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Une BD sous le bras : Conan le Cimmérien (Glénat)

Série lancée à grand renfort de publicité, Conan le Cimmérien aurait très bien pu ne jamais voir le jour. Jean-David Morvan le dit à sa façon dans les remerciements au premier tome de la série. Il fallait, pour parvenir à crédibiliser cette adaptation en BD, revenir aux textes et faire oublier les films plus librement inspirés de l’œuvre de Robert E. Howard. Donner de l’épaisseur à Conan, en faire le héros désabusé d’un monde de violence dans lequel il tire son épingle du jeu. Un héros qui vit l’instant présent, se laisse guider par son flair, sans attache au passé, sans compte à rendre et avec cette idée que les lendemains ne sont finalement que les espoirs d’un présent pas forcément vécu et apprécier à sa juste valeur. Retour sur un lancement de série bien huilé par les équipes de Glénat !

La reine de la côte Noire

Argos. Cité fortifiée. Conan est devant un tribunal, on l’accuse d’être l’ami, et donc le complice, d’un mercenaire qui a embroché un capitaine de la garde royale. Il faut dire que ce dernier importunait la compagne du mercenaire. Les deux tourtereaux se sont enfuis et c’est notre ami Conan qui se trouve face aux ennuis. Mais revenons donc à ce tribunal. Le juge vocifère des lieux communs sur l’état et la société faisant monter la rage dans le cœur du cimmérien. Ni une ni deux, il coupe la tête du magistrat qui l’énervait bien trop. Ben oui ça se passe comme cela chez les Cimmériens, Conan est un mercenaire et il n’a cure de tous ces discours. Il fuit et arrive à se planquer sur un navire marchand et son capitaine décide de l’employer comme protecteur. Et sur les flots, les dangers sont nombreux, comme ce navire de pirates qui croise leur route et qui va changer la vie de Conan.

L’avis de Tof
Tout y est. Vous êtes à la recherche d’un très bon récit d’aventures mêlant guerres, passion, magie, vous voilà servis. Ce Conan colle plutôt bien à l’image qu’on a de lui, un peu moins bourrin que celui des longs-métrages tout de même. Il va droit devant et il traîne tellement de casseroles qu’il a décidé de faire table rase du passé, il prend les choses telles qu’elles viennent sans se poser trop de questions. Le thème soulevé est donc bien celui de la vie courte dont il faut profiter. La passion qu’il vit avec Bêlit est décrite de manière brute, sans mièvrerie aucune. Le rythme est soutenu de bout en bout rendant ainsi la lecture très plaisante, sans prise de tête. Le plaisir est d’ailleurs renforcé par un trait habile faisant la part belle aux contrastes et aux couleurs.

L’avis de Seb
Les éditions Glénat étaient revenues, l’année dernière, sur une partie de l’œuvre d’un auteur mythique en la personne de H.G. Wells. Aujourd’hui, sous la houlette du scénariste Jean-David Morvan et de Patrice Louinet, co-directeur de la Fondation Robert E. Howard, elles s’immiscent dans l’œuvre du créateur de Conan, le Cimmérien, plus connu de nous par ses adaptations cinématographiques, Conan le Barbare. Avec La Reine de la côte Noire, qui ouvre cette nouvelle série, Jean-David Morvan et le dessinateur Pierre Alary, donnent à voir l’adaptation du récit peut-être le plus connu de Robert E. Howard, celui qui devait inscrire une partie de la légende du héros sans attache, aux côtés de la séduisante et redoutable Bêlit qui écume les mers pour alléger les navires marchands de leurs riches cargaisons. Une histoire d’amour donc sous fond de piraterie, teintée de fantastique avec tous les ingrédients capables de capter le lecteur dans les mailles d’une histoire épique et débridée. Le récit dessiné joue sur ces ingrédients et sur la redoutable beauté de Bêlit. Il met surtout en avant la personnalité d’un héros sans passé, qui avance dans la vie sans se retourner, sans peur non plus de la mort qui guette pourtant au croisement de chaque ruelle ou lieux improbables. Un héros à la bravoure sans commune mesure doté pour autant de pas mal de clairvoyance. Un lancement de série sur les chapeaux de roues !

Conan le Cimmérien – La Reine de la côte noire
Scénariste : Jean-David Morvan
Dessinateur : Pierre Alary
Coloriste : Sedyas
Editeur : Glénat

Le colosse noir

Dans une taverne sombre, entouré de belles filles presqu’entièrement nues et de boissons enivrantes à profusion, Conan se lasse d’attendre que les combats, qu’il livre au sein d’une armée de mercenaires contre les rebelles du désert et les Ophiriens, reprennent. Autant pour se dégourdir les jambes que pour tuer l’ennui. Alors qu’il sort dans une ruelle faiblement éclairée, une jeune femme qui ne ressemble pas aux filles de la nuit entre en contact avec lui. Sur ses demandes insistantes, il la suit et découvre qu’il s’agit en fait de la princesse du Khoraja en personne. Le royaume sur lequel elle veille se voit pris dans les tenailles du roi de Koth, Thugra Khotan, tout proche de faire plier ses armées. Dans un ultime combat pour la survie, la jeune princesse, sur les conseils du tout puissant dieu Mitra, confie les clefs de toutes ses armées à Conan en personne… Un choix discutable qui ne fait pas l’unanimité au sein des généraux du royaume.

L’avis de Seb
Deuxième opus de la série Conan le Cimmérien, Le colosse noir, présente un Conan dans une situation inhabituelle, puisque de simple mercenaire vendant sa force de combat au plus offrant, il devient chef de guerre. Le soldat surpuissant révèle de fait des talents que nous ne lui connaissions pas, dont notamment la stratégie et la patience. Cette adaptation, confiée au duo Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, qui a notamment livré un Roy des Ribauds séduisant et efficace chez Akiléos, tire la sève de cette histoire dès les premières planches, dans cette relecture de l’introduction au récit. On y voit un voleur émérite, Shevatas, déambuler dans la cité abandonnée de Kuthchemes, autrefois détentrice d’une richesse abyssale. Le voleur le sait et, au péril de sa vie, s’aventure toujours plus en avant dans les antiques monuments pour enfin atteindre son but. Tout du moins le croit-il mais son épopée n’aura finalement servi qu’à réveiller Thugra Khotan, le roi sorcier, d’un long sommeil de plus de 3000 ans… Cette ouverture au récit, laisse entrevoir, sur les planches aux teintes ocres, des éléments de synopsis dessinés au crayon qui rappellent la vie dans l’ancienne cité. D’un point de vue compositionnel, cette juxtaposition du présent tendu et du riche passé de la cité fait mouche. S’en suivent des planches d’une grande maitrise narrative sublimées par des héros bien campés et des combats épiques qui laissent exploser les qualités de mise en scène du dessinateur. Des combats où la tension et la rage de l’instant se lit sur des corps et des visages meurtris. Un récit sans accroc dans lequel on se laisse happer sans réserve !

L’avis de Tof
On retrouve la même patte que celle du premier tome. Conan est sans attaches, ou presque, et il s’embarque dans une nouvelle aventure sur un coup de tête. J’ai beaucoup aimé le fait que les auteurs le mettent assez rapidement dans une position de chef d’armée. Il doit justement, cette fois, faire face à des responsabilités qui l’empêchent de n’en faire qu’à sa tête. Il y a aussi une jolie teinte politique avec les conflits entre les généraux de son armée. Evidemment l’action est toujours aussi présente notamment au travers de cette bataille finale très bien mise en scène. Et puis, à la fin de ces pages, on a toujours ce petit gout d’aventure en bouche, vous savez celle que l’on a après avoir regardé un péplum ou l’un de ces vieux films bourrés d’explorateurs. Goût qui nous manque trop souvent.

Conan le Cimmérien – Le Colosse noir
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur et Coloriste : Ronan Toulhoat
D’après l’œuvre de Robert E. Howard
Editeur : Glénat


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