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Enki Bilal au Musée des Arts & Métiers : Mécanhumanimal

Réfléchir sur le rapport de l’homme à la machine, l’homme-animal qui expose sa bestialité dans la destruction même de ce qui lui assure sa survie. L’homme-machine teinté d’animalité… Peut-être que le mot Mécanhumanimal est né de tout cela, de cette réflexion pas nouvelle d’un auteur soucieux de son futur, de la trace laissée ou à laisser par l’homme. Le Musée des Arts & Métiers expose l’artiste dont l’œuvre interpelle autant que les objets hybrides qu’il conserve en son sein depuis des décennies comme témoignage du savoir humain…

titre MEcan

L.10EBBN001997.N001_BilalExpo_C_FRMême dans les grottes peu éclairées du Paléolithique inférieur l’hominidé a su vaincre ses peurs pour construire les objets, armes et outils capables de répondre à ses besoins primaires. Puis, au fil des siècles l’histoire s’est répétée inlassablement et aux besoins primitifs se sont substituées des envies créatives plus complexes pouvant donner à l’homme une dimension bien singulière. Par le fait qu’il pense par lui-même l’homme se distingue de l’animal. Cette notion a ouvert progressivement des limites sans fin à un imaginaire déjà bien peu bridé. L’homme a ainsi souhaité voler et il vole, il a souhaité se déplacer à une vitesse plus rapide que celle de ses deux jambes et a usé de son génie pour créer de la vitesse, il a voulu calculer plus vite, créer des ponts, des routes, des techniques de construction, d’extraction, d’élévation qui non seulement pourraient lui permettre d’atteindre ses objectifs mais aussi de les repousser sans cesse. L’histoire fourmille de ses inventions qui, à une échelle plus ou moins grande, donna à l’homme les moyens d’améliorer son quotidien. A l’ère de la révolution industrielle le potentiel créatif devait connaitre son apogée, une apogée qui devait pourtant correspondre à un asservissement progressif des uns par les autres car plus la machine se faisait fine et précise, plus elle amenait l’homme-travailleur à une avilissante répétition des tâches. L’homme aurait-il perdu son potentiel de singularisation ? Aurait-il muté, opéré cette fusion avec la machine et tout ce qu’elle peut contenir comme potentiel d’aliénation ? L’homme se serait-il rapproché de l’animal par son abandon toujours plus accru à la machine ? L’homme-mécanique-animal, c’est de cela qu’il s’agit dans Mécanhumanimal, une thématique qui pourrait apparaitre à première vue provocante mais qui recouvre des acceptions plus grandes, placée dans un contexte comme celui du Musée des Arts & Métiers.

La rencontre de l’univers créé patiemment par Enki Bilal et celui du génie de l’homme collecté et présenté par le Musée des Arts & Métiers impose donc une certaine logique. Si l’un parle du passé l’autre se transporte dans le futur en partant tous deux de ce qui fonde notre société à savoir l’Homme. Enki Bilal de par sa réflexion, pas forcément nouvelle, sur la déshumanisation, la guerre, l’aliénation, l’écologie et les grands cataclysmes qui pourraient toucher la Terre, n’alimente pas seulement notre imaginaire mais essaye de penser l’avenir de notre monde connu. D’un certain côté l’auteur pourrait nous paraître pessimiste par sa vision et sa construction de mondes post-apocalyptiques, de l’autre son amour pour l’Homme laisse des lucarnes d’espoir dans son œuvre comme si, même dans ses retranchements les plus obscurs, rien n’était encore perdu. La première partie de l’exposition est consacrée aux passions humaines et se veut une ouverture vers des chapitres plus sombres aux contours moins définis : Animaux, monstres, hybrides ; Rêves de machines ; Conflits ; Planètes. Des espaces qui mêlent des planches extraites de l’œuvre de l’auteur de La femme piège, des toiles originales composées dans le cadre de cette exposition, des films, des équipements numériques divers, des projections de séquences extraites de Bunker Palace Hotel, Tykho Moon et Immortel, ad vitam compilés dans une construction/déconstruction qui est la base de cette exposition. Car tout autant l’œuvre de Bilal évoque ou introduit la réflexion sur tel ou tel aspect, autant Mécanhumanimal se veut une déconstruction de la matière source dans laquelle la logique serait d’entrevoir ce qui peut naître comme nouvel objet hybride de la synergie de l’Homme, de l’Animal et de la Machine. Celui qui décide de se plonger dans cet univers recréé pour nous dans l’Antre du Musée des Arts & Métiers pourrait bien y percevoir une clé, à défaut engager une réflexion sur un/des futur(s) possible(s), là est l’essentiel si ce n’est le but…

Le catalogue de l’exposition, véritable prolongation du parcours muséal joue avec les mots, avec les objets détournés, les déconstructions d’œuvres autrefois contenues dans des 48 ou 56 planches. Il libère de fait sa propre nature qui se consulte comme jeu de piste et proposition possible. Indispensable !

 

Interview d’Enki Bilal pour MaXoE

 

Toutes les planches et dessins qui apparaissent dans la vidéo sont © Enki Bilal/Casterman

Mécanhumanimal jusqu’au 5 janvier 2014

Musée des arts et métiers
60 rue Réaumur – Paris 3e arrondissement
Métro : Arts-et-Métiers (lignes 3, 11) ou Réaumur-Sébastopol (ligne 4) / Bus : 20, 38, 39, 47

Horaires d’ouverture
Ouvert du mardi au dimanche (inclus) de 10 heures à 18 heures.
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h30.
Fermé le lundi, le 1er mai et le 25 décembre.

Tarifs de la visite
Plein tarif : 5,50 € / Tarif réduit : 3,50 €

Renseignements
http://www.arts-et-metiers.net
musee@cnam.fr

Tél : 01 53 01 82 00 Fax: 01 53 01 82 01


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