Le samedi c’est désormais deux albums sur lesquels nous portons notre attention. Deux livres qui font l’actualité, deux conseils de lecture, dans une diversité de genre et de format, pour aiguiser la curiosité de chacun, en complément des trois titres présentés le mercredi !
En avril 2016, Casterman initiait, avec Pandora, une revue ambitieuse de bande dessinée (et de fiction) qui devait venir compléter l’offre du marché plutôt couvert par le milieu alternatif et créatif, que ce soit par le biais d’éditeurs (Nicole chez Cornélius ou Turkey Comix chez The Hoochie Coochie) ou de fanzines d’auteurs, dont notamment le superbe Bento dirigé de main de maitre par Pierre Maurel. Pandora ouvre la voie à des dessinateurs déjà installés qui livrent dans les quelques pages qui leur sont offertes de brefs récits précédés d’une petite interview en trois questions. La pagination du bébé est plutôt dense avec 264 pages pour les trois premiers opus publiés. En tout début d’été la collection est venue s’enrichir du quatrième tome. Bien plus lourd que ces trois précédents volets, ce nouveau numéro affiche 392 pages sur la balance pour 47 récits. Avec des signatures de Jean-Christophe Menu, Max de Radiguès, Jean Harambat, Lorenzo Mattotti, Art Spiegelman, Mathias Lehmann qui livre au passage la couverture du numéro, Eleanor Davis, l’une des valeurs montantes de la scène alternative américaine éditée chez Koyama press, Miguelanxo Prado, Noah Van Sciver, Jean-Claude Götting, Thomas Gilbert, Anthony Pastor, Jean-Christophe Chauzy, David Vandermeulen, Xavier Mussat et bien d’autres encore. Des heures de lecture et de plaisir en perspective !
Collectif – Pandora n° 4 – Casterman – 2018
C’est la fin de l’année scolaire dans un petit village croate perdu au milieu de nulle part. Les enfants chantent en classe un hymne composé par le directeur en personne. Puis tout le monde se disperse pour profiter de vacances bien méritées. Parmi eux, Jacob qui rentre chez lui où l’attendent sa mère, qui prépare le repas du soir, et son oncle, venu proposer du travail à son grand frère David. Jacob part alors à la recherche de son ainé qu’il sait passer du temps avec son ami Vanjac. Le titre semble dire beaucoup de ce qui se joue dans ce récit. La famille de Jacob tente d’éloigner David de son ami car les rumeurs sur leur fréquentation et leur rapprochement avivent les conversations. Si le titre « dérange » volontairement, le récit est composé avec extrêmement de pudeur, au travers du regard du jeune Jacob qui ne comprend pas forcément tout l’enjeu de ce qu’il se passe sous ses yeux. Les deux auteurs livrent un message d’une grande force émotionnelle sublimé par un traitement du dessin en noir et blanc qui maintient une tension permanente. Un récit choc.
Zezelj et Paljan – « Les Pédés » – Mosquito – 2018