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Focus Polar et Thriller : Le génie Alfred Hitchcock
Le maître incontesté

Après une sélection de polars français et étrangers proposés par Youri afin d’égayer vos soirées, le Focus Polar continue avec un réalisateur habitué du genre. Et c’est un euphémisme puisque Alfred Hitchcock n’a pas fait qu’exploiter le genre du thriller au cinéma, il en est incontestablement le maître, l’ayant quasiment inventé au même titre que son jumeau le suspense.

Soixante ans de carrière. Cinquante-trois longs-métrages. Et presque autant de chef-d’œuvres pour ce génie du 7e art passé aujourd’hui à la postérité. Autant dire qu’il est impossible de résumer Alfred Hitchcock et sa filmographie en quelques dizaines de lignes. Toujours en quête d’expérimentation, le cinéma d’Hitchcock se caractérise par un avant-gardisme constant tant sur le fond que sur la forme, que ce soit dans sa mise en scène, ses choix techniques, son sens du timing, ou les thématiques sensibles qu’il aborde. Quatre éléments essentiels de son art, illustrés par quatre films (il fallait bien faire un choix parmi les fameux cinquante-trois !) que MaXoE – enfin Youri et moi-même – se propose de vous faire (re)découvrir.

Sorti en 1948, La Corde marque la première collaboration entre le cinéaste et l’acteur James Stewart. Basé sur la pièce de théâtre Rope’s End de Patrick Hamilton, le film débute par un meurtre, celui d’un étudiant étranglé à l’aide d’une corde par deux de ses camarades dans leur appartement. Poussant l’acte à l’extrême, les jeunes hommes décident de convier sur le lieu du crime les parents, la petite-amie et le professeur de la victime, dont le corps est toujours caché dans l’appartement.

Incarnation du cynisme absolu – puisque le film décrit des personnages pour lesquels la vie humaine n’a aucune valeur face à la jouissance personnelle du danger, avec ce contraste entre la soirée festive intervenant juste après le meurtre – La Corde est par ailleurs un tour de force sur le plan de sa mise en scène. Au-delà du huis clos lui conférant déjà un aspect très théâtral, le long-métrage a la particularité d’être filmé en un unique plan-séquence. Du moins pour le spectateur. En réalité, le film totalise onze plans, avec des raccords entre chaque tellement discrets que l’on n’y prête pas attention, à moins de se focaliser sur cet aspect (essayez-donc !). Depuis, le plan-séquence s’est largement développé au cinéma. Récemment, le cinéaste mexicain Alejandro González Iñárritu a renouvelé l’expérience du plan-séquence unique (faux évidemment) avec son film Birdman (2015), pour lequel il reçoit d’ailleurs quatre Oscars.

En 1954, Hitchcock propose une nouvelle originalité technique avec Fenêtre sur cour. Coincé dans son appartement de New York à cause d’une jambe cassée, L.B. Jeffries (interprété par James Stewart, à nouveau) reporter-photographe, fait passer le temps en observant ses voisins par sa fenêtre. Il reçoit les visites régulières de son infirmière (Thelma Ritter) et de sa fiancée (Grace Kelly) avec qui les relations sont plutôt difficiles. Un soir, ses observations l’amènent à penser que l’un de ses voisins aurait assassiné sa femme. Tout d’abord incrédules, sa fiancée et son infirmière vont vite se prendre au jeu.

Tout comme La Corde, Fenêtre sur cour est un huis clos. Un huis clos tenant lui aussi son originalité du choix technique de sa mise en scène. Ici, pas de plan-séquence unique mais du champ-contrechamp. Ainsi, l’action du film alterne entre le salon de l’appartement du reporter-photographe, lieu des querelles amoureuses entre James Stewart et la belle Grace Kelly, et les plans sur le voisinage de l’immeuble d’en face. Au début du film, le spectateur, de la même façon que la fiancée et l’infirmière, observe tel un voyeur le voisinage de ce quartier de Greenwich Village à travers l’appareil photo de L.B. Jeffries qui focalise ses soupçons sur l’un de ses voisins. Puis, en même temps que le suspense grandit, le doute s’installe et le voyeur se mue en justicier, à l’image des personnages du film.

 

Deux ans plus tard, en 1956, Hitchcock remake son propre film : L’homme qui en savait trop, sorti dans une première version en 1934. Ayant une fois encore James Stewart pour tête d’affiche, le film tourne autour de l’organisation d’un attentat contre un homme d’Etat.

Illustration d’un sens du timing que le cinéaste maîtrise à la perfection, L’homme qui en savait trop trouve son point d’orgue lors de la scène de l’opéra, théâtre du fameux attentat qui doit avoir lieu au moment exact du coup de cymbales afin d’en étouffer le bruit du tir. De cette simple scène naît un suspense poussé à son paroxysme que peu de réalisateurs sauront retrouver malgré de nombreuses tentatives. À noter que l’avant-dernier Mission : Impossible (Rogue Nation, sorti en 2015), très oubliable par ailleurs, rend hommage à Hitchcock dans une réinterprétation plutôt réussie de la scène de l’opéra.

Enfin, Alfred Hitchcock n’était pas seulement le maître du suspense d’un point de vue technique, il savait également le créer grâce aux thèmes qu’il abordait. Sorti en 1964, Pas de printemps pour Marnie est l’une de ses dernières réalisations. Dans ce film, James Stewart cède sa place à Sean Connery qui partage l’affiche avec Tippi Hedren. Adaptant le roman Marnie de Winston Graham, le film suit une voleuse changeant d’apparence physique au gré de ses méfaits. Embauchée par la société de Mark Rutland, ce dernier ne tarde pas à tomber amoureux d’elle. Un jour, celle-ci s’enfuit, emportant avec elle l’argent de la société.

Bien plus qu’un simple film suivant le parcours d’une voleuse, Pas de printemps pour Marnie explore le suspense à travers le thème de la névrose. De la même manière que Vertigo, ce sont les phobies du personnage de Marnie qui jouent le rôle de l’énigme à percer et qui alimentent l’ambiance de son film. Un film ayant pris les spectateurs à contre-pied lors de sa sortie, ces derniers ne s’attendant pas à ce que le maître du suspense les mette face à un thriller psychologique.


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