MaXoE > RAMA > Dossiers > Livres / BD > L’HeBDo, l’actualité de la BD – Les sorties de la semaine du 9 au 16 avri…

L’HeBDo, l’actualité de la BD – Les sorties de la semaine du 9 au 16 avril 2016

Il est question d’espace dans l’HeBDo de cette semaine avec notamment un vaisseau très spécial engagé dans une mission top secrète que personne ne connait, d’une jeune femme capitaine de mission au caractère bien trempé qui intercepte des astéroïdes et les place en orbite autour de la Terre pour le meilleur ou pour le pire. Il est aussi question de l’espace vu de la Terre par nos jeunes marmots, Quentin, Lisa et Rodrigue. L’espace c’est aussi l’univers dans lequel évolue la plantureuse Druuna qui, armée de ses charmes, emporte tout sur son passage. L’espace occupe donc une place de choix mais pas que puisque nous mettons en avant trois récits sombres et tragiques qui prennent corps autour du destin de Jeanne d’Arc, d’une jeune femme qui tente de se venger d’un homme qu’elle a connu et d’un hôpital qui tente de s’imposer comme un lieu improbable de paix au sein du conflit syrien. Et bien sûr il y a encore pas mal de chose à se mettre sous la dent !  

HeBDo 16 avril une

Vaisseau SpécialUn capitaine de vaisseau et deux hommes d’équipage sont envoyés en mission dans l’espace depuis une base secrète. Sur le tarmac à l’approche du départ et alors que le capitaine gagne son poste de commande, le patron himself des opérations, le grand patron vient saluer ses troupes. Mais à peine l’embarquement est-il terminé, qu’il se dit avoir oublié quelque chose… Ce quelque chose n’est autre que l’objet de la mission. Rien de grave s’il en faut, nos hommes vont bien savoir se débrouiller seuls !
Stationné juste au-dessus de la Terre, à une distance qui permet encore de voir les continents réfléchir la lumière du soleil nos hommes vont vivre de belles aventures. Ils se verront percuté par une spationaute pas très futée, auront la chance de voir un gros ver de l’espace aux crocs acérés s’intéresser à leur sort, puis auront la visite sympathique d’un alien joueur qui aime particulièrement l’heure de l’apéro. Tout ce petit monde va vivre une expérience unique dans un vaisseau très spécial au sein duquel ils pourront développer leur humour potache digne de nos nostalgiques années lycée… Ah le bon temps !
Le space opéra décalé est à la mode depuis quelques temps au point de s’imposer comme un genre à part entière. Après Pouvoirpoint et Space Boulettes voici donc Vaisseau spécial, un album à la couverture soyeuse et argentée d’une bonne prise en main. Construit à la manière de séquences vécues par les personnages dans l’espace, l’album développe des gags en une page, en débutant chaque planches par cette vue du vaisseau surplombant la Terre. La teneur des propos développés ici tourne pas mal autour du fameux duo pipi-caca et son dérivé principal le prout, donc pas forcément de la pure élévation intellectuelle mais un vrai sens de la dérision et de l’autocritique. Une belle satire aussi de ces séries, films qui se prennent au sérieux alors que leur contenu reste relativement plat. Un album qui fonctionne et arrive à ses fins !

