire que ce système de jeu complexe n’a pas livré encore toutes ses lumières et que le débat théorique n’a pas fini d’alimenter les chroniques et autres livres référents en la matière. La Najdorf débute par cette série de coups : 1) e4  c5 2) Cf3  d6 3) d4  cxd4 4) Cxd4  Cf6 5) Cc3  a6. Dans le livre La Sicilienne Najdorf expliquée édité par Olibris, James Rizzitano reprend à la lumière des parties les plus récentes les grandes lignes de cette ouverture. Ainsi la première partie de cet ouvrage reprend les thèmes typiques du jeu de la Najdorf. Précieux pour l’amateur qui désire entrer dans l’étude de cette ouverture car son auteur développe en quelques lignes les thèmes récurrents et les idées clefs de cette ouverture. Ensuite chaque sous-variantes est étudiée minutieusement avec comme base les parties récentes les plus instructives sur le sujet. Chaque chapitre est précédé d’un préliminaire mettant en évidence les raisons de choisir cette option de jeu. Ainsi sont notamment déclinés L’attaque Fisher, La variante du fianchetto, la variante Gelfand, la variante Kasparov, celles du pion empoisonné et Polugaevsky, qui livra, il y a quelques années l’un des plus bel ouvrages d’échecs, Les secrets d’un grand-maître dans lequel il analyse justement cette variante en présentant avec sincérité et émotion les épreuves et tests grandeur nature qui lui ont permis de l’imposer comme une alternative possible, tout du moins jouable et ultra-dynamique, même si elle est moins prisée aujourd’hui car trop risquée pour les noirs. A partir de 25 parties phares démontrant les grands thèmes développés par cette ouverture, James Rizzitano offre un ouvrage d’une grande exhaustivité dans lequel l’amateur d’ouvertures riches en perspectives ne peut rester insensible. Notons au passage que dans l’actuel cycle de qualification pour le championnat du monde d’échecs (matches des candidats), cette variante Najdorf a déjà été jouée cinq fois, dont une donna lieu à un bras de fer terrible entre Gata Kamsky et Boris Gelfand, le 14 mai 2011 (voir diagramme ci contre avant le 28ème coup noir catastrophique – Dh5 – qui aurait pu valoir la défaite à Gelfand si son adversaire avait pu exploiter ce mauvais coup… Pour les amateurs à vous de trouver comment gagner sur 28)… Dh5 ?? J’attends vos réponses !). Une ouverture d’actualité donc et un livre qui se doit d’être lu et étudié par tous les amateurs !

James Rizzitano – La Sicilienne Najdorf expliquée – Olibris – 2010 – 24 euros


Si la défense sicilienne est considérée à juste titre comme une ouverture agressive qui peut virer sur certaines variantes vers un combat de plus aigu, tel n’est pas le cas de la partie catalane. Cette ouverture « récente » dans le milieu des échecs a été inventée par le grand théoricien Xavier Tartacover lors du tournoi de Barcelone de 1929. Elle est issue des coups 1) d4  Cf6 2)c4  e6 3) g3  d5 4) Fg2. Plus positionnelle elle a été popularisée par de nombreux grands-maîtres depuis sa création dont Karpov et Kramnik, deux anciens champions du monde ! Elle a également été jouée lors de la lutte pour le dernier titre mondial entre l’indien Anand et le bulgare Topalov. C’est dire si cette ouverture mérite toute l’attention qui se doit.

Dans un pavé de plus de 400 pages les russes Alexander Raïetsky et Maxim Tchétverik proposent de traiter cette ouverture de manière exhaustive, aidés en cela par nombre de parties récentes. L’intérêt de cet ouvrage réside dans son approche même. Chaque chapitre fait un état des lieux des variantes et sous variantes en proposant une série de statistiques sur les chances de gagner avec les blancs en fonction du système choisi, ce qui peut inciter le lecteur à privilégier telle ou telle option de jeu. Chaque système est par ailleurs décortiqué en proposant les avantages et inconvénients de chaque ligne. Rien de mieux pour mémoriser rapidement les schémas de chaque variantes et donc comprendre ce qui sous-tend l’utilisation de cette ouverture. A noter que la version française a été enrichie d’un chapitre dédié entièrement au championnat du monde qui opposa Anand à Topalov en 2010 à Sofia. Lors de ce match tendu la partie catalane fut jouée quatre fois avec un score très favorable pour les blancs de deux victoires et deux nulles soit 3 points sur 4 possibles. Il est clair que la partie catalane aura été au cœur de ce match. Anand aura réussit son pari de démontrer que la catalane ne tend pas à lénifier le jeu mais peu donner lieu à des combats de longue haleine. Pour les amateurs de combinaisons, nous donnons à titre d’exemple un diagramme de la quatrième partie de ce match, longuement analysée par Raïetsky et Tchétverik dans Jouer et gagner la partie catalane. A vous de trouver la combinaison ! (voir diagramme ci-contre les noirs viennent de jouer le très mauvais 22)… Tad8 ?? qu’arriva-t-il au malheureux bulgare ?).

Au final le livre offert par Raïetsky et Tchétverik, regorge  d’analyses et de systèmes de jeu à découvrir posément un soir au coin du feu. Un ouvrage remarquable.

Raïetsky et Tchétverik – Jouer et gagner la partie catalane – Payot – 2010 – 25 euros


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