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L’Enfance, ses troubles et ses espoirs en BD

L’enfance, période propice au développement de tous les imaginaires, propose ses univers mystérieux dans lesquels se côtoient personnages merveilleux et êtres hybrides embarqués dans des aventures plus édifiantes les unes que les autres. Mais ces univers aussi riches et passionnants soient-ils, peuvent renfermer des peurs et des angoisses. Alice, l’héroïne de Lewis Carroll représente à merveille cet être fragile à l’esprit créatif et foisonnant qui se laisse happer dans un no man’s land où se mêlent des personnages hybrides et intrigants. Sous le regard de Lostfish Alice prend vie et laisse exprimer ses émotions et ses questionnements face au monde qu’elle imagine. Pour les adolescents de S.A.M la vie ne tient qu’à un fil. Uniques survivants d’un monde post-apocalyptique, ils essayent de se regrouper pour vaincre les dangers qui les menacent. Pour Joseph et Maurice, deux enfants juifs dans le Paris occupé de la seconde guerre mondiale, le passage dans la vie adulte va arriver plus vite qu’il ne doit. Leur périple pour gagner la zone libre compose un somptueux diptyque écrit et dessiné par Kris et Vincent Bailly.

 

 

Si Alice au pays des merveilles demeure le récit le plus connu de l’écrivain anglais Lewis Carroll, A travers le miroir va peut-être plus loin dans le développement et la construction de la fantasmagorie. L’écrivain décline, dans cette suite au récit des aventures de la jeune Alice, un univers étrange où se superposent plusieurs niveaux de lectures et d’interprétations possibles. Carroll souhaitait que chaque lecteur s’assimile à ce voyage initiatique et amène avec lui son vécu et ses expériences pour le pousser à mener une véritable introspection, d’où la difficulté à trouver une seule portée ou une seule voie au récit qui en devient difficile à capturer.

Alice qui s’ennuie dans sa maison franchit le miroir et se trouve transposée dans un monde pluriel qui pourrait être assimilé à la campagne anglaise (avec ses jardins). Pourtant ce monde possède quelques faces étranges qui le singularisent. Il se décline ainsi sous la forme d’un jeu d’échecs grandeur nature. Il est ensuite peuplé de bêtes et d’insectes bizarres qui parlent : moucheron, éléphants butineurs, taons, papillons, libellules, licorne… ce bestiaire, Lostfish lui donne vit. L’illustratrice a pris en effet le parti de privilégier, dans ses dessins, les rencontres entre Alice et les êtres qui peuplent l’autre côté du miroir. Ce monde prend dès lors un visage humain, il s’anime avec force, permet aussi et surtout le développement des émotions de la jeune fille : mélancolie, tristesse, questionnements… On touche ici au sensible sans sensiblerie. Les côtés sombres sont déclinés, faisant de cette Alice, le personnage sur lequel repose le monde avec toutes ses facettes, ses déclinaisons, ses troubles et ses espoirs. Simple pion du jeu, Alice voudra devenir Reine. Elle devra ainsi franchir les cases de l’échiquier géant pour arriver à la promotion sur la 8ème rangée. C’est dans ce périple qu’elle rencontrera des êtres bizarres et protéiformes qui vont la guider vers son but, par énigmes ou jeux de mots. Elle parviendra à son but… mais en sommes-nous véritablement sûr ?

«  Oh que je suis contente d’être ici ! Mais qu’est-ce  que j’ai donc sur la tête ? » s’exclama-t-elle d’une voix consternée, en portant la main à un objet très lourd qui lui serrait le front. « Voyons, comment se fait-il que ce soit venu là sans que je le sache ? » se dit-elle en soulevant l’objet et en le posant sur ses genoux pour voir ce que cela pouvait bien être. C’était une couronne d’or.

Respectueuse du texte de Lewis Carroll mais forte de ses idées, Lostfish nous livre une vision décalée du petit monde d’Alice que nous connaissions tous jusqu’alors. Par cela elle nous amène à revisiter le texte. Dès lors le lecteur se trouve positionné non pas en simple observateur du monde féérique et terrifiant qui prend corps au fil des pages, mais bel et bien en acteur à part entière de cet univers. Symbole s’il en est de la réussite de ce beau projet.