Yann Rambaud – Vaisseau spécial – Vraoum – 2016 – 14 euros

Lisa de la NasaUne équipe d’astronautes de la NASA dirigée par Lisa est chargée de s’occuper d’astéroïdes qui s’approchent de la terre et de l’un d’entre eux en particulier qui retient toute leur attention. D’après la trajectoire et la vitesse de ce gros rocher flottant dans l’espace, celui-ci devrait entrer dans le champ de vision de la petite équipée avant la fin de la journée. Sauf que celui-ci arrive bien plus vite que prévu au point d’obliger nos astronautes à effectuer une manœuvre d’urgence pour éviter de se faire percuter et de pouvoir très vite accrocher leur grappin dessus. Car la NASA projette de mettre l’astéroïde en orbite autour de la Terre. Malgré la difficulté des manœuvres l’opération est un succès total preuve du professionnalisme et du sérieux des trois membres de la navette spatiale. Un sérieux que perdent pourtant progressivement les deux astronautes placés sous les ordres de Lisa. Sur Terre dans l’enceinte même de la NASA, la vie suit son petit train pépère. Louis le facteur porte son courrier comme à l’accoutumée, le directeur en personne se casse les dents sur ses grilles de mots croisés catégorie « expert », Vincent, le stagiaire poursuit son observation et prend des notes précieuses dans l’optique de sa thèse. Bref la routine, sauf que de bien étranges incidents se produisent au point que le directeur se décide à faire appel au FBI pour mener l’enquête…
Léo Louis-Honoré se plait à construire son petit monde qu’il truffe de plein de gadgets qui ne fonctionnent pas toujours comme ils devraient. Cela commence par le sas d’entrée par lequel passe tout visiteur et qui inflige selon les cas des traitements de faveur aux nouveaux entrants. Il y a aussi ce virtuodôme, dérivé de notre planétarium ou de notre Géode sauf que les hommes et les femmes qui s’y rendent peuvent voir leurs souvenirs enregistrés et retranscrits sur les 200 écrans qui composent le dôme. Et que dire de ce télédoubleur qui permet à un seul homme de se dédoubler à l’infini pour réaliser toutes les tâches de maintenance qui lui sont confiées ? Si le récit développe tous ces aspects techniques qui se fondent totalement dans l’univers que l’on imagine de la NASA, le récit vaut aussi et surtout pour la galerie de portraits que construit le dessinateur, Lisa bien sûr qui reste la plus rationnelle d’entre tous, mais aussi le directeur qui semble toujours de bonne humeur et qui relativise sur tout, si bien que la dégringolade d’événements bizarres qui se déroulent dans ses propres murs ne le touchent pas comme on l’attendrait ou encore cet homme des cavernes qui règne sur le sous-sols du bâtiment de la NASA. Il y a aussi ces seconds rôles qui apportent tous de petits éléments de dérèglement au récit qui développe un humour et une folie qui vont crescendo. Un récit suffisamment déjanté pour nous sortir de nos quotidiens parfois trop bien rôdés !

Léo Louis-Honoré – Lisa de la Nasa – FLBLB – 2016 – 18 euros

Jeanne d'ArcJeanne d’Arc est capturée par les Bourguignons le 23 mai 1430 lors de l’assaut de Compiègne et vendue aux Anglais pour 10 000 livres. Son procès devait laver l’affront des défaites anglaises en faisant de la pucelle non pas cette arme de Dieu pour libérer le royaume de France mais une sorcière qui ne relevait d’aucune légitimité. Elle sera brûlée à Rouen le 30 mai 1431 après une parodie de procès qui devait relever l’honneur anglais. Rouen qui était devenu la capitale anglaise des territoires occupés en France et qui tombera dix-huit ans après la mort de la pucelle. C’est lors de la reprise de la ville et après une marche triomphale sur ses rues pavées que le Roi de France évoque pour la première fois l’idée de réhabiliter Jeanne d’Arc à qui il doit son couronnement et cette idée que la victoire armée des troupes françaises était encore possible. Il confie alors à Jean II Jouvenel des Ursins le soin d’organiser et de diriger le procès en réhabilitation de la pucelle…
Pour sortir du lot des nombreux récits tissés autour du bref mais marquant destin de Jeanne d’Arc il fallait avant tout orienter son propos vers un autre angle d’approche que celui des combats épiques et des victoires symboliques d’Orléans ou de Patay. C’est en cela que le scénario de Jérôme Le Gris possède toute sa force en faisant du procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc le point d’orgue d’un récit qui se veut développer la relation forte de confiance et d’estime qui s’était développée entre la pucelle et le futur Roi de France. Pour cela le scénariste revient notamment sur l’épisode déjà connu de la première rencontre où Jeanne vient à Charles VII sans hésitation alors qu’il s’était mêlé volontairement au milieu de ses hommes de cours. L’épisode moins connus au cours duquel, pour légitimer sa position d’envoyée de Dieu, Jeanne révèle à Charles VII le contenu d’une prière qu’il avait faite à Loches lors de la Toussaint précédente révèle quant à lui ce moment très particulier à partir duquel le futur roi vouera un respect tout particulier à celle qui pouvait renverser l’issue des combats. Au dessin, Ignacio Noé que l’on a vu à l’aise sur d’autres registres, montre sa capacité à s’immiscer dans n’importe quel contexte et notamment le récit historique dans lequel il livre notamment des planches de combats d’une réelle densité. Même si les grands moments de la vie de la pucelle sont connus, dû en partie en la conservation des minutes de ces procès particulièrement détaillés, l’angle d’approche et le traitement graphique immersif de ce récit procure un agréable moment de lecture complété par un dossier historique synthétique qui ouvre le sujet.

Le Gris, Gaude-Ferragu et Noé – Jeanne d’Arc – 2016 – Glénat – 14,50 euros

BotsA une époque bien avancée dans le futur des robots particulièrement évolués se livrent une guerre sans merci pour un but qui semble s’être dilué avec le temps. A l’arrière d’un champ de bataille maintenant déserté, sur un sol désolé, trois robots ont lié leur destin. L’un d’eux prénommé Rip-R est à la recherche d’un module vocal pour War-Hol, un War-bot, qui se voit un brin limité dans ses moyens d’expression après avoir perdu le sien. Rip-R, aidé d’un robot porteur du nom de Snoop-I, trouve le composant manquant et permet à War-Hol, de recouvrer la parole. Suffisamment pour lui demander la raison de sa fuite au combat. Déserteur ? Le War-bot invoque le bug inattendu de sa puce… pas suffisant pour berner notre bon réparateur Rip-R. Alors qu’ils pensaient être seuls, nos trois caisses de métal assemblé sont surpris par un Scavenger-bot, un robot géant chargé de veiller à ce que l’ensemble des War-bot tombés au combat soient bien morts. La fuite semble veine et War-Hol est vite capturé dans les pinces du Scavenger-bot. Il parvient cependant à user (enfin) de ses armes pour le dégommer. Vaincu et tout fumant, le robot géant lâche War-Hol qui tombe en contrebas  et libère de sa carcasse un brin éméchée un être mou et gluant qui pourrait bien être un bébé humain…
Aurélien Ducoudray possède cette capacité rare à se fondre dans n’importe quel contexte. Avec Gueule d’amour, Championzé, Amère Russie ou Young, il nous livrait des récits historiques à forte connotation sociale. Avec Clichés de Bosnie, il nous transportait dans un reportage graphique saisissant dans une Bosnie en guerre. Avec Bob Morane, il s’essayait au récit d’action, alors qu’il jouait des codes de l’anticipation dans Leviathan. Enfin, et pour ne pas être exhaustif, La faute aux chinois lui permettait de se fondre dans le polar social… Bots évolue quant à lui sur un autre registre, dans un monde orienté vers un lointain futur au sein duquel les robots se livrent une guerre sans merci, loin des hommes qui ont visiblement disparus depuis des lustres. Sauf que la donne se voit bouleversée avec la découverte, dans les entrailles de War-Hol, le robot de guerre déserteur, d’un bébé humain. Tout le récit va alors s’organiser autour de ce gamin difficile à comprendre et à domestiquer. Dans la prise en charge de cet être fragile, nos trois robots vont faire preuve d’un humanisme débordant, un peu à contre-nature de ce que l’on pourrait imaginer de la part de robots conditionnés dès leur plus jeune âge, où plutôt dès leur dernier boulon assemblé, à faire la guerre de manière directe ou indirecte, jusqu’à ce que leur puce grille lentement sur le champ de bataille. Les références que place le scénariste dans le récit, que ce soit les références aux pubs ou marques anciennes, aux chansons du siècle dernier (Le temps des 8-bits !) entretiennent et renforcent l’humour omniprésent qui se développe tout au fil de cette histoire attachante. Au dessin Steve Baker, auteur entre autre de La vie en slip chez Dupuis ou des Démons de Dunwich parvient totalement à donner vie aux robots aperçus dans ce premier opus. Il parvient même à plaquer sur chacun d’eux des expressions, des mimiques qui les rendent presque humains. Le lecteur peut se contenter de voir en Bots, un pur divertissement, il peut aussi y dénicher d’autres niveaux de lecture, plus sociaux car l’univers développé dans Bots pourrait, si on s’attache à observer notre société actuelle, bien se rapprocher de cette vision futuriste pas très tendre pour l’homme. Mais là est une autre histoire !

Ducoudray & Baker – Bots T1 – Ankama – 2016 – 10 euros (jusqu’au 31/12/2016 puis 14,90 après

la-belle-absenteUn homme vivote dans son appartement après semble-t-il une séparation qui le transforme peu à peu en véritable larve incapable de surpasser les évènements. D’ailleurs c’est la voix de la femme qu’il a connu qui l’accompagne et le suit tout au long de la journée. Elle constate la déchéance de l’homme qui ne parait pas pouvoir refaire surface. Lorsqu’il sort de chez lui il n’est que l’ombre de lui-même et d’ailleurs, progressivement, presque comme une évidence, l’homme fuit la clarté du jour pour épouser la nuit qui l’enveloppe et l’anonyme. La nuit. Une amante qui le tapit comme un rat, comme un être surfacé qui ne reverra peut-être jamais les raies de soleil qui réchauffent la peau aux premières nuées du printemps lorsque la faune et la flore s’éveillent à nouveau à la vie après un trop long hiver. Mais l’homme reste plongé inéluctablement dans cet hiver de sa vie, bien trop longtemps. Pourtant il a bien tenté de passer un moment chez ses parents pour se faire lover au creux d’un doux foyer. Mais ce qu’il cache au fond de lui, ce qui le mine chaque jour d’avantage ne parvient pas à sortir dans cet environnement qui ne le comprend plus. Un jour pourtant, alors qu’il se fait violence, dans un essai de resocialisation, il tombe sur une jeune femme qui le met en émoi. Une femme qui pourra peut-être ou sûrement lui faire oublier l’autre, celle qui habite ses pensées depuis bien trop longtemps. Cette femme, il va l’aimer, la chérir, lui faire un enfant… Et pourtant malgré ce bonheur en construction, la voix reste toujours prégnante, au point qu’il ne peut définitivement tourner la page… Que s’est-il passé dans la relation avec cette autre femme, pour que l’homme ne puisse oublier ? Et pourquoi cette voix affiche si clairement sa haine et son dégoût de l’homme au point de ne plus lui laisser la possibilité d’avancer de nouveau ?
Dans ce récit qui sonde l’âme humaine Séverine Vidal, Constance Joly et Barroux donnent à voir les difficultés d’un homme à se reconstruire. Habité par la voix de la femme sont il s’est séparée, il regrette aujourd’hui son choix. Rupture banale et somme toute classique ? Le texte de la voix de cette femme pourrait le laisser penser un temps, celui de la rancoeur naturelle. Pourtant au fil des mots, qu’il nous appartient de sonder, le schéma classique se couvre d’un voile de questionnements qui laisse à dire que tout n’est pas si simple. Et de fait tout n’est pas si simple. Dans une construction au cordeau, les deux scénaristes de cette histoire densifie progressivement leur propos pour nous réserver une chute à la hauteur de ce que l’on pouvait imaginer. Le dessin sobre en deux couleurs dont ce rouge envahissant, accompagne la chute de l’homme, sa reconstruction et à nouveau ses doutes. Un récit pas forcément très gai mais assurément très fin, qui repose sur une écriture où chaque mot pèse et participe à révéler des brins de cette histoire passée peu enviable. L’exigence narrative et la capacité du dessin à se fondre dans le récit donne à ce projet une dimension toute particulière…

Vidal, Joly & Barroux – La Belle absente – Les Enfants rouges – 2016 – 16 euros

Freedom Hospital« L’hôpital de la liberté, c’est marrant, comme nom. On dirait que la liberté est malade et que tu as créé un hôpital pour la remettre sur pied ». C’est en ces termes que Sophie, la journaliste venue en Syrie y faire un reportage sur les conditions de vie des civils s’adresse à Yasmine, une jeune femme débrouillarde qui tente, contre toutes les évidences, de conserver un lieu de paix au cœur de l’horreur des combats. Dans les murs de cet hôpital sont réunis quelques-unes des composantes de la société syrienne actuelle. Des opposants à Bachar, un intégriste plongé dans la lecture assidue et compulsive du Coran, un kurde, un alaouite et bien d’autres encore. Tous cohabitent et partagent, avec plus ou moins de tension, leur expérience et leur vision de l’avenir. Mais comment se projeter dans un pays en ruine qui n’offre pas ou plus de perspectives d’avenir ? Au fil des pages les personnages nuancent ou renforcent leur propre vision de la société syrienne, montrant par la même la difficulté de se définir et de dessiner avec lisibilité son propre destin. Dans un pays cerné par Daesh, au sein duquel existe déjà des tensions tenues, entre pro-Bachar et anti-régime, la violence reste pour certain le seul moyen de se frayer un chemin…
Freedom Hospital est le premier album de l’artiste syrien Hamid Sulaiman. Une découverte donc qui vaut pour la mise en perspective de cette société syrienne éclatée par des tensions vivaces qui offrent autant de terreau au radicalisme. L’auteur expose des faits, sans pour autant juger, tout en gratifiant le début de chaque nouvelle scène d’un égrenage terrifiant du nombre de morts : 2 jours et 392 victimes plus tard, cette nuit-là et 34 victimes plus tard, une semaine et 450 victimes plus tard… Si l’album donne à voir en priorité les rapports qui unissent les personnages dans cet écrin du Freedom Hospital, la violence des bombardements, les tirs de snipers terrés dans des immeubles, les exécutions sommaires de l’armée de Bachar sont présenté sans far, dans toute leur crudesse. Des double-pages sans texte, comme des moments figés dans le temps s’arrêtent sur des moments de tragédie, des moments où la vie fragile se trouve emportée. Dans cet univers de violence continue, le Freedom Hospital reste une exception, un pied de nez aux tenants d’une illégitimité de cet espoir qui pourtant habite encore des hommes et des femmes aux destins brisés. L’espoir, peut se voir ailleurs, et d’ailleurs son auteur Hamid Sulaiman a décidé de se réfugier en France pour se reconstruire sans oublier son pays à jamais égratigné dans sa chair. L’auteur tout en présentant le matériel militaire hypersophistiqué qui œuvre sur le sol syrien, donne les indications du pays qui le fabrique, mettant en lumière ce terrible constat qui veut que les nations qui pointent le plus le doigt pour une paix retrouvée sont aussi ceux qui alimentent le plus le marché de l’armement. Si nous le savions déjà, il est important de le rappeler pour ne pas oublier la responsabilité de chacun dans l’auto-alimentation des horreurs. Un album essentiel qui complète superbement La Dame de Damas de Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès publié il y a tout juste huit mois.

Hamid Sulaiman – Freedom Hospital – çà et là/Arte – 2016 – 23 euros

La vie est trop KurtS’il n’avait jamais habité un temps dans ce 14ème arrondissement bien trop calme et bien trop propre sur lui à son arrivée sur Paris, David Snug n’aurait peut-être jamais découvert le très mouvant quartier de la Goutte d’or. Et cela aurait été bien dommage car dans ce 18ème arrondissement ouvert sur le monde le jeune homme barbu à bonnet y réalisera ses premiers concerts de bars, et aura la chance de côtoyer tout un lot de personnages étranges. Mais surtout habiter un tel quartier lui permettra d’aiguiser son sens critique, car il faut bien le dire David à un avis sur bien des choses, et cet avis est souvent des plus tranché. Ainsi chacun en prend pour son grade, des institutions qui permettent à tous ceux qui vivotent avec un RSA de rester chez eux à vivre de leur passion tout en profitant des entrées gratuites ici ou là dont notamment à la piscine qui reste un lieu de socialisation sans pareille, en passant par la RATP, les groupes de rock indie qui renient un brin leur indépendance lorsque leur sont proposés des ponts d’or, le bénévolat, les producteurs, les festivals de rock, les techniques de marketing et bien d’autres choses encore. Le ton caustique qui se détache de ce petit pamphlet qui restera un objet non identifié pour nos douces mamies BCBG du quatorzième arrondissement de Paris, devient un petit opuscule suffisamment subversif pour les autres. Un album qui gratte avec un ton doux-amer sur bien des travers de notre société, et, rien qu’en cela, nous permet d’y adhérer sans demander rien de plus.

David Snug – La vie est trop Kurt – Même pas mal – 2016 – 14 euros

Les astromomesL’astronomie passionne Lisa qui est devenue une vraie experte en herbe de cette riche et complexe science. Quentin quant à lui n’est pas à proprement parlé versé en sciences et encore moins en astronomie. Par contre il voue un véritable culte à notre jeune Lisa qui n’est autre que la sœur de son meilleur ami Rodrigue. Nos trois amis vont se croiser et se recroiser à de multiples reprises. Quentin allant jusqu’à trouver une passion soudaine pour l’astronomie qui pourra sûrement lui valoir de passer des moments agréables avec sa belle. Oui mais voilà Lisa n’est pas du genre à se faire piéger aussi facilement et pour la séduire Quentin devra d’abord se mettre à niveau et vu son retard dans les connaissances de bases de notre univers, ce n’est pas forcément gagné d’avance !
Très bonne idée que de proposer un album qui mêle à la fois une vulgarisation scientifique à destination des plus jeunes et un humour constant pour capter leur attention. Ciblé sur un public 8 – 10 ans, cet album se compose de mini-histoire en une planche qui explore une thématique précise ou une expérience scientifique liée à l’espace. Les deux auteurs parviennent à leurs fins sur un album rythmé qui ne pourra que donner l’envie aux jeunes lecteurs de lire la BD mais aussi et pourquoi de susciter des vocations…

Derache & Ghorbani – Les Astromômes T1 : L’année bulleuse – Vent d’ouest – 2016 – 9,99 euros

AnimaAnima : Une jeune femme dort entièrement nue sur sa couche lorsqu’elle est réveillée par un moustique des plus vorace qui pique son dard dans l’une de ses fesses offertes. Elle décide alors de se lever, enfile un pagne, sort au dehors et se dirige vers un immense oiseau harnaché d’aspect plutôt lourdaud. Elle monte l’animal qui lui sert de destrier et souffle dans un pipeau pour lui indiquer de prendre son envol. L’oiseau s’élève péniblement dans les airs, survole une forêt d’arbres relativement dense et se pose près d’une source d’eau où la belle souhaite prendre son bain. Rien ne vient troubler ce bel agencement des choses jusqu’à ce qu’un reptile agressif décide de jeter son dévolu sur la belle. Un combat perdu d’avance s’engage alors. Le salut de la jeune femme passe par les cris qu’elle laisse échapper et qui attirent à elle un jeune homme armé d’un  poignard qui va jouer le rôle du chevalier servant et occire le malheureux serpent. Une fois vaincue la bête, l’homme et la femme se fixent longuement. Elle offre un regard tendre de remerciement, lui un regard envieux devant la nudité de la belle blonde. Les deux s’isolent un peu sur la terre ferme et l’homme empoigne sa naïade avec tendresse puis avec une violence qui devient vite insupportable pour la femme. Elle se défendra puis sera sauvée cette fois-ci par un fauve qui se rue vers l’homme et le mord à la carotide. Mais dans ce monde sauvage, la tranquillité ne dure vraiment jamais longtemps et c’est au tour d’un monstre hybride de se présenter sur la calme plaine pour envisager un festin à la hauteur de sa faim… Le fauve bien qu’a priori moins fort se jette sur la bestiole dans un combat qui s’annonce épique. La femme en profite pour fuir en s’enfonçant dans la forêt. Elle trouvera refuge dans ce qui ressemble à l’entrée d’un édifice réalisé par une civilisation avancée. Si elle semble échapper au pire, qui se cache dans ces lieux ?

Druuna 1Morbus Gravis : Allongée sur son lit, vêtue sommairement, la belle Druuna parcourt un livre et tente d’en percevoir le sens jusqu’à ce qu’un bruit, venu d’une trappe scellée juste à ses côtés, se fasse soudainement entendre. Il s’agit de Schastar qui n’est autre que son compagnon devenu mutant par une terrible épidémie qui frappe la ville post-apocalyptique dans laquelle ils vivent. Les bruits ne cessant pas, Druuna se décide à ouvrir la trappe pour laisser sortir ce qui reste d’humain de son compagnon. Et pour tout dire il n’en reste pas grand-chose. La forme gluante de laquelle s’échappent des tentacules multiples suffit à comprendre la profondeur du mal. Pourtant, la belle brune garde espoir dans un sérum qui permettrait de guérir, au moins temporairement, de ce virus redoutable. Elle sait où le trouver mais cela suppose de s’enfoncer dans la ville, de risquer de rencontrer d’autres êtres atteint du même mal, ou tout simplement de tomber nez-à-nez avec un de ces prêtres sombres qui déambulent dans de grandes capes qui cachent jusqu’à leur visage. Cela suppose aussi, pour se procurer le fameux sérum, de donner de sa personne, de s’offrir à ce libidineux docteur qui ausculte très profondément ses patientes les plus plantureuses…

Delta : La belle Druuna se beigne entièrement nue dans une mer bordée d’une plage de sable fin, laissant exploser ses charmes divins. Lorsqu’elle s’allonge sur la plage, la brune est rejointe par un homme qui lui demande de s’offrir à lui. Il se nomme Lewis et la jeune femme semble le connaître mais elle ne saurait dire d’où. L’épisode prend fin lorsque Druuna, qui était en réalité plongée en plein rêve, retrouve ses esprits. Elle se retrouve dans cette salle de commande qu’elle avait atteint dans son précédent périple, juste en face de cette tête placée dans un bac de formol qui n’est autre que celle du premier et seul commandant du vaisseau dans lequel est confinée la ville tentaculaire et souffreteuse dans lequel ce qui reste d’humanité a été réunis après la grande catastrophe qui a frappé la Terre. Lewis qui a révélé l’état du vaisseau à Drunna tente de passer un pacte avec elle pour détruire Delta, l’âme du vaisseau engagé dans un acte d’autodestruction. Et sa première mission sera de trouver La Tour du pouvoir où Delta puise son énergie vitale. Ce qui reste de l’humanité est en jeu…

Druuna 2Creatura : Alors qu’ils naviguent dans l’espace sans plus de destination les membres d’équipage d’un vaisseau spatial captent un signal étrange venu de ce qui semble pourtant n’être, à regarder de plus près les instruments de navigation et les ordinateurs de bord, qu’un simple astéroïde. Aussi curieux que cela puisse paraître leur capitaine, un dénommé Will, se voit peu après transporté dans un rêve où il émerge aux portes d’une ville gigantesque et verticale au sein de laquelle il fera une étrange rencontre avec une femme magnifique aux formes voluptueuses du nom de Druuna. Il se laissera guider par son hôte qui l’invitera à lui faire l’amour. Lorsqu’il se réveille, il prend la décision de se lancer à l’abordage du fameux astéroïde…

Carnivora : Alors que Druuna vient d’être transférée dans le vaisseau spatial du capitaine Will, la jeune femme se voit plongée dans un sommeil léthargique. Cet état doit permettre aux scientifiques de l’équipée de pouvoir mener des études poussées sur la belle brune pour découvrir des vérités dans son inconscient. Lorsqu’elle se réveille bien plus tard, le vaisseau dans lequel elle a embarqué et en proie à un terrible mal. Des clones de membres de l’équipage apparaissent avec comme but ultime de semer la désolation tout autour. Dans ce contexte édifiant, il reste difficile de délier le réel de l’imaginaire. Dans ce contexte qui croire ?

Serpieri s’est imposé dans le monde du neuvième art avec l’histoire de Druuna, une belle brune à qui il fait vivre des aventures dans un espace mal défini. Un mélange d’érotisme chic et de science-fiction qui joue sur les dimensions temporelles, les questionnements existentiels, la nature de l’être humain et sa propension à évoluer dans un univers hostile. Druuna impose à chaque planche une beauté foudroyante, armée d’une poitrine généreuse et de formes plus qu’harmonieuses. Elle connait sa capacité à séduire et, s’il elle use de son corps pour arriver à ses fins, sait éperdument que le principal, dans cet environnement où la mort rôde derrière chaque cloison d’un vaisseau monde, est bel et bien de survivre un jour de plus. Dans le monde en désolation qu’il construit, l’héroïne de Serpieri devient un ovni qui attire aussi bien les hommes que les femmes, une certaine idée de la femme qui possède une propension à séduire mais qui ne s’enferme pas pour autant dans un rôle décérébré. Le récit quant à lui possède ses zones d’ombres en raison notamment de ce mélange de réalité, de rêve éveillé et de monde alternatif qu’il construit sans nous en donner toutes les clefs. Les éditions Glénat nous proposent une intégrale luxueuse après les déboires qui avaient privés son auteur de la jouissance de ses droits. Chaque tome nous livre deux histoires complétées d’un épais cahier graphique placé en fin d’album. Un must de l’érotisme enfin disponible et qui ravira anciens comme nouveaux lecteurs !

Serpieri – Anima – Glénat – 2016 – 15,50 euros
Serpieri – Druuna T1& 2 – Glénat – 2016 – 19,50 euros l’un

 


Sur MaXoE, il n'y a PAS DE PUBLICITÉ Par contre, vous pouvez nous en faire sur les réseaux sociaux







Depuis combien de temps lisez-vous MaXoE ?





Chargement ... Chargement ...