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Tower Dungeon de Tsutomu Nihei (Glénat)

Chaque nouveau projet de Tsutomu Nihei peut se voir comme un petit évènement en soi. L’auteur de Blame ! n’est en effet pas le plus productif du pays du soleil levant. En revanche, il possède cette force qui lui est propre de se renouveler sans cesse, tant dans le style graphique que dans les genres qu’il aborde. Avec Tower Dungeon il s’immisce dans une heroic fantasy très singulière…

Ce n’est pas la première fois que je le dis ici : Tsutomu Nihei s’impose à chaque nouveau projet comme le mangaka le plus talentueux de sa génération. Tout d’abord parce qu’il n’hésite pas à revisiter et à requestionner son style sur chaque nouveau projet tout en restant au service de la narration, donc à se mettre constamment en danger. Ensuite car, même si ce style évolue, Nihei conserve une appétence pour le travail sur la matière. Là où il usait d’aplats noirs ou de trames généreuses sur ses premiers projets (Blame !, Abara, Biomega), il développe et expérimente depuis Aposimz la planète des marionnettes, l’usage parfois minimaliste et fragile du trait. Chose qui pour le non initié pourrait paraître plus simple, même si c’est tout l’inverse. Le danger peut aussi se lire dans le souhait constant pour Nihei de ne pas s’inscrire dans un genre – même si son œuvre s’inscrit toujours dans la veine des littératures de l’imaginaire – il aime épouser plusieurs pistes, plusieurs voies, plusieurs terrains de jeu. La SF bien évidemment, le cyperpunk qu’il s’y mêle, la dark-fantasy et sur Tower Dungeon, l’heroic fantasy. Si l’œuvre de Nihei navigue en eaux changeantes, elle conserve aussi des marqueurs forts qui la singularisent. L’architecture, omniprésente dans chaque récit et ce depuis Abara, Blame ! et Biomega, en est l’un d’entre eux et pas des moindres. Elle impose sa massivité et sa verticalité dans des structures qui peuvent fuir au simple regard de l’homme. Ces mégastructures deviennent ainsi des personnages à part entière, tout à la fois détentrices des secrets qui y sont enfouis et enjeux même du récit comme c’est le cas dans Tower Dungeon. Cette volonté de révéler les éléments constituteurs du récit avec parcimonie, la profondeur et les mystères qui singularisent chaque personnage, sont les éléments pivots de l’œuvre du mangaka.

Dans Tower Dungeon, Yuva pourrait très vite être réduit à sa force brute, pourtant le héros s’épaissit à chacune de ses actions et de ses interactions avec les autres personnages. D’ailleurs le récit même masque sa vraie profondeur au point que la lecture de son pitch pourrait détourner trop vite certains lecteurs : ‘Une princesse enlevée qu’il faut sauver dans un énorme Tour qui s’élève au-delà des nuages. Un D&D revisité dans lequel les PJ, Yuva, le colosse, Eriquo, archer et chef d’escouade, et Lilisen, magicienne, vont déambuler de salle en salle, affrontant maintes créatures et maints dragons, pour arriver à leurs fins’. C’est peu sur le papier et pourtant venant de Tsutomu Nihei, nous pouvons nous attendre à ce que les codes soient bouleversés et que la quête épique ne soit qu’une façade… Une saga à suivre, proposée dans deux versions, une classique et l’autre collector avec couverture cartonnée en simili cuir et marquage !

Tsutomu Nihei – Tower Dungeon – Glénat


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