Sorti en juillet 2011, Le Sang des Templiers n’est pas un film sur les templiers, mais un film dont le personnage principal est un templier. La nuance ne semble pas sauter aux yeux mais pourtant elle est là.
Un peu d’histoire
Mais commençons par un petit synopsis du film :
En 1215, le roi d’Angleterre, Jean, a été contraint de signer la Magna Carta, un document qui assure la liberté du peuple et constitue désormais la base du droit commun en Angleterre. Furieux d’y avoir été forcé, il lève une armée de mercenaires et commence à piller le pays pour reprendre le pouvoir. Il est sur le point d’atteindre Londres et de remporter la victoire, mais un dernier obstacle se dresse encore sur sa route : le château de Rochester. À l’intérieur, rassemblée par le baron Albany, une petite bande de guerriers rebelles s’est jurée de retenir le roi Jean jusqu’à l’arrivée des renforts. Elle compte un chevalier Templier ; Isabel, la dame du château, mais aussi des mercenaires endurcis comme Beckett et des jeunes soldats tels Guy, qui va goûter à la bataille pour la première fois – et peut-être bien la dernière. Chacun a ses espoirs, ses démons et ses secrets. De part et d’autre de la muraille, les deux camps sont prêts à tout pour l’emporter et l’heure de l’affrontement approche…
Le roi Jean en question est le fameux Jean-Sans-Terre, un des rois d’Angleterre les plus sanglants de l’époque. Ce surnom n’est probablement pas inconnu pour certains (et j’espère la plupart d’entre vous) parce que non content d’être un personnage de nos livres d’histoire, il est aussi le frère de Richard Cœur de Lyon et donc un des personnages de l’histoire (fictive celle-là) de Robin des bois. C’est aussi un des personnages qui ressort le plus du film. Tour à tour impitoyable, violent, sournois, cruel, faible, chacune de ses facettes ne laisse pas indifférent. On ne peut que le détester et juste à la fin avoir pitié.
On ne peut pas en dire autant du personnage principal James Marshall, templier de son état. Ce dernier est rentré des terres saintes en doutant de sa foi (ce qui est souvent le cas dans les films et les livres d’ailleurs). Mais de son tourment, on ne ressent pas grand chose. On apprend au début du film qu’il a fait vœu de silence, mais je trouve qu’il brise ce vœu un peu facilement. Bon, d’accord, son compagnon se fait tuer et le moine qu’il accompagnait a eu la langue coupée avant de mourir. Mais bon… Après son passage aux Terres Saintes, et malgré que sa foi se retrouve chamboulée, rompre un vœu comme ça est un peu trop facile. Et pour un homme de foi torturé, il se retourne facilement contre l’église catholique.
Petit aparté : Le roi Jean « reconquiert » l’Angleterre avec l’accord du Pape. Donc il a l’Eglise derrière lui. Marshall, en s’opposant à lui, s’oppose donc à cette même Eglise catholique.
Le personnage de Marshall n’est pas assez travaillé à mon goût. C’est un bon combattant, je l’admets, et très fidèle vis-à-vis de son cheval (un bon point pour lui), mais il n’a pas de charisme, en dehors de son air de cocker. Avoir l’air malheureux n’exprime en rien ses tourments intérieurs..
De plus, lui rajouter une histoire d’amour est plus que téléphoner. Après sa foi, son vœu de silence, passons à son vœu de chasteté ! Parce que comme tous les templiers, monsieur est chaste. Forcément, la belle, malheureuse en mariage, a eu le coup de foudre pour monsieur et le poursuit de ses assiduités. Et là aussi monsieur ne semble pas beaucoup résister. Tout au plus enchaine-t-il regard de chien malheur sur face de cocker, mais à aucun moment je ne ressens son tourment. Donc pour moi, ces passages étaient vraiment du superflu. Tout au plus servent-ils à contraster avec la violence des combats à côté. Et le pire je pense est la fin typiquement Happy End américaine où il ne reste que peu de survivants mais le couple, lui survit. La victoire de l’amour…
Une histoire de château
Le réalisateur, Jonathan English ne voulait pas spécialement fait un film sur les templiers. D’ailleurs, le nom original du film est Ironclad, ce que le google translator traduit en « cuirassé ». Le truc de Jonathan English, ce sont les châteaux. Et il avait été particulièrement impressionné par la forteresse de Rochester, lieu du film. Cette forteresse a été bâtie au XIIème siècle de façon à être imprenable. Et c’est le récit d’une bataille dans cette forteresse qui a inspiré le scénario de ce film.
Par contre le film n’a pas été tourné dans la forteresse mais dans une reproduction installée au Pays de Galles. Aussi bien l’intérieur que l’extérieur devait ressembler à l’original et cela leur a pris 12 semaines, presque 3 mois, pour atteindre ce but. Et le résultat est plutôt réussi sur la pellicule.
