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Adapter les classiques du fantastique et de la SF : Verne et Rosny Aîné

Ils ont tous deux commencé à publier leurs œuvres dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Tous deux avaient une passion pour les récits teintés de fantastique et de science-fiction. L’un a connu un succès précoce avec un roman devenu culte, Voyage au centre de la Terre, maintes et maintes fois repris au cinéma ou dans des téléfilms de qualité inégale. L’autre fait figure chez les amateurs du genre d’une icône de la SF à laquelle il a donné le nom d’un prix littéraire relevé. Ils inspirent aujourd’hui encore les auteurs de BD dont Emmanuel Roudier et Ludo Lullabi. Bienvenue dans les univers revisités de Jules Verne et J.-H. Rosny Aîné.

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la_guerre_du_feu_2Imaginons un passé lointain, très lointain. Quand les mammouths peuplaient encore les grandes plaines connues de notre globe. La vie sauvage régnait alors comme une évidence et permettait aux plus fortes des espèces d’accroitre leur dominance sur les autres qui devaient soit disparaitre soit se attendre, faute de mieux, que de meilleur temps arrivent. Cette loi de la nature présidait à toute autre. L’intelligence pouvait parfois permettre à celui qui en était doté de renverser des situations compromises. Mais en ces temps préhistoriques encore sombres, peu pouvaient se targuer de son usage et encore moins de son usage à bon escient.

Les Oulhamrs ont laissé le feu mourir. Cet élément mystérieux, capable de chauffer les corps le soir venu, de se protéger de l’agression de fauves ou de diverses espèces carnivores, d’apporter la cuisson des aliments dès lors mieux digérés, avait quitté le foyer principal un soir d’orage pour ne plus revenir. Car si les Oulharms connaissaient les vertus du feu, ils ne le maitrisaient pas. Pour éviter que la tribu ne disparaisse, Faouhm, le vieux chef l’a affirmé, celui de ces guerriers qui parviendrait à ramener le feu se verrait offrir la belle femelle du nom de Gammla. Pour Naoh, le fils du léopard, agile et intelligent, qui avait fricoté avec la douce nièce de Faoumh, participer à ce défi relève de l’évidence. Mais il n’est pas seul à concourir, Aghoo, le guerrier bestial et surpuissant, aidé de ses frères, va se lancer dans l’aventure. Naoh partira de son côté avec deux amis qu’il sait pouvoir l’aider au mieux dans sa quête, Nam et Gaw. Les deux groupes partiront dans des destinations opposées avec l’envie de revenir en vainqueur au sein de la tribu.

Naoh et ses compagnons de voyage suivent depuis trois jours le parcours des Dévoreurs d’hommes, une horde sanguinaire qui détient le feu et le transporte avec elle à chaque étape de son parcours de chasse. Si un moyen de détourner l’attention de guerriers qui veillent le feu à la nuit tombée existe, la perspective d’atteindre le but ultime sera alors bien réelle. Mais le plus dur reste sûrement à faire, car les Dévoreurs d’hommes sont nombreux et puissants. Pour arriver à ses fins Naoh envisagera alors un plan audacieux, celui de passer un pacte, une amitié de circonstance avec le chef des mammouths… Ou comment composer avec la nature, en prenant soin de l’observer, de la nourrir pour qu’elle nous rende la pareille le moment venu…

Emmanuel Roudier nous avait agréablement surpris avec le premier volet de cette adaptation du roman éponyme de J.-H. Rosny Aîne. Il nous offre une suite à la hauteur de nos espérances. La description de la nature sauvage, dans toute sa diversité, parvient à poser un cadre propice à la narration. Ici Naoh et ses amis vont tenter de se jouer d’une tribu pour le moins démunie de neurones. Cette lutte épique, livrée avec rythme dans des décors sublimés par le dessin de Roudier, laisse le suspense se forger pour ceux qui ne connaitraient pas le roman de J.-H. Rosny Aîne ou le film de Jean-Jacques Annaud. Un album qui tient pour son histoire mais aussi et surtout par son traitement graphique qui nous offre du grand spectacle notamment sur ces somptueux panoramiques réalisés en pleine ou double page. La suite est attendue avec une ferveur à peine dissimulée.

Roudier – La guerre du feu Tome 2 – Delcourt – 2013 – 14, 30 euros

 

Retour au centre de la TerreVoyage au centre de la Terre de Jules Verne a bercé nombre de générations depuis son édition par Hetzel en 1864. On y découvre le périple d’un petit groupe de chercheurs désirant se rendre au Centre de la Terre à la suite de la découverte d’un manuscrit ancien qui indiquerait un passage situé sous un volcan islandais. En s’immergeant sous Terre, les protagonistes ne s’attendaient pas à ce qu’ils allaient découvrir et pour cause, un monde inconnu, avec son mode de fonctionnement, ses dangers et ses bêtes étranges qui y déambulent. Mais le récit de Verne pourrait aussi prendre une toute autre forme…

Dilly Ross, célèbre criminelle opère avec deux complices dans les cales d’un bateau lancé sur les océans. Elle y dérobe le contenu de caisses qu’elle espère décharger à la prochaine escale. Mais dans l’une des caisses se cache non pas la marchandise de valeur espérée, mais un passager clandestin en la personne d’un petit garnement d’à peine 10 ans qui pourrait faire déjouer les plans de Dilly Ross. Quelques minutes plus tard le bateau chavire au fond de l’océan et seuls le capitaine Kal, Merry le mécano, Dilly et le jeune clandestin arrivent à échapper au sort qui frappe les autres membres de cette traversée pour personnes friquées. Ils se retrouvent à bord d’un canot qui divague aux grés des flots lorsque soudainement s’offre à eux un paysage ignoré des cartes marines… Une île sauvage à l’aspect bizarre qui pourrait permettre aux survivants d’échapper au sort qui leur est réservé… Si l’ile intrigue la capitaine Kal, les quatre rescapés ne sont qu’au début de leurs surprises, car à partir de ce bout de terre qui s’élève au-dessus de l’océan se cache un monde souterrain insoupçonné…

Revisiter Verne, le pari aurait pu s’avérer de taille pour Ludo Lullabi. Le dessinateur a choisi d’adapter librement le romancier. Il puise ainsi dans son œuvre les éléments fondateurs : monde souterrain inconnu de tous, animaux étranges et bêtes féroces qui s’y cachent, l’idée d’enfermement qui tapisse l’esprit des héros verniens et surtout cette soif d’aventure et d’exotisme. Au-delà Ludo Lullabi construit son propre récit qui possède ses propres rebondissements et sa propre dramaturgie. C’est osé si l’on considère l’aura de l’auteur des Voyages Extraordinaires, mais pertinent pour ne pas juste transposer un récit dont la trame est connue de la plupart des amateurs de récits d’aventures. D’un point de vue graphique, le dessinateur nous en met plein les mirettes. Le monde qui se cache dans les abysses de la Terre s’impose d’une richesse infinie aux potentiels tout aussi vastes. C’est plutôt pas mal amené et donc digne d’intérêt d’autant plus si l’on considère la chute finale en dernière planche qui fait le lien avec le récit de l’auteur de Cinq semaines en ballon ! Et si Ludo Lullabi n’était autre qu’un Jules Verne déguisé qui aurait emprunté la machine à explorer le temps d’H. G. Wells…

Ludo Lullabi – Retour au centre de la Terre Tome 1 – Glénat – 2013 (parution le 27 novembre) – 14,95 euros


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