En 2001, Chris Colombus réalisait pour le grand écran l’adaptation du premier tome des aventures du plus célèbre des sorciers (parole de moldue !), marquant le point de départ d’une grande saga cinématographique qui a su nous émerveiller durant une décennie.
Hiver 2001. Trois ans après la sortie en librairie du premier tome de la série romanesque signée J. K. Rowling, le grand écran immortalise Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger, personnages dont il est difficile aujourd’hui de dissocier des visages de Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson. Un an auparavant, je venais de dévorer La Coupe de Feu et attendais avec l’impatience qui me caractérise la suite des aventures de mon sorcier préféré. Je ne savais pas à l’époque que cette absence de patience serait mise à rude épreuve puisque L’Ordre du Phénix arriva en librairie une éternité plus tard (et oui, trois ans quand on en a douze, c’est hyper long !). Quelle ne fut pas ma joie d’apprendre que mon attente allait être temporisée par l’arrivée au cinéma de Harry Potter à l’Ecole des Sorciers. Ni une ni deux, je soumets mes parents au sortilège de l’Imperium pour qu’ils m’emmènent voir l’avant-première sans poser de questions.
Deux heures et demi plus tard, je ressors de la salle partagée entre émerveillement et déception. Émerveillée par cet univers magique que j’aime tant, mais déçue par certaines libertés et certains raccourcis pris par le film, me laissant un sentiment d’inachevé (oui, j’étais déjà assez exigeante à l’époque). Ce sentiment ne cessa de m’accompagner à chaque nouveau volet de la saga, à l’exception des Reliques de la Mort – Partie 1 qui, à mon sens, est le film le plus fidèle à la première moitié du roman qu’il adapte.
Mais plus de quinze ans se sont écoulés depuis la sortie sur nos écrans de Harry Potter à l’Ecole des Sorciers, et il s’agit maintenant de prendre du recul sur ma vision d’enfant de l’époque. Oui, cette saga cinématographique passe sous silence certains éléments (parfois malheureusement essentiels) de l’intrigue, mais c’est le lot de toute adaptation. Oui, l’on peut regretter à l’inverse des scènes inutiles – et surtout totalement absentes des livres (Le Terrier incendié dans le 6e film, sérieusement ?) – qui n’apportent rien à l’ensemble si ce n’est remplir le cahier des charges de ce genre de films, à savoir un minimum de spectaculaire. Pourtant, il serait malhonnête de ne pas reconnaître que cette série de films remplit totalement son rôle : celui de divertir tout en respectant les différents messages développés par J. K. Rowling dans ses romans. Par ailleurs, il ressort du visionnage de cette saga la même sensation d’évolution qu’à la lecture progressive des différents tomes. Si les deux premiers films sont clairement à destination d’un public plutôt jeune, le choix de remplacer Chris Colombus par l’univers gothique d’Alfonso Cuarón pour Le Prisonnier d’Azkaban marque le premier tournant vers des volets bien plus adultes.
Progressivement, les films installent de réels enjeux dramatiques, enjeux qui trouvent leur aboutissement dans Les Reliques de la Mort, dont les deux parties n’ont plus rien du conte de Noël que pouvait être L’Ecole des Sorciers. Cette sensation est d’ailleurs amplifiée par la bande-originale des films. Confiée dans un premier temps à John Williams qui se charge de la musique des trois premiers volets, elle passe ensuite entre les mains de Patrick Doyle et Nicholas Hooper avant qu’Alexandre Desplat ne s’en empare pour Les Reliques de la Mort, la réinventant en grande partie et surtout lui donnant une dimension bien plus sombre.
Enfin, il semble difficile de ne pas ranger parmi les qualités de cette saga l’exceptionnelle distribution qu’elle réunit, tant du côté des rôles récurrents que des apparitions plus annexes. Outre le trio que l’on ne présente plus et qui a lancé la carrière de ses trois comédiens, le casting est composé de très grands noms du cinéma irlandais comme britannique : Richard Harris puis Michael Gambon en Albus Dumbledore ; Gary Oldman en Sirius Black ; Maggie Smith (Minerva McGonagall), Daniel Thewlis (Remus Lupin), Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange) et, évidemment, Ralph Fiennes en Voldemort ; Kenneth Brannagh qui a troqué ses costumes shakespeariens pour endosser celui de Gilderoy Lockart (qui se fait remarquer par son absence dans le 5e film) ; sans oublier Alan Rickman « à jamais » Severus Rogue.
Bien que certains regrets subsistent – le manque de développement des Maraudeurs dans Le Prisonnier d’Azkaban, énormément de coupes dans l’intrigue de La Coupe de Feu, l’absence quasi totale des origines de Voldemort dans Le Prince de Sang-Mêlé et le défaut d’indices concernant le véritable rôle joué par Severus Rogue que les romans avaient su distiller – cette série de films est toujours aussi plaisante à revoir, notamment la première partie des Reliques de la Mort qui restitue parfaitement l’errance du trio dans la première moitié du roman, et qui propose une magnifique respiration lorsque Hermione fait le récit du Conte des Trois Frères.
Si l’envie vous prend grâce à ce Focus de (re)voir cette jolie saga (d’autant que la période des fêtes s’y prête), sachez que les huit films sont disponibles dans le catalogue Netflix depuis début novembre. Si c’est pas magique ça !