Les adaptations graphiques ne possèdent pas toujours le même degré de réussite. Parfois le lecteur se trouve happé par le texte et ignore pour un temps les illustrations. Parfois au contraire, ce sont les illustrations qui le frappent au point d’en perdre le fil du récit. Rares sont les ouvrages qui arrivent à mêler de façon aussi prégnante texte et images, à faire sauter les verrous de notre inconscient pour mieux appréhender la force et les sous-entendus que renferme le parcours d’Alice dans ce monde merveilleux. Dans cette nouvelle version d’A travers le miroir, aucun des deux médias ne prend le dessus sur l’autre, c’est donc une œuvre globale qui voit le jour. La réussite de ce projet prend naissance dans l’attachement de la jeune illustratrice pour l’œuvre de l’auteur anglais, dans les heures passées à construire/déconstruire le récit pour essayer d’en saisir toute la sève et toute la portée. Une fois refermé l’ouvrage le lecteur sait qu’il vient de vivre une expérience de lecture unique, le faisant passer, pour un bref instant, de l’autre côté du miroir… Un véritable choc !

Lewis Carroll & Lostfish – A travers le miroir – Soleil Productions, collection Métamorphose – 2011 – 29, 50 euros

 

Interview de Lostfish

 

Comment est né votre désir de travailler sur le projet d’A travers le miroir ?
L’idée de départ d’illustrer un voyage d’Alice est né il y a déjà quelques années, d’un amour commun que Barbara Canepa et moi avons pour l’univers de Lewis Carroll, nous avons pensé à diverses méthodes pour réaliser ce projet, pour finalement s’intéresser au roman illustré, qui reste ma forme de livres favorite. Le choix d’A Travers le Miroir est dû au fait que celui-ci est moins connu, et donc plus intéressant à interpréter.

Plus que d’illustrer le texte de Lewis Carroll, vous en donnez une interprétation, notamment sur la psychologie des personnages, leur réaction face à telle ou telle situation. Etait-il essentiel pour vous non seulement de transcrire l’histoire de Lewis Carroll mais aussi d’en donner votre propre vision ?
Tout d’abord, l’émotion est toujours mon objectif principal, j’ai donc énormément joué sur les caractères de chaque personnage, en particulier avec les Reines, qui sont des personnages extrêmes et opposés, pour essayer de provoquer des émotions chez le lecteur, pour qu’il se sente aussi déstabilisé qu’Alice elle-même au cours de son aventure. Il y a très peu d’action de l’autre côté du miroir, l’essentiel du récit est basé sur des rencontres étranges et des dialogues déstructurés, il était donc crucial de jouer sur les expressions et attitudes des personnages. A mon avis le merveilleux dans les voyages d’Alice est surtout un argument pour mettre en avant ces rencontres étranges, j’ai essayé de l’utiliser de la même façon en image, par touches et détails, pour éviter de passer du côté de la fantaisie pure. Pour résumer en quelques mots, j’ai illustré l’histoire de Lewis Carroll en me demandant à quoi ressemblerait l’autre côté du miroir s’il s’agissait de mon rêve, avec mes fantaisies et mes peurs personnelles.

Travailler sur un auteur aussi complexe et difficile d’approche que Lewis Carroll demande-t-il une certaine préparation pour entrer dans son univers ? (Recherches documentaires, biographie et bibliographie de l’auteur, compréhension du jeu d’échecs pour A travers le miroir…)
Lewis Carroll est en effet un personnage complexe et souvent difficile à cerner… Je connaissais bien son univers depuis de nombreuses années, il m’a toujours beaucoup inspirée, je n’ai donc pas fait énormément de recherches, à part quelques études psychologiques sur son œuvre, mais les interprétations possibles sont si nombreuses et variées que j’ai finalement préféré illustrer une vision très personnelle. Je pense aussi qu’il est plus important de laisser s’exprimer notre folie intérieur pour réussir à illustrer cet ouvrage… j’imagine assez facilement que les autres personnes qui se sont attelées à cette tâche en sont arrivées à cette même conclusion ! Pour ce qui est de jeu d’échecs, j’ai la conviction que Lewis Carroll n’accordait que peu d’intérêt aux règles, son interprétation du jeu d’échecs et donc tout aussi libre et fantaisiste que le reste de son univers, tout aussi déroutant !
Je pense que l’on peut relire les aventures d’Alice des dizaines de fois, et découvrir de nouvelles facettes à chaque lecture, en fonction de notre état d’esprit, de notre âge, de nos expériences, l’histoire prend un nouvel aspect si quelque chose en nous a changé entre temps. C’est aussi ce qui fait la magie de cette œuvre.