Pas pour les cœurs tendres
Si ce film a été interdit au moins de 12 ans, ce n’est pas pour rien. Les combats ne sont pas de jolis combats esthétiques. Jonathan English a voulu montrer à quoi ressembler les batailles médiévales :
« Très peu de films montrent la réalité d’une attaque à la hache et le fait qu’il faut frapper à deux ou trois reprises. Je voulais montrer ce que ces armes faisaient aux gens. Quand une arme de plusieurs kilos vous frappe à 50 km/h, les dégâts sont terrifiants. Voir en vrai ce que font ces armes, c’est une violence qui n’avait encore jamais vraiment été montrée. »
Mais l’équipe aussi en a bavé. Le tournage a été réalisé au Pays de Galles (juste pour rappel) en automne pour recréer les conditions météorologiques semblables à celles de l’époque. Et l’automne là-bas, ce n’est pas notre petit automne français bien agréable (surtout cette année). Là-bas, ce sont des vents à plus de 100km/h, des pluies torrentielles et interminables. L’équipe a donc pataugée dans la boue, elle s’est brisée le dos contre le vent. Elle a subit ce que les personnages du film ont subi. En pire, même puisqu’ils l’ont monté ce bougre de décors !
Une équipe d’enfer
Jonathan English a en plus fait fort pour son film : aucun grand studio n’a mis la main au portefeuille. Ils se sont débrouillés pour réunir 25 000 000 $ pour financer le film. Sans compter l’équipe qui l’a entouré comme par exemple le chef-opérateur de Mad Max et Pitch Black comme directeur de la photographie et le story-boarder de la saga Jason Bourne. Et ils se sont dégotés 2 caméras 5S par la même occasion (utilisées aussi pour Transformers 2, mais cette-ci mieux utilisées).
Un petit mot sur les acteurs
Je ne vais parler que de 2 acteurs. Cela ne veut pas dire que les autres ne sont pas bons ou pas remarquables, mais ces 2 acteurs m’ont marqué.
Le 1er est le chef des mercenaires danois, Tiberius, interprété par l’acteur tchèque Vladimir Kulich. Cet acteur ne vous est pas inconnu, si toutefois vous avez vu le film Le 13ème guerrier avec Antonio Banderas. C’est lui qui interprétait le chef des vikings. Mais là, dans un rôle inverse : dans le 13ème guerrier il menait la résistance piégé dans un village et là, il mène l’assaut sur une forteresse défendue par une poignée de combattants. J’aimerai bien savoir ce qu’il donne dans d’autres rôles… Son physique est assez impressionnant et dans ces deux rôles (ce sont les deux seuls que j’ai vu), il n’est pas mauvais du tout. Dans Le sang des templiers, je le trouve meilleur que l’acteur principal. Ou peut-être que c’est parce que le personnage principal avait tendance à m’énerver ? :-b
Le 2ème acteur dont je veux vous parler est le personnage principal : James Purefoy qui joue notre « fameux » templier, Marshall. Cet acteur n’est pas un inconnu lui non plus. Sa filmographie compte Chevalier de Brian Helgeland, Resident Evil de Paul Anderson mais aussi et surtout Solomon Kane de Michael J. Bassett (que j’ai beaucoup aimé personnellement). Par contre, je préférais nettement son personnage de Solomon Kane à celui du templier Marshall qui est certes tout aussi torturé mais qui m’apparaît plus pathétique. Bon, je dois avouer que je n’avais pas réalisé que c’était le même acteur qui incarnait les 2 personnages mais personne n’est parfait. ^_^
Pour la petite histoire, James Purefoy a suivi un entrainement particulièrement intense pour Le sang des templiers. Ceux qui ont vu le film ont remarqué son épée, particulièrement impressionnante par sa taille : 167cm. Au vu de sa longueur, vous pouvez vous imaginer son poids qui est conséquent (et non, ce n’était pas une épée en aluminium, bande de mauvaises langues !). Il a donc du s’entrainer pour que son maniement de l’épée soit fluide ; allant même jusqu’à créer des chorégraphies pour les combats.
Pour ce genre d’épée, au vu de son poids, il faut la maintenir en constant mouvement pour gagner en efficacité, en se servant de l’élan qu’elle donne à la personne qui la manie aussi bien que de celui que l’épéiste lui donne. Juste pour info, il y a à Paris un très beau musée de l’armée aux Invalides qui vous montre aussi une très belle panoplie d’armes moyenâgeuses. Toutes plus impressionnantes que les autres et certaines plus impressionnantes que cette épée.
Au final, j’ai beaucoup aimé ce film, même si j’ai trouvé Marshall un peu (beaucoup) fade. L’histoire est prenante l’air de rien, les combats violents et le personnage du roi Jean impressionnant. C’est peut-être celui qui avait le plus de présence dans le film. Le personnage du templier aurait pu être mieux travaillé et son histoire d’amour moins prévisible par la même occasion. Mais c’est un film que je conseille quand même.