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Japan Expo & Comic Con 2012 : Naoki URASAWA & Masao MARUYAMA / Du manga à l’animé

Deux géants du manga et de l’animé viennent de donner une conférence « Du manga à l’animé » sur la scène Japan Expo. Naoki URASAWA, mangaka de génie auquel on doit notamment Monster, Pluto, Happy !, 20th Century Boys… et Masao MARUYAMA, producteur d’animés et co-fondateur du prestigieux studio Madhouse ont raconté leur rencontre, leur travail, leurs projets… dans une salle bourrée à craquer 

Ils se connaissent depuis très longtemps. Naoki Urasawa raconte, avec une pointe de nostalgie et une réelle affection pour son pair, comment il a fait sa 1ère « rencontre » avec Masao Maruyama en 1969, alors à peine âgé de 9 ans, grâce à « Ashita no Joe ». C’est en 86 que l’homme devient artiste et se prend d’amour pour le dessin.

Du manga à l’animé il n’y a pas qu’un trait de crayon…

Masao Maruyama se remémore ses 1ères collaborations. Lorsqu’ils a commencé à travailler, ils utilisaient une technique très à la mode à cette époque. Révolutionnant le genre, ils sont passés d’un trait HB (crayon moyennement gras) à un trait 2B beaucoup plus gras et épais. « A ce moment là on a enfin pu voir ce que ça donnait comme travail ». Dans un rire ils nous expliquent que cette technique est un peu la même que celle des célèbres 101 dalmatiens où l’on voit les traits de crayons. C’est à travers cette influence que Naoki Urasawa a acheté ses 4B (crayons à la mine très grasse donc très sombre) et commencé à dessiner des sourcils épais « comme ça », avec des crayons noirs. « J’ai encore à la maison, ces cahiers dans lesquels je dessinais quand j’étais petit, mes personnages ont tous des énormes sourcils ! » nous confie le mangaka en souriant. « On a été extrêmement influencés par ces traits typiques qui ont révolutionné l’animé. » poursuit-il. Ils sont de cette génération où les mangas ont été influencés par l’animé. Naoki Urasawa n’avait pas encore fait le lien entre Madhouse et Masao Maruyama, qu’il savait déjà qu’il voulait travailler avec lui.

Un échange nourri avec le public

Extrêmement sympathiques et proches de leur public, les 2 hommes se sont volontiers prêtés au jeu des questions/réponses avec naturel, bonne humeur et honnêteté. Nous vous en avons sélectionné quelques unes. Pourquoi vos œuvres récentes n’ont pas été adaptées en animés ? N. Urasawa : Il y a toujours plein de projets, plein d’idées, plein de choses qui nous viennent. Mais d’ici à ce que cela aboutisse à une collaboration et une sortie animée, c’est très compliqué. Le projet miracle où rien n’a été enlevé, c’est vraiment « Monster ». M. Maruyama : Il y a une raison qui rend difficile l’adaptation des œuvres de Urasawa difficile, c’est qu’elles sont supers longues ! Au japon une saison d’animé fait en moyenne 12 épisodes. Même si on arrive à prolonger, 24 épisodes c’est environ 6 mois de travail et quand on réalise un animé il y a des problèmes de sponsors, d’argent, de savoir si les soutiens financiers vont suivre. Même si les gens veulent le voir en animé, qu’il y a une véritable demande, ça n’est jamais facile de le faire en pratique…. (il s’arrête, semblant avoir expliqué « la » raison, mais sourit et se ravise en poursuivant ndlr) Si, en fait il y a une autre raison ! Il y a plusieurs façons d’écourter un animé. On peut enlever une partie de l’œuvre originale mais l’histoire devient différente du manga. Avec Urasawa ça n’est pas possible, il faut que les adaptations suivent le fil du manga. Voilà pourquoi des adaptations de ses œuvres sont difficiles. L’animation effraie les mangakas, ça ne semble pas être votre cas. Vous auriez envie de devenir réalisateur ? N.Urasawa : C’est vraiment une chance de pouvoir travailler avec quelqu’un d’aussi fantastique que Maruyama. Si il y a une adaptation en animé, je participe, je donne des conseils. J’apporte mon petit grain de sel à une équipe aussi fantastique que la sienne. J’ai envie de créer encore mieux mais en participant, non en réalisant. Mon point fort c’est créer, dessiner des mangas. Il y a des pros pour l’animé. Maruyama me conseille de ne pas venir de ce côté obscure et ma femme me dit « si toi tu passes de l’autre côté en tant que réalisateur, tu laisseras tout tomber, alors ne fais pas ça ! ». M.Maruyama : Un génie de cette dimension (Urasawa ndla) ne doit pas passer dans le monde de l’animé ! Ne pas écrire de manga pendant un an, c’est du gâchis… C’est pour ça qu’il ne doit pas faire ça. C’est quelqu’un de formidable, s’il vient dans le monde de l’animé et qu’il ne revient pas au manga, ça ne sera pas bon. Il doit continuer à écrire des mangas. Vous centrez vos scénarios autour d’intrigues, de complots qui dépassent souvent vos personnages. Qu’est-ce qui vous pousse à vous diriger vers ce style de manga très sombre ? N.Urasawa : On me le dit souvent, c’est vrai. Cependant tout être humain peut être enrôlé, emporté par une organisation, c’est ça aussi qui donne le coté humain. Ça parait sombre mais ce fonctionnement de société est réel. Dans « Monster » il y a aussi quelque chose de très proche du comique. Moi je trouve que « Monster » est une œuvre comique ! (rires)

Pluto, une adaptation en animé qui tient à coeur

Pour conclure, Masao Maruyama fait un point sur sa carrière et les années à venir. Il a 71 ans cette année et ne pense pas continuer plus de 5 ans sans doute. Il y a des œuvres qu’il a vraiment envie de réaliser, dont l’adaptation de « Pluto ». Il précise d’ailleurs qu’il serait bien que la France apporte son aide à ce projet. Mesdames, messieurs les producteurs, à bon entendeur ! « Pluto » est une œuvre plutôt longue. Il faut qu’un épisode soit l’équivalent d’un volume de manga. Masao Maruyama explique qu’il est très difficile d’adapter cette œuvre, qui est très longue et que l’on ne peut couper. Mais c’est un projet qui lui tient vraiment à cœur, et un jour il espère pouvoir dire à Naoki Urasawa : « S’il vous plaît, veuillez nous aider dans cette entreprise ! » Conférence donnée dans le cadre de Japan Expo / 15h30 le vendredi 6 juillet 2012


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