Alice a été illustrée ou mise en scène par de nombreux illustrateurs, dessinateurs, cinéastes. Connaissiez-vous certaines des représentations d’Alice ? Si oui vous a-t-il fallut en faire abstraction lors de votre propre travail ?
Je me suis vraiment coupée du monde pendant que je travaillais sur le livre, par choix, l’année 2010 a été particulièrement riche en interprétations diverses, de la plus commerciale à la plus underground, et je ne voulais pas prendre le risque de me laisser influencer par une autre œuvre, ce qui aurait été un peu stérile… Cette surenchère d’interprétations diverses offrait aussi la liberté de faire un livre d’autant plus personnel, de prendre plus de risques sur le fond et la forme, il existe déjà tellement de visions possibles de l’univers Alice qu’il est tout à coup possible de s’éloigner des clichés habituels, et de laisser libre court à son imagination et à sa folie.

Est-il juste de dire que votre univers créatif est, sur certains aspects, assez proche de celui de Lewis Carroll ? Je pense notamment au travail sur la psychologie des personnages et notamment vos recherches visuelles sur les jeunes filles, ou bien à l’onirisme et au bestiaire que vous développez tous les deux ?
Le monde de l’enfance est quelque chose qui m’attire beaucoup, je trouve que dernièrement, les enfants ont tendance à grandir de plus en plus vite, et à passer à côté des plus beaux moments de la vie, ceux qui nous manquent une fois adulte, l’innocence, les rêveries, l’insouciance face au temps qui passe… Je pense que tout ceci était aussi très important aux yeux de Lewis Carroll, qu’il a essayé de figer tous ces moments dans le temps, aussi bien par écrit qu’en images, par peur que tout cela ne s’efface petit à petit… Cette angoisse était aussi très présente chez J. M. Barrie, le tic-tac de la montre rythme les univers de ces deux grands narrateurs de rêves. Pour en revenir à la question, je pense que ce qui nous rapproche est une certaine angoisse face au monde réel et au temps qui s’écoule, le goût pour l’absurde, la déformation de la réalité, et la rêverie… nous sommes de grands enfants nostalgiques sans doute.

Comment avez-vous travaillé concrètement sur le texte ? L’avez-vous décomposé section par section (chapitre) ou aviez-vous une idée (très) précise de l’ensemble dès le départ ? Comment s’est opéré votre choix d’illustrer tel ou tel passage de l’histoire ?
La première chose que j’ai faite a été d’essayer de visualiser le livre dans son ensemble, pour avoir un certain équilibre au fil des chapitres, créer une fréquence d’images régulière mais pas trop pesante pour le lecteur. Je pense que c’était la plus grosse difficulté pour moi, pour un premier livre c’était un challenge… Je voulais vraiment mettre en lumière les textes, et ne pas les « asphyxier », laisser suffisamment de liberté d’interprétation pour qu’images et textes se complètent.
Pour le choix des passages, j’ai bien sûr illustré un bon nombre de « moments clé », comme l’avait fait John Tenniel, mais aussi des passages plus rarement représentés, comme l’attaque du corbeau, et surtout une multitude de petits détails, petits insectes et gourmandises qui font la richesse de l’univers de Carroll.

Dans votre univers graphique, les enfants sont souvent tourmentés ou en questionnement sur le sens des choses. Ils apparaissent souvent sous leur aspect mélancolique et fragile. Pouvez-vous nous dire ce qui vous attire dans cette période de la vie qu’est l’enfance ?
Comme j’en parlais précédemment, l’enfance est une grande source d’inspiration pour moi, c’est une période de la vie où tout peut paraître merveilleux, les enfants s’inventent des histoires, et elles deviennent réelles pour eux… mais elle a aussi sa part d’incompréhensions face au monde, d’interrogations, de grandes injustices… c’est la période de la vie où l’on apprend aussi le plus de choses… belles et parfois terribles aussi. La vie, la mort, l’amour et la cruauté, la peur, parfois l’adulte que nous sommes devenu aspire à retrouver son « ignorance » de certains aspects de la vie. Je pense que les enfants que je dessine sont déjà très lucides face aux cruautés du monde, ce qui explique leurs tourments…

J’ai retrouvé dans votre univers, notamment sur cette vision de l’enfance, certaines similitudes avec les travaux de Nicoletta Ceccoli, éditée elle aussi chez Soleil. Connaissez-vous son travail et est-il source d’inspiration pour vous ?
Je connais en effet le travail très délicat de Nicoletta Ceccoli, je pense que nous avons beaucoup de thèmes en commun, et qu’elle travaille aussi beaucoup sur la mélancolie et les sentiments. Pour ce qui est de l’inspiration, je préfère m’inspirer d’autres domaines que le mien, comme je travaille beaucoup sur les sentiments, la musique est ma plus grande source d’inspiration, puisqu’elle m’aide à ressentir les émotions que je cherche à illustrer. Je pense que ma seule grande source d’inspiration graphique contemporaine n’est pas bien difficile à trouver, puisque son auteur a signé la très jolie préface de mon livre !

Le livre édité par Soleil est au final un superbe objet. Avez-vous, au-delà du graphisme, travaillé ou donné votre avis sur la mise en page, le choix du papier (et de l’effet « ancien » qui lui est donné par le jaunissement des bordures), du format… ?
La collection Métamorphose offre une grande liberté en ce qui concerne le design du livre, j’ai donc pu tout choisir, du papier mat pour un rendu ancien à la couleur du tranche fil. Pour la maquette, j’ai également réalisé tous les éléments de décoration exprès pour le livre, ainsi que l’effet jauni, j’ai bien sûr été grandement assistée pour le montage final, je n’aurais jamais pu tout faire seule !

Au final que retenez-vous de cette expérience et quels sont vos projets à venir ?
Je pense un peu mieux cerner le monde de l’édition à présent, même s’il y a toujours tellement à apprendre, connaître les difficultés techniques qui accompagnent ce genre de livres me permettra d’être mieux organisée à l’avenir. Pour l’instant je reprends le chemin des expositions que j’avais laissé de côté pour me consacré à la jeune Alice, dans l’édition, mon prochain livre sera un artbook, mais je n’en dis pas plus pour le moment !

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La Terre dans un futur indéterminé mais probable. Un monde post-apocalyptique dans lequel seuls des enfants ont survécus. Une mégalopole qui tombe en lambeau détruite par des robots incontrôlables dont le but ultime est d’anéantir la race humaine. Tel est le cadre de S.A.M, une BD qui fera date. Richard Marazano et Shang Xiao, les auteurs de cette série nous livrent l’histoire d’un de ces groupes d’enfants qui essaye de survivre dans cet univers déliquescent. Car il s’agit bien de cela : survivre… toute autre option de vie ne semble pas avoir droit de cité dans cette société. Yann, Ella, Russ, Marco et Cassandre sont les adolescents qui sont mis en avant dans ce récit. Ce sont eux qui sortent des réseaux souterrains pour essayer de trouver les subsistances et les médicaments qui pourront prolonger l’inéluctable. Car dans un tel contexte, le sort de ces ados, semble irrémédiablement en sursis… et la mort la seule fin possible. Pourtant un évènement va remettre cet avenir en suspend. Lors d’une virée hors de la cellule protectrice, Yann se trouve pris dans le champ d’action d’une de ces machines tueuses. Face à face dont la fin ne fait que peu de doute. Et pourtant, la machine détourne son regard et épargne le jeune adolescent. Que s’est-il passé ? La machine a-t-elle bel et bien épargné Yann ou bien a-t-elle été victime d’un bug inexplicable ? Pour Yann, il n’y a aucun doute, la machine l’a épargné. Si telle est le cas, cela remet en cause toute la théorie d’extermination. Mais pourquoi le robot a-t-il agit ainsi ? Yann va chercher à le savoir au péril de sa vie, mais l’enjeu est de taille… Il décide donc de revenir sur le lieu de la rencontre avec le robot dans l’espoir que celui-ci revienne aussi sur ce secteur. La rencontre aura lieu… et donnera l’espoir d’un nouvel avenir possible. Le tome 1 de cette série prévue en quatre volets s’inscrit déjà comme un petit évènement en soit tant il regorge de trouvailles scénaristiques et pose des questions essentielles sur notre avenir à tous. Le dessin de Shang Xiao donne beaucoup de fraîcheur au petit monde de la BD. Il alterne ainsi des personnages au visage « manga » avec des décors très travaillés, dans l’esprit européen, fait d’un luxe de détails soutenus par une mise en couleur qui donne du corps au récit. Une belle réussite dont on attend la suite !

Richard Marazano & Shang Xiao – S.A.M – T1 : Après l’homme – Dargaud – 2011 – 13, 95 euros

Découvrez ci-dessous la bande-annonce de ce premier volet !

 

 

Roman devenu incontournable, Un sac de bille de Joseph Joffo est aujourd’hui traduit en plusieurs langues et s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Travailler sur une adaptation graphique de ce roman culte n’était donc pas chose aisée, car cela supposait d’être à la « hauteur » du récit tout en proposant une adaptation pleine de fraîcheur, capable de réveiller en nous les sentiments qui nous ont accompagnés à la lecture du roman. Si l’on considère que ces postulats sont largement atteints, nous pouvons affirmer que cette adaptation est remarquable à plus d’un titre. Mais revenons à l’histoire. Paris, 1941, rue Marcadet. Deux enfants jouent aux billes. Ils sont frères. Le plus grand se prénomme Maurice, le plus jeune Joseph. Ils sont juifs. Leur père, coiffeur, tient un salon non loin de là. Tout pourrait bien se passer mais la pression nazie se fait de plus en plus forte, aidée en cela par un sentiment anti-juif qui grandi jusque dans la cour de l’école où sont scolarisés les deux garçons. Forcés de porter l’étoile jaune, la vie en France dans un tel contexte semble loin de revêtir, pour Joseph, Maurice et leurs parents, les trois emblèmes majeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité, qui sont à l’origine de l’installation de la famille dans l’hexagone. Le père de Maurice et Joseph sent monter le danger. Une décision s’impose à lui, salvatrice s’il en est : il demande à ses deux enfants de gagner la zone libre dans le sud de la France pour rejoindre leurs frères aînés installés à Menton. Joseph et Maurice vont devoir redoubler de vigilance pour éviter de se faire « découvrir ». Aidé par un prêtre ils échapperont aux soldats allemands en gare de Dax. S’engage alors le périple à travers la campagne à destination d’Aire-sur-Adour pour rejoindre Marseille puis Menton.

Roman d’une force émotionnelle rare, l’adaptation proposée par Kris et Vincent Bailly offre des images d’une puissance et d’une sobriété tout aussi remarquables. Le regard des enfants passe par différents stades, de la joie et de l’insouciance parisienne, à la peur qui gagne lors du périple et au soulagement une fois atteint Menton. La reconstitution de cette époque pas si lointaine est particulièrement soignée, les personnages secondaires possèdent une profondeur et une singularité qui laisse entrevoir tout le travail préparatoire. Une adaptation qui ne peut laisser indifférent par la poésie et la dramaturgie qu’elle renvoie. Incontournable.

Kris & Vincent Bailly – Un sac de billes, première partie d’après Joseph Joffo – Futuropolis – 2011 – 16 euros

 